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La Lettre de ToutEduc n° 43, du 20 octobre 2010

Paru dans La lettre le mercredi 20 octobre 2010.

Au regard de l'Histoire immédiate, telle que l'écrivent les journalistes, l'événement le plus important de ces 15 derniers jours est peut-être la mobilisation des lycéens, qui rejoignent les salariés contre la réforme du régime des retraites. Leur motivation se confond-elle avec celle de leurs aînés? Pas sûr. "Sous les pavés, la plage. Dans les lycées, la rage", disait une de leurs banderoles. Ce n'est qu'un slogan, et il appartiendra aux sociologues, puis aux historiens, ou aux spécialistes des sciences politiques, dans quelques années, d'analyser ce mouvement, et de dire s'il aura été représentatif de la Jeunesse de 2010. Mais admettons qu'il le soit. Cette formule en appelle aux "ancêtres" de 1968, qui prennent aujourd'hui leur retraite, mais pas seulement. Cette génération s'inquiète des modifications d'un marché du travail déjà bien peu ouvert. L'explication est un peu courte. Les lycéens viennent de découvrir le nouveau lycée. On leur avait promis davantage d'individualisation, donc plus de moyens pour lutter contre l'échec scolaire de chacun, et ils voient le nombre des enseignants diminuer sans cesse. Ils ne comprennent pas. Ils se demandent si on ne leur aurait pas menti. D'où "la rage".

L'autre événement que retiendront peut-être les historiens est "L'Appel de Bobigny": les frères ennemis du syndicalisme enseignant, les mouvement d'éducation populaire, les mouvements pédagogiques et plusieurs dizaines de Villes se retrouvent pour jeter les bases de ce que pourrait être un projet éducatif pour notre pays. Ils souhaitent que la prochaine législature voie adopter trois lois, une loi d'orientation et de programmation qui repousse les frontières de l'éducation bien au-delà des murs des établissements scolaires, une loi qui définisse un service public de la petite enfance, de 0 à 6 ans, et une loi qui consacre les projets éducatifs des territoires (pour accéder aux dépêches de ToutEduc, cliquez L'Appel de Bobigny: un service public fort, et des collectivités qui construisent des projets éducatifs et Syndicats, associations, collectivités territoriales réclament ensemble "un grand projet national pour l’enfance et la jeunesse".).

Depuis 1833 et la loi Guizot, depuis le plan Langevin-Wallon, depuis l'allongement, voulu par De Gaulle, de la scolarité à 16 ans et l'ouverture du second degré, l'Etat était éducateur. Depuis 2007, le message est clair: il revient aux familles d'éduquer leurs enfants, l'Etat se contentant de leur offrir un "service" d'éducation. A Tours, les "directeurs de l'Education des Villes" étaient la semaine dernière en congrès. La politique et l'éducation "ayant horreur du vide", ces fonctionnaires territoriaux se sont demandé, non pas à la tribune, officiellement, mais dans les couloirs, s'il ne leur revenait pas de pallier les défaillances de l'Etat. Un jeune sociologue, Jules Donzelot, a eu une belle formule, "au travers d'une cour d'école, on voit la société". C'est dans le détail des aménagements, lequel revient aux décideurs locaux, que se dessine un rapport au monde: ce n'est pas le même dans un espace vide, facile à surveiller, que dans un lieu aménagé, où se côtoient un jardin potager et un terrain pour jeux calmes. Il sera différent dans la cour bien fermée d'une école sanctuaire, ou dans celle qui devient jardin public le soir et en fin de semaine... Les communes ont, incontestablement, la possibilité "d'impulser la coopération éducative", selon la formule d'Yves Fournel, ajdoint au maire de Lyon et président du Réseau français des "Villes éducatrices", mais il revient à l'Etat de donner le cadre de l'action, et de donner aux collectivités la possibilité d'agir (cliquez Ce qu'attendent les directeurs de l'éducation des Villes, [#2568] et ANDEV: les Villes ne peuvent prendre la place que l'Etat n'assumerait pas en matière d'éducation).

A Dijon, deux chercheurs ont analysé le fonctionnement du PRE, le projet de réussite éducative: ils constatent de grandes disparité au sein d'une même agglomération, et concluent à la nécessité de s'interroger "sur la spécificité de chaque dispositif et sur l’articulation nécessaire entre l’école et les collectivités locales". Jean-Marie Bockel, secrétaire d'Etat à la Justice, organisateur des "assises de la prévention de la délinquance des mineurs" (Assises de la prévention de la délinquance: adapter les textes existant, selon J-M Bockel.) dit-il autre chose quand il affirme que "tous les professionnels en charge de la jeunesse doivent s'unir" et qu'il faut "faire de la prévention de la délinquance des mineurs une cause nationale"? Son propos était complété par celui du directeur de la Protection judiciaire de la Jeunesse, Philippe-Pierre Cabourdin, qui met en garde: "à force de dire que la délinquance est l'affaire de tous, elle risque de n'être l'affaire de personne". Il revient, estime-t-il, à la direction de la PJJ de donner "une impulsion", de promouvoir "des projets qui peuvent être portés par d'autres acteurs, notamment les mairies". Encore faut-il que l'Etat soit cohérent: le directeur de la PJJ estime que les deux lois votées simultanément, le 5 mars 2007, sur la protection de l'enfance (signalement pour un commentaire) et sur la prise en charge des mineurs délinquants, se sont "superbement ignorées". "Il s'agit de les réunir dans l'intérêt des enfants."

Et si, dans l'ombre des grèves et des manifestations, avec des formulations diverses et des hésitations, nous voyions se dessiner l'amorce d'un consensus sur le rôle des divers acteurs de la puissance publique? Essayons d'être optimistes, en ces temps difficiles.

Voici une sélection des autres informations disponibles sur le site de ToutEduc.

LE SYSTEME SCOLAIRE

Le système scolaire est marqué par une décision silencieuse, la réorganisation de la toute puissante DGESCO, la direction générale de l'enseignement scolaire, qui intègre les TICE à son service "pédagogie" (Au JO des 9 et 10 oct.: la DGESCO, la PJJ). Elle va suivre de plus près les innovations, et baptise officiellement "sous-direction du socle commun" la structure chargée des écoles et des collèges. Il faut certainement voir là plus que des symboles. Cela n'empêche pas la suspicion: les syndicats dénoncent les "motivations cachées" de la consultation sur les rythmes scolaires (ZEP, RAR, RRS, CLAIR: Luc Cédelle s'inquiète des intentions politiques que masqueraient ces sigles): pour y voir clair sur la question, il faut peut-être aller au Québec, ou du moins sur le site de son ministère de l'éducation: il y propose un dossier très complet sur une question qui agite de nombreux pays (Rythmes scolaires: un dossier très riche proposé par le ministère ... québécois de l'éducation). A noter qu'une autre "guerre" trouble des grandes plaines canadiennes: le privé a-t-il droit aux mêmes aides que le public? (Privé/public: Le Canada débat la question des subventions.).

Luc Cédelle (Le Monde) se demande si la multiplication des sigles " ZEP, RAR, RRS, CLAIR", auxquels personne ne comprend plus rien, ne prépare pas la fin de l'éducation prioritaire (ZEP, RAR, RRS, CLAIR: Luc Cédelle s'inquiète des intentions politiques que masqueraient ces sigles). Il n'est pas le seul à se le demander (Quel avenir pour l'éducation prioritaire? l'OZP s'interroge). Ce ne sont pourtant pas les inégalités territoriales qui manquent, à en croire le nouvel atlas de l'Education en France, oeuvre de deux géographes qui ont repris les statistiques officielles, mais n'en ont pas tiré les mêmes conclusions que l'administration... (Un atlas de l'Education en France, un regard critique sur les inégalités territoriales). Quant aux inégalités sociales, elles se creusent, le niveau baisse à l'école primaire (Le niveau baisse à l'école primaire (DEPP)) et près de la moitié des collégiens n'ont pas tiré grand profit de quatre années d'enseignement des mathématiques (Mathématiques: 44% des collégiens n'ont pas vraiment acquis les compétences attendues au collège).

LES ETABLISSEMENTS

La vie des établissements scolaires sera-t-elle bouleversée par la création des "préfets des études"? A quoi correspond cette nouvelle fonction? Quelles idées le politique a-t-il "derrière la tête"? Les CPE (les conseillers principaux d'éducation) se demandent si ce n'est pas une remise en cause de leurs fonctions qui se prépare, au profit de certains enseignants (Préfets des études: les CPE y voient une mise en cause de leur fonction). Quoi qu'il en soit, on peine à comprendre, d'autant que l'administration n'est manifestement pas très à l'aise sur le sujet (Préfet des études: L'"incarnation" du programme CLAIR?). 

Autre sujet d'inquiétude, les "établissements de réinsertion scolaire", voulus par Nicolas Sarkozy: dans son ancien département, le collège qui doit en accueillir un prend très mal l'oukase de l'inspecteur d'académie (Reinsertion scolaire: un collège refuse d'accueillir ce dispositif). 

Pour les collèges les plus dégradés, le texte qui permet à l'ANRU de distribuer 40 M€ a été publié (Collèges dégradés: le détail du texte qui permet à l'ANRU de distribuer 40 M€ (Localtis)).

