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"L'enseignement professionnel n'est pas un sous-technologique, il faut faire tomber les barrières" (V. Peillon)

Paru dans Scolaire, Orientation le vendredi 29 novembre 2013.
Mots clés : Peillon, campus, Suger

Un "campus des métiers" est "un lieu de brassage, où tout le monde est mélangé à tous les niveaux, et ça marche". La plasturgie, qui était en train de sombrer, a repris des couleurs avec le campus d'Oyonnax et elle "redevient la première" en Europe. Vincent Peillon était ce 29 novembre au lycée Suger de Saint-Denis, labellisé "campus des métiers et des qualifications de la création numérique", où était de plus signée une convention destinée à renforcer la collaboration de la Région et des trois académies d'Ile-de-France. Le ministre de l'Education nationale a martelé plusieurs messages : "parce que nous [l'Ecole, ndlr] sommes forts, nous n'avons à avoir peur de personne", ce qui n'était pas le cas lors de la création de l'Ecole républicaine et, qu'il s'agisse des rythmes scolaires, ou des relations avec les entreprises et les collectivités, l'école doit maintenant s'ouvrir, "faire tomber les barrière", se "réconcilier avec la nation". Tout autre attitude serait "délétère", "mortifère"; il faut abolir les frontières, notamment entre les disciplines, entre le premier et le second degré... D'ailleurs cette convention entre l'Education nationale et une Région est une première du genre, mais elle est le modèle de ce que le ministre "veu[t] partout", parce que la collectivité et les trois académies y sont "à égalité", la Région n'étant pas considérée comme celle à qui on demande de "faire le chèque".

Autre thème que le ministre a développé avec vigueur, l'Ecole n'a rien à voir avec les images stéréotypées qu'on en donne trop souvent, d'un monde frileux et replié sur lui-même, alors qu'il rencontre dans tous les établissements des hommes et des femmes qui ont "envie de servir", très loin des discours défaitistes du type "tout est foutu". Vincent Peillon dénonce plus globalement "les insultes" faites au secteