Un atlas de l'Education en France, un regard critique sur les inégalités territoriales
Paru dans Scolaire le jeudi 07 octobre 2010.
Jusqu'au début des années 2000, les politiques voulaient "donner plus à ceux qui avaient le moins". Depuis, "le discours a changé, les orientations nationales transfèrent sur les élèves la responsabilité de leur parcours scolaire au nom de 'l'égalité des chances' (...) comme si [l'Ecole] devait devenir un banal service à la personne". C'est l'une des conclusions de l' "Atlas des fractures scolaires".
Synthèse de données officielles (ministère, CEREQ), mais aussi des travaux de la recherche, cet ouvrage court (80 pages) donne une image de notre Ecole assez différente de celle de la DEPP (service statistique de l'Education nationale) qui publie d'ailleurs de moins en moins. Les auteurs, professeurs de géographie sociale (CAEN-CNRS), ont une vision plus politique, mais aussi davantage marquée par l'approche territoriale du système d'enseignement. Ainsi, à partir de données des "Repères et références statistiques" publiés par le ministère, la carte des lycées révèle les "inégalités démographiques, économiques, sociales ou culturelles" des départements. Certaines académies sont "très attractives" et dans d'autres (Corse et DOM), le corps enseignant n'est pas stabilisé, et les dépenses moyennes par collégien faibles. Les options rares recrutent majoritairement parmi "les groupes sociaux aux pratiques culturelles et linguistiques développées". Paris connaît une "forte propension des élèves" à passer du public au privé (et retour) tandis que la Manche ou la Dordogne se caractérisent par "une sur-représentation" de latinistes...
"Atlas des fractures scolaires en France", Patrice Caro et Rémi Rouault, Autrement, 80 p., 17 €