LES ENSEIGNANTS

Les médias se font l'écho des déboires des jeunes enseignants, qui débarquent sans formation, et avec un temps plein devant leurs élèves (La rentrée d'une enseignante sans formation: un témoignage sur France-Culture et Enseignants stagiaires: Marianne lance un appel à témoignages pour deux exemples), en se gardant bien de rappeler qu'ils ont, pour certains, sonné la charge contre les IUFM, et qu'aucun pays n'a trouvé de formule satisfaisante pour la formation des enseignants, qui ont besoin à la fois de conseils pour entrer dans le métier, et des concepts qui leur permettront quelques années plus tard de remettre en cause leurs pratiques. Seuls trois ou quatre cantons suisses auraient résolu la quadrature du cercle (Le métier d'enseignant peut-il s'apprendre? (un dossier de l'INRP)).

L'Education nationale a créé, il y a de cela quelques années, la fonction de "professeur référent", sous les sarcasmes et dans la plus totale improvisation. Pourtant, selon l'Observatoire des zones d'éducation prioritaire, un nouveau métier s'est, ici ou là, inventé. Mais n'est-on pas en train de passer par profits et pertes les aspects positifs de cette innovation, qui ne serait plus à la mode (L'amertume des professeurs référents (OZP))?

La discussion sur le budget 2011 va commencer. Où iront les crédits pour les formations, les remplacements, et les secondes carrières des personnels de l'Education nationale (Famille/jeunesse: où iront les crédits d'insertion et de solidarité en 2011?) ?

Une enseignante contestait sa note: le Conseil d'Etat rejette sa requête, et détaille la procédure à suivre pour éviter les contestations (Notation des enseignants: une décision du Conseil d'Etat détaille la procédure à suivre).

PETITE ENFANCE

Qui a dit que, la scolarisation des "2 ans" n'étant plus à l'ordre du jour, les "lieux passerelle" entre crèches et écoles maternelle n'avaient plus lieu d'être? De nombreuses villes tentent de préserver ce "sas" qui prépare l'enfant à être accueilli parmi une trentaine de congénères, on n'ose écrire de "copains" ([#2568]). 

Les "jardins d'éveil" constituent-ils la solution? Ils semblent avoir du mal à se mettre en place, et une demande adressée aux directeurs des Caisses d'allocations familiales, perçue comme une incitation à leur financement, fait débat (Jardins d'éveil: une demande faite aux CAF pour facilier leur mise en oeuvre accélère le débat.).

Et si la petite enfance était un investissement? L'Ontario a fait ses comptes (4-6 ans: L'Ontario lie accueil de la petite enfance et politique d'emploi.)

PROTECTION DE L'ENFANCE - JUSTICE DES MINEURS

Autre "investissement" rentable, la prévention de la délinquance, estime le Centre d'analyse stratégique, organisme gouvernemental qui détaille, pour ToutEduc, les mesures à prendre, notamment en matière d'aide à la parentalité (Prévention de la délinquance: Ce que le Centre d'analyse stratégique (CAS) préconise. (interview)): elles sont assez différentes de celles qu'envisagent le Gouvernement et le député Ciotti (Assises de la prévention de la délinquance: adapter les textes existant, selon J-M Bockel.) . A signaler un dossier du Journal du droit des jeunes sur le sujet (Protection de l'enfance: s'appuyer sur les familles (Revue du droit des jeunes)).

Plusieurs questions, certaines sans réponse, sont apparues dans le débat. Y a-t-il "explosion" de la délinquance des mineurs, et notamment des filles (Délinquance des filles: une "explosion" mise en cause)? Pas sûr. Y at-t-il explosion du nombre des mineurs soumis à des dérives sectaires (Publication du guide sur "la protection des mineurs face aux dérives sectaires": zoom sur l’éducation.)? La réponse est, malheureusement, dans la question. Le juge des enfants doit-il avoir une double compétence, et punir en même temps qu'il protège (Juge pour enfants: pourquoi sa compétence civile doit être maintenue. (Tribune du Monde)) ?

Le projet de budget 2011 permet de voir quels objectifs sont assignés à la Protection judiciaire de la Jeunesse (Les objectifs de la PJJ (budget 2011))

 TERRITOIRES

Fadela Amara annonce la reconduction de la "réussite éducative" et la réforme de la géographie prioritaire ([#2533]), mais les objectifs annexés au projet de loi de budget manquent d'ambition (Réussite éducative: des indicateurs décevants (budget 2011)).

La question de l'Education entre en débat sur le terrain, et Angers organise des "assises locales" (ici). 

