Préfets des études: les CPE y voient une mise en cause de leur fonction
Paru dans Scolaire le jeudi 14 octobre 2010.
Le programme CLAIR a officialisé, "sous couvert de l’expérimentation", la création de 105 "préfets des études" et l'ANCPE (Association nationale des conseillers principaux d'éducation) s'en inquiète dans un texte qu'elle a fait parvenir à ToutEduc. Elle constate en effet que la circulaire qui crée cette fonction (publiée au Bulletin officiel au mois de juillet) prévoit que les CPE ne peuvent prétendre l'occuper que si "l’enseignant à qui cela a été proposé prioritairement, refuse", alors que "les missions décrites sont en grande majorité celles des CPE". L'association professionnelle s'indigne: "Une telle négation de notre fonction, de notre existence et de nos compétences n’a jamais été atteinte et nécessite notre engagement dans l’action". Elle ajoute: "Il y a encore peu de temps le seul vocable de 'préfet' aurait suffit à faire s’élever les voix des intellectuels de notre pays. Sa connotation archaïque et ambigüe aurait été brocardée au-delà des médias (...) mais ce temps semble révolu."
Elle en appelle donc à des "intellectuels-porte-drapeaux", Philippe Meirieu, Marie Duru-Bellat, François Dubet notamment, "pour essayer de porter plus en avant le débat". Pour elle en effet, la création du "préfet des études" s'inscrit dans un contexte de "dérégulation massive" du système éducatif et d'un "changement de paradigme [qui met] à mal sa cohérence, son sens" et qui remet "en cause la place de chacun de ses acteurs, y compris celle des élèves". Quant aux CPE, "ils sont harassés, découragés, abandonnés (comme beaucoup d’autres catégories de personnels) par un Etat qui n’a pas le courage de dire clairement qu’il a déjà vendu leur fonds de commerce et avec lui, une égalité républicaine qui devenait de plus en plus pesante".