Préfet des études: L'"incarnation" du programme CLAIR?
Paru dans Scolaire le jeudi 07 octobre 2010.
Dans une tribune donnée par le Monde, Christian Vitali, formateur IUFM, avait regretté une certaine indéfinition des missions du préfet, évoquant un "acteur hybride, mi-adjoint, mi-conseiller d'éducation, doté de toutes les fonctions du conseiller d'éducation mais intervenant au nom de la direction". Trois échos du terrain tendraient à consacrer sa fonction dans le cadre d'une certaine autonomie des établissements, et la difficulté attenante de donner des contours à cette nouvelle fonction.
Au collège Camus de Bruay (près de Béthune), où professeurs et parents s'étaient émus de la violence qui régnait dans l'établissement en manifestant dans les rues, l'académie vient de nommer un préfet des études, "après avoir répondu en envoyant l'équipe mobile de sécurité", précise un article du quotidien La Voix du Nord, signalé par l'OZP, qui présente les nouvelles missions du préfet dans ce collège qui a intégré fin mai le dispositif CLAIR -collège lycée ambition innovation réussite.
On apprend que le nouveau préfet "enseignait ici l'anglais depuis une dizaine d'années", et qu'il a pris cette fonction "après avoir postulé". Il aurait déjà eu à intervenir au sein de l'établissement, dans l'urgence, sans avoir reçu sa formation: " La fiche de poste, la lettre de mission comme la formation suivront", précise le quotidien. Le nouveau préfet aurait déjà, selon la Voix du Nord, attribué la responsabilité d'une ou deux classes à des assistants d'éducation, en relais des professeurs principaux. "Cette réorganisation a permis de renforcer la présence des adultes aux moments-clé, comme la récré ou les interclasses".
Le climat de l'établissement est brossé par l'article: Sur les 17 classes, la moitié aurait eu droit en 2009-2010 "à un rappel à la loi par l'équipe mobile de sécurité, renforcée par un référent du commissariat". L'autre moitié devrait être sensibilisée à la loi et au réglement en 2010-2011, via une expo et des débats "auxquels seront invités les parents leur permettront de s'associer à la démarche".
Pour le principal de l'établissement, le préfet serait "l'incarnation" du programme CLAIR: "Il est adjoint au chef d'établissement dans le domaine de la pédagogie et joue un rôle fondamental pour la vie scolaire. Il est l'autorité à l'écoute des élèves pour le quotidien comme pour des faits plus graves".
Autre son de cloche, donné par le quotidien La Croix: Dans les Yvelines, au collège de Trappes, établissement CLAIR, c'est le CPE qui aurait endossé pour 2010-2011 le "costume" de préfet des études. Le principal expose sa conception de cette mission: Le suivi des élèves, de leur entrée en sixième à leur arrivée en troisième; et une position de médiateur entre les familles et les enseignants ("Il peut décrypter le discours de professeurs principaux pour des parents qui ne maîtrisent pas toujours le français"). Précisons que le rôle du suivi des "cohortes" est traditionnellement l'une des attributions des CPE responsables de niveaux.
"Pas de papier sur le préfet", regrette enfin un journaliste du quotidien La Voix du Nord dans un article du 7 octobre. "Dans notre édition du 10 septembre, nous vous annoncions la mise en place d'un préfet des études dans trois collèges (Louise-Michel, Levi-Strauss et Verlaine). (...) Le rectorat ne souhaite pas répondre favorablement à notre demande d'interview de l'un de ces préfets lillois (amenés à s'occuper de la vie scolaire dans des établissements 'à difficultés') et préférant nous orienter vers celui installé dans un collège tourquennois, dont le nouveau dispositif serait 'plus abouti'."