La Lettre de ToutEduc n°191
Paru dans La lettre le mercredi 04 décembre 2013.
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La Lettre de ToutEduc n°191, du 4 décembre 2013
A LA UNE . PISA, ses résultats et son impact accaparent les "unes" des médias dans un contexte politique délicat (voir l'analyse ci-dessous), au risque de masquer deux informations importantes : Dominique Bertinotti engage une évolution du statut des adolescents, et les ministères concernés souhaitent une meilleure collaboration Education nationale - PJJ.
Des informations à retrouver ci-dessous, à moins que vous les ayez reçues dès leur publication (onglet "mes alertes, ici). N'oubliez pas de nourrir notre "livre d'or" et de nous autoriser à vous mentionner parmi nos abonnés (ici).
PISA
PISA : des résultats "inacceptables" pour Vincent Peillon qui donne un aperçu des réformes à venir (lire l'article)
Les inégalités s'accroissent en France (lire l'article)
La "bosse des maths" n'existe pas, les politiques sont plus ou moins efficaces (lire l'article)
Les secrets de la réussite de Shanghai, les faiblesses françaises (lire l'article)
Deux mises en garde, de Didier Muguet et d'Olivier Rey, contre des lectures hâtives et des usages politiques de PISA (lire l'article)
RYTHMES SCOLAIRES ET CPGE
Classes préparatoires : le ministère tente de calmer le jeu (lire l'article)
Rythmes scolaires: examen demain d'une proposition de loi UMP visant à permettre le libre choix des maires (lire l'article)
Grève du 5 décembre : la participation devrait être moindre que le 14 novembre (lire l'article)
LE SYSTEME SCOLAIRE
De 2006 à 2012, la "dépense intérieure d'éducation" a évolué avec le PIB (lire l'article)
La Région et les rectorats franciliens signent une convention sur les internats, le numérique, le décrochage et la citoyenneté (lire l'article)
"L'enseignement professionnel n'est pas un sous-technologique, il faut faire tomber les barrières", déclare Vincent Peillon (lire l'article)
Expérimenter, coopérer, libérer la créativité des élèves... pour refonder l'école (congrès de l'ANDEV) (lire l'article)
Le comité de suivi des ESPE est en place (lire l'article)
PEDAGOGIE - ELEVES - PARENTS
Les 40 ans de la revue Diversité : "Les jeunes de milieux populaires sont en attente de formation" (lire l'article)
Lire ou déchiffrer ? Eveline Charmeux revient sur les controverses liées aux méthodes de lecture (lire l'article)
Les jeunes Français rejetteraient la "culture scolaire ou cultivée" (étude du ministère de la Culture) (lire l'article)
Enseignement catholique : continuité à Rome, et permanence d'une tension entre l'universel et le religieux (lire l'article)
Les relations des parents et de l'école restent asymétriques, estiment A. Prost et P. Raoult devant les députés de la mission d'information (lire l'article)
Les ministres européens de l'éducation adoptent un plan pour "l'éducation à l'initiative" (lire l'article)
Réunica lance une opération de sensibilisation au handicap dans les collèges (lire l'article)
LA REFORME DU SYSTEME EDUCATIF (VUE PAR LE SGEN-CFDT)
Le cadre général proposé par le ministère pour faire évoluer les métiers de l'éducation "n'est pas le grand soir statutaire", estime le SGEN-CFDT (lire l'article)
L'IREA (institut de recherche du SGEN-CFDT) avait organisé deux jours de débats sur les "incontournables" d'une réforme (lire l'article), Frédéric Sève propose d'intégrer une obligation de résultats (lire l'article). A. Prost est pessimiste sur les capacités de l'administration de l'Education nationale à promouvoir la refondation (lire l'article)
NUMERIQUE
Cyberharcèlement : la circulaire et le guide ont été publiés au BO (lire l'article)
L'option "informatique et science du numérique" est proposée dans un tiers des lycées (lire l'article)
Une " Biblio-Connection" pour favoriser la "lecture-plaisir" présentée au "Supersalon du Livre et de la presse jeunesse" (lire l'article)
PETITE ENFANCE - JEUNESSE
Accueil de la petite enfance : la Cour des comptes publie son rapport (lire l'article)
D. Bertinotti envisage de nouveaux droits pour les adolescents (lire l'article)
Protection de l’enfance : comment améliorer le dispositif "(le journal du droit des jeunes") (lire l'article)
INSERTION
Au CEREQ, une nouvelle présidente, un nouveau directeur scientifique (lire l'article)
PJJ
Scolarité des mineurs incarcérés : une circulaire interministérielle devrait sortir prochainement (lire l'article)
JO
Au JO du 25 nov au 3 déc. : l'éducation artistique et culturelle, la justice des mineurs, un traitement automatisé pour les élèves.... (lire l'article)
A L'AGENDA
Les 6 et 7 décembre, deux journées pour les clubs UNESCO (ici)
Les 11 et 12 décembre, "Les boussoles du numérique" (ici)
Du 24 au 26 janvier, le colloque national d'Education et Devenir (ici)
ANALYSE. Les résultats de PISA viennent de tomber. Permettront-ils à Vincent Peillon de "reprendre la main" et de "sortir par le haut" d'une situation politique délicate ? Disons d'abord que rendre compte de PISA oblige le journaliste à grossir le trait jusqu'à la caricature, à ne retenir de cet exercice de comparaison internationale que ce qu'il a de moins intéressant, un classement, ou à réussir des prouesses stylistiques, tant chaque affirmation doit être suivie d'un "mais", d'un "pourtant", d'un "toutefois"... Car tout y est, en réalité, en nuances. Mais les subtilités de la recherche en éducation n'ont jamais fait le "20 heures". Les usages médiatiques et politiques qui en sont faits prennent une telle ampleur qu'ils deviennent un fait en soi, à traiter comme tel, presque indépendamment de la réalité, complexe, qui est décrite par l'OCDE.
Le ministre met l'accent sur le point le plus négatif de nos résultats, par ailleurs médiocres : l'accroissement des inégalités, le décrochage d'une partie de notre jeunesse. Il appelle, sans le dire explicitement, l'opposition à faire taire ses critiques, sans pour autant renoncer, de son côté, à dénoncer la mise à mal par la précédente majorité de la formation des enseignants, des RASED, des recrutements... Il n'est pas certain qu'il obtienne ainsi une nouvelle "union sacrée", à laquelle il refuse pourtant de cesser de croire. Mais surtout, il met en porte-à-faux les enseignants du primaire. Peuvent-ils faire grève contre celui qui appelle la Nation à faire bloc autour de ses enseignants ? poignarder dans le dos celui qui les défend face à une opinion publique encore mal convaincue de la nécessité de faire réussir tous les élèves, de lutter contre l'échec scolaire ?
D'autant qu'il laisse entendre que des annonces importantes et susceptibles de les satisfaire vont venir très rapidement, en faveur des RASED, de l'éducation prioritaire, des collèges ... Cela suffira-t-il à couper l'herbe sous le pied de la contestation ? Dans une situation que chacun s'efforce de dramatiser, certains diront que la question des rythmes n'est pas l'essentiel quand le ministre au contraire fait valoir que la réforme augmente "de 25 %" le temps le plus profitable aux enseignements, avec une matinée supplémentaire. Les élèves sont plus attentifs le matin ... ou en milieu d'après-midi, nous disent les chronobiologistes. Mais profiter du pic de vigilance d'après-digestion supposerait de situer les activités périscolaires dans le prolongement de la pause méridienne de façon que les choses sérieuses reprennent après 15h. Or c'est justement l'un des points de friction avec les enseignants qui ne veulent pas d'un tel "trou" dans leur emploi du temps. Syndicats et politiques sont d'accord pour éviter le sujet.
En ce qui concerne le mouvement des CPGE, Vincent Peillon s'est efforcé d'éteindre l'incendie avant qu'il ne prenne trop d'ampleur et il a proposé de compenser peu ou prou le bénéfice de "l'heure supplémentaire" perdue avec la réforme qui se profile. La protestation peut apparaître comme d'autant plus justifiée qu'il ne faudrait pas "casser ce qui marche" quand tant d'autres parties de notre système scolaire sont en difficulté. Inversement, l'opinion peut y voir un mouvement de nantis, voulant préserver leurs revenus en même temps qu'un "élitisme républicain" dont les prépas sont l'emblème et qui est la marque du modèle français. Mais c'est ce modèle justement que remet en cause PISA. Ne contribue-t-il pas à creuser les inégalités sans permettre la diversification des meilleurs, ni l'accroissement de leur nombre ?
Au-delà des péripéties de la semaine à venir, le ministre doit, dit-il, convaincre durablement l'opinion française de faire "un effort considérable" en faveur des territoires de l'échec scolaire. L'enjeu est matériel : comment sera utilisée une partie des "54 000 postes"? Mais il s'agit surtout d'un changement de modèle : nous avons beaucoup misé jusqu'à présent sur la production des élites, au risque de sacrifier 20 % des élèves, au risque de nourrir l'extrémisme. Il faut "changer les pratiques" pour assurer "la réussite de tous", ce qui est la condition du "pacte civique", donc de l'existence même de la République, assure Vincent Peillon. Jusqu'à présent, il avait été assez prudent, évitant de rentrer dans l'arène pédagogique. Il affirme à présent que c'est la pédagogie qui sauvera la République. Les "Républicains anti-pédagogistes" se laisseront-ils convaincre ?
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