Départements et Régions ont dû intégrer à la fonction publique territoriale des agents des collèges et lycées: il est temps d'en faire le bilan (Agents techniques des collèges et lycées: Un bilan de leur intégration au sein des collectivités territoriales.). 

Quant aux Villes, elles procèdent depuis longtemps à l'inscription des enfants à l'école, mais certaines n'ont manifestement pas encore le bon mode d'emploi: la CNIL vient d'épingler une commune qui cumulait toutes les erreurs possibles (Inscriptions scolaires: la Cnil épingle une commune). 

Le site Localtis a récemment proposé un point sur le programme "Comenius Régio" et la sélection de plusieurs projets français (Comenius Régio: plusieurs projets français sélectionnés (Localtis)).

PEDAGOGIE

Le projet de loi de budget pour 2011 est aussi l'occasion pour le ministère d'afficher ses ambitions et d'annoncer quels progrès feront les élèves cette année (Résultats des élèves: les ambitions du ministère (PAP 2011)). 

L'Ecole parviendra-t-elle à réduire les écarts de réussite selon les catégories socio-professionnelles, dont les résultats au brevet des collèges confirment l'importance (Brevet des collèges: confirmation des écarts de réussite selon les catégories socio-professionnelles) ? Faudrait-il, pour cela, augmenter le nombre des heures de cours (Une heure de cours en plus améliore-t-elle les résultats scolaires? (recherche anglaise)) ?

En tout cas, les personnels de l'INRP ne comprennent pas la ligne budgétaire qui concerne leur institut, alors que celui-ci doit être intégré à l'ENS ([#2555]). 

Et si les différents personnels travaillaient mieux ensemble? En Belgique, la lutte contre le décrochage scolaire est l'occasion de promouvoir une méthodologie de la coopération (Décrochage scolaire: La Belgique pose les cadres d'une réponse "rapide". (Rapport)). En France, une revue scientifique examine comment orthophonistes et enseignants peuvent travailler ensemble ([#2546])

PERISCOLAIRE

Le projet de loi de finances 2011 confirme une relative stabilité des subventions qui seront versées aux partenaires locaux de l'Education nationale (Loi de finances 2010: Quels crédits seront versés aux partenaires locaux de l'Education nationale?), mais les associations "partenaires de l'Ecole publique" n'en estiment pas moins leur "situation insupportable" (Les associations "partenaires de l'Ecole publique dans une "situation insupportable").

A Evreux se prépare la 6ème édition du Festival national du film d’éducation, avec des cinéastes prestigieux ([#2542]). 

L'éducation, à l'école, dans la famille ou au centre de loisirs, implique la transmission de valeurs. Une thèse examine les processus à l'oeuvre (Famille, école et centre de loisirs: Comment les enfants s'y approprient-ils des valeurs? (Recherche)). Elle transmet aussi une culture. Mais peut-être faut-il se préoccuper des attentes des jeunes? Une recherche européenne fait le point (Culture: Quel accès pour les jeunes? (étude européenne).). Quant au sport, il est également porteur de valeurs, et devrait jouer un rôle important dans la socialisation des filles et garçons. Ce n'est pas toujours le cas (Sport dans les cités: Son rôle sur la socialisation des filles et garçons. (Revue des Cémea)).

PARENTALITE

A quelles conditions l'autorité des parents contribue-t-elle à prévenir les violences scolaires? Les pédiatres américains ont mené l'enquête (Violences scolaires: Le type de discipline dans les familles en question. (recherche)). 

Le projet de loi de finances 2011 précise où iront les crédits d'insertion et de solidarité pour la Famille et la Jeunesse (Famille/jeunesse: où iront les crédits d'insertion et de solidarité en 2011?).

ORIENTATION - INSERTION

L'apprentissage n'est peut-être pas la panacée qu'on a décrite: la crise n'épargne pas les apprentis à la recherche d'un premier emploi une fois leur diplôme en poche (Apprentis: deux sur trois ont un emploi 7 mois après leur sortie de formation). S'adressent-ils aux Missions locales, dont l'IGAS (l'inspection générale des affaires sociales) préconise la réforme (Missions locales: L'Igas préconise leur réforme.)?

Peut-être serait-il temps qu'en matière d'orientation intervienne une harmonisation européenne des données (Orientation et formation jeunesse: Vers une harmonisation européenne?) ?

Selon une enquête d'Eurostat, les trois quarts des jeunes (18-24 ans) vivent encore chez leurs parents (Logement des 18/24 ans: 71% des femmes et 82% des hommes vivraient chez leurs parents (Eurostat).). Est-ce une situation propice à leur insertion?

 

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