Benoît Hamon : L'éducation prioritaire péfigure "toute l'Ecole de demain"
Paru dans Scolaire le mercredi 09 avril 2014.
"Lutter contre les déterminismes sociaux" pour que "la promesse de l'égalité républicaine s'incarne", c'est la priorité affichée par Benoît Hamon. Le ministre de l'Education nationale intervenait ce 9 avril en clôture de la rencontre pour "le lancement de la refondation de l'éducation prioritaire" et des "102 réseaux REP+" qui en sont les "préfigurateurs", et qui, au-delà, préparent "toute l'Ecole de demain". Le dossier en rappelle les mesures clés, la scolarisation des moins de 3 ans, le "plus de maîtres que de classes" dans chaque école, l'accompagnement des élèves de 6ème jusqu'à 16h30, l'extension du dispositif D'Col, le développement d'internats de proximité pour les collégiens, le temps dédié au travail en équipe, à la formation et au suivi des élèves, la formation continue, des incitations financières à la stabilisation des équipes, un meilleur accueil des parents, des assistants de prévention et de sécurité, ainsi que la publication d'un "référentiel" qui "servira de base pour construire des projets de réseaux et faire évoluer les pratiques pédagogiques".
Et pour Benoît Hamon, les enjeux sont importants. Il évoque une "crise démocratique profonde" liée au "sentiment que, quoiqu'il se passe au sommet de l'Etat, cela ne modifie en rien le quotidien" ; les gens ont le sentiment "qu'ils ne maîtrisent plus le chemin qu'a pris leur vie". Ce scepticisme "mine la démocratie" et à terme, c'est la République elle-même qui est menacée. C'est pourquoi il est préoccupé par l'écart qui s'est creusé ces dernières années entre les élèves, et il souligne que "lutter contre les inégalités", c'est "améliorer la performance de toute notre école". Il s'inquiète également du "bien-être des élèves", qui est nécessaire pour "bien apprendre". Le site internet qui accompagnera cette préfiguration des REP sera "coopératif" pour "mettre fin à l'isolement des enseignants". Le référentiel doit de même contribuer à "l'instauration d'un climat de confiance".
"Les leviers de la réussite sont connus mais ils sont insuffisamment partagés pour réduire l’écart de résultats scolaires entre les élèves issus des zones d’éducation prioritaire et les autres", déclare pour sa part Jean-Paul Delahaye. Le directeur général de l’enseignement scolaire estime qu’il faut articuler tous les leviers en relevant un double défi: améliorer les résultats et mettre en place une politique plus équitable et plus lisible. Le DGESCO fait le constat d’établissements classés en éducation prioritaire qui se caractérisent par la baisse de la mixité sociale et le manque de formation et de stabilité des équipes pédagogiques ; il pointe un pilotage national, académique et local hétérogène sur le terrain. Il insiste : "Notre école qui prend en charge des enfants de pauvres ne doit pas devenir une école appauvrie dans ses ambitions."
Les réseaux de l’éducation prioritaire sont "le miroir grossissant des questions qui se posent à tout le système éducatif". Ces établissements sont plus sensibles notamment à l’effet maître/élève et à l’effet établissement. La qualité, la cohérence et la stabilité des équipes est déterminante, comme le travail en réseau et le travail inter-degré.