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La Lettre de ToutEduc n°207

Paru dans La lettre le mercredi 09 avril 2014.

Transférer et photocopier nuit gravement à la santé ... de la presse *

La Lettre de ToutEduc n°207, du 9 avril 2014

A LA UNE. Les premières déclarations du nouveau ministre de l'Education nationale, et le discours de politique générale du Premier ministre, dont chaque mot est soupesé comme autant d'oracles à décrypter, ne doivent pas masquer d'autres informations publiées cette semaine. C'est ainsi que "le mode d'emploi" du "palmarès" des lycées révèle des inégalités structurelles entre établissements.

A noter plus particulièrement cette semaine l'audition de Philippe Meirieu par les députés de la mission "Ecole-Parents", un congrès du SNES sans débats houleux, un rapport important sur les EREA, ces établissements méconnus et mal utilisés, l'audition du directeur de l'ESPE d'Aix-Marseille...

Des informations à retrouver ci-dessous, si vous ne les avez pas reçues "en temps réel" (ici). L'analyse porte, après les interventions d'Antoine Prost, Claude Thélot et Pierre-Yves Duwoye sur les conditions d'un débat préalable à toute réforme du système éducatif.

POLITIQUE

Rythmes scolaires: le cadre réglementaire sera assoupli, annonce Manuel Valls (lire l'article)

Les premières déclarations de Benoît Hamon : "ma priorité, la lutte contre les inégalités" (lire l'article) ; "j'essaierai de m'inscrire dans les pas" de Vincent Peillon, "un grand ministre" (lire l'article).

L'éducation prioritaire préfigure "toute l'Ecole de demain", estime B. Hamon (lire l'article). Il n'abandonne aucune réforme, s'agissant notamment des rythmes scolaires, se pose comme le gardien de la priorité à l'Education et conserve le directeur adjoint du cabinet de V. Peillon (lire l'article).

La place de l'éducation dans le programme gouvernemental (lire l'article).

Nominations de Benoît Hamon : les réactions du SNETAA, de la FCPE, du CRAP. Création de l'ORTEJ (lire l'article) de la FCPE, de la FEP et du SGEN-CFDT, du SNALC, du SNPDEN (lire l'article).

LE SYSTEME SCOLAIRE

Peut-on réformer l'école ? Les réponses d'A. Prost, de C. Thélot et de P-Y Duwoye au congrès de l'AFAE (lire l'article).

Philippe Meirieu : "l'Ecole de la République a besoin de tenue" (audition devant la mission Ecole-parents) (lire l'article)

Les "meilleurs" lycées de France sont à Trappes (Plaine de Neauphle) et à Paris (Marcel-Deprez) (lire l'article).

Des "internats relais" pour remplacer les "établissements de réinsertion scolaire" (lire l'article).

EREA : des établissements oubliés et un potentiel mal utilisé (lire l'article).

Les associations membres du CAPE appellent à la poursuite de la Refondation de l'école (lire l'article).

SYNDICATS

Un appel à la grève ou à la mobilisation des fonctionnaires le 15 mai (lire l'article).

Déclarations du Front national : les réactions du SGEN et du SNALC (lire l'article).

Congrès du SNES : "je m'attendais à davantage de débats" (F. Rolet) (lire l'article).

PEDAGOGIE

Conseil supérieur des programmes : la charte est publiée (lire l'article).

Stéphane Le Foll appelle l'enseignement agricole à se mobiliser pour "enseigner à produire autrement" (lire l'article).

La Société informatique de France reçue à l'Elysée (lire l'article).

Enseignement de la morale : l'enseignement catholique se dote d'un texte de référence (La Croix) (lire l'article).

Une nouvelle directrice au CLEMI, deux nouveaux doyens de groupe à l'IGEN (lire l'article).

ENSEIGNANTS

ESPE d'Aix-Marseille : "Ca s'est très bien passé ... avec beaucoup de difficultés" (J. Ginestié) (lire l'article).

INSERTION

En 2013, 43% de jeunes sortant de lycée avaient un emploi sept mois après la fin de leurs études (lire l'article).

JEUNESSE

Et si les adolescents écrivaient plus, et mieux, que ne le pensent les adultes ? (Thèse) (lire l'article).

INTERNATIONAL

Ouverture du sommet européen pour l'intégration des Roms et l'éducation des enfants (lire l'article).

Les 5 facteurs propices à des relations productives syndicats-ministères de l'Education (Mondes de l’éducation) (lire l'article). 

Haïti inaugure des "assises nationales" annuelles pour la qualité de l'éducation (lire l'article).

Améliorer les conditions de vie des enfants, des jeunes et des familles: un premier bilan pour le programme Procopil (lire l'article).

AU JO

Au JO du 1er au 3 avril : les ressources humaines du MEN, le numérique, les ministères sociaux, la PJJ, des diplômes... (lire l'article).

Au JO du 9 avril : nouveau conseiller éducation à l'Elysée. La violence à la télévision (lire l'article).

A l'agenda cette semaine (ici)

Prix "Jeunesse pour l’égalité 2014", le 9 avril - Paris.

"Pratiques innovantes et réussite éducative : le décrochage scolaire en question", les 9 et 10 avril - Amiens.

Rencontre régionale (Ile-de-France) des journalistes jeunes, le 9 avril - Paris.

"Du bien-être au bien-devenir: pour une école maternelle bienveillante". Mercredis de Créteil, le 9 avril - Champigny-sur-Marne.

"Les adolescents face aux dispositifs de médiation culturelle", le 10 avril - 17h - Lyon.

Inscrits cette semaine à l'agenda de ToutEduc

Réforme des rythmes scolaires et PEDT, expériences locales et témoignages (Caisse des dépôts), le 29 avril - Paris.

Congrès national de l'APEL, du 16 au 18 mai - Strasbourg.

Quand les élèves racontent l'histoire nationale", les 19 et 20 mai -Lyon

Présentation par Antoine Prost des réformes de l’éducation de 1936 à nos jours, le 21 mai - Paris

Numérique éducatif : première rencontre franco-marocaine, les 27 et 28 mai - Marrakech

Les discussions philosophiques de 5 à 18 ans en milieu scolaire, du 2 au 4 juin - Clermont-Ferrand

Les neuvièmes entretiens de la petite enfance (l’association Du côté des enfants), les 18 et 19 juin - Cassis.

Manuels scolaires, genre et égalité, le 2 juillet - Paris

ANALYSE. En matière d'éducation, la réforme est-elle compatible avec la démocratie ? Les ZEP, zones d'éducation prioritaire, n'ont-elles pas été créées par voie de circulaires? Antoine Prost était l'un des conférenciers invités par l'AFAE ce vendredi pour répondre à la question : "peut-on réformer l'Education nationale ?" Tous les orateurs ont répondu par l'affirmative, mais tous se sont interrogés sur la meilleure des tactiques, et à entendre l'historien, il était clair que Vincent Peillon s'est fourvoyé en consacrant tant d'énergie à la rédaction et au vote d'une loi. Pour lui, l'Education nationale est "du domaine de l'exécutif" et n'a donc pas besoin du législatif. Seule la "loi Debré" de 1959 trouve grâce à ses yeux. Les dispositions de la loi Haby de 1975 auraient pu être prises par décrets, arrêtés ou circulaires puisqu'elles modifiaient des dispositions réglementaires. En 1989, il fallait bien une loi pour créer les IUFM, mais il était inutile qu'elle précisât que l'élève était "au centre" des préoccupations de l'Ecole. En 2005, la loi était nécessaire pour supprimer le Conseil national des programmes, puisque celui-ci avait été créé par une loi... En réalité, ces textes ont avant tout une valeur "déclarative", et ils ont trois inconvénients majeurs : encombrer le processus législatif, dramatiser les enjeux, et paralyser l'action, puisqu'il faudra une loi pour défaire ce qui a été fait. Heureusement que les lycéens sont descendus dans la rue pour empêcher que la réforme du baccalauréat soit inscrite dans la "loi Fillon", soupire Antoine Prost. "Il ne faut pas que le baccalauréat soit dans la loi", ajoute-t-il, sous-entendant qu'on ne pourrait plus y toucher.

Incontestablement, au plan tactique, Antoine Prost a raison. Les ministres, s'ils veulent avoir les mains libres, doivent préférer la circulaire discrète à la loi. Mais l'analyse n'en pose pas moins un sérieux problème : la plus importante des politiques de la Nation, puisqu'elle engage tout son avenir, peut-elle, doit-elle être conduite en catimini, loin de la représentation nationale et de l'opinion publique ? L'historien ne dit pas ce que l'on est en droit d'attendre de la démocratie en matière d'éducation. Les débats sur l'Ecole, dont les querelles sur les méthodes de lecture sont l'expression la plus manifeste, sont parfois si caricaturaux qu'on pourrait être tenté de penser qu'il vaut mieux confier la question aux experts. Pourtant, la discussion des amendements à la "loi Peillon" des deux commissions des affaires culturelles, Assemblée nationale et Sénat, a été d'excellente qualité, si on oublie quelques passes d'armes obligées entre majorité et opposition. Chacun a joué le rôle qui lui était assigné ... avant de peser avec intelligence et générosité le plus souvent, les conséquences de chaque mot et de chaque formule du texte qui lui était soumis. Et de même, nul ne peut penser que les électeurs sont des imbéciles incapables d'envisager avec sérieux les problèmes éducatifs, à moins de récuser tout principe démocratique.

En réalité, si on l'écoute bien, Antoine Prost met surtout en cause l'absence de continuité des politiques. Il aura fallu 5 ans aux ministres qui se sont succédé de 2005 à 2010 pour que les décrets d'application de la "loi Fillon" soient publiés, et manifestement sans aucun enthousiasme; le livret personnel de compétences ne donne pas le sentiment d'un réel souci de voir la création d'un socle commun couronnée de succès.

Claude Thélot n'a d'ailleurs pas masqué son amertume après que la grande concertation qu'il a présidée a été quasiment ignorée par le ministre qui était chargé d'en mettre en oeuvre les conclusions. Mais il a aussi appelé les responsables à ne pas s'enfermer dans une relation bilatérale avec les syndicats, et surtout avec l'un d'eux, le SNES, qu'il n'a pas nommé mais qui était évidemment visé. Il faut, dit-il, s'appuyer "au moins autant" sur les "minorités agissantes", et prendre des informations sur le terrain, non pas pour s'opposer aux syndicats qui prétendent être les porte-parole de leur mandants, mais pour "compléter" leurs discours, "déborder les représentants syndicaux standards".

Ajoutons que Pierre-Yves Duwoye, l'actuel recteur de Versailles, a souligné que la plupart des acteurs sont, presque par définition, réfractaires aux réformes : "les parents n'aiment pas trop que ça change", du moins les 80 % qui n'y ont pas intérêt, les enseignants sont "inquiets du changement", l'administration est par nature "un peu conservatrice", et les syndicats sont comptables des intérêts de leurs mandants, et non de l'intérêt général.

Ces dénis de démocratie, de la part d'un ministre qui fait voter une loi qu'il n'a pas envie de voir appliquée, de la part de l'historien qui en vient à prôner une forme de machiavélisme ou de l'ancien haut fonctionnaire qui invite à "déborder" les syndicats, posent à l'évidence la question de nos institutions. Comment avoir sur l'éducation un dialogue permanent, constructif, où la population ait son mot à dire, où la représentation nationale joue son rôle, où l'exécutif soit réellement comptable de son action (ou de son inaction)? La question n'est, à l'évidence, pas près d'être résolue. A Haïti, des "assises nationales de l'éducation" seront organisées chaque année.

* ToutEduc fait confiance à ses lecteurs pour respecter le travail de ses journalistes, et ne "forwarder" sa lettre et ses dépêches (même au sein d'une même entreprise, institution ou association) qu'à des personnes susceptibles de s'abonner, sauf dans le cas d'un établissement scolaire. Les photocopies doivent être déclarées au CFC.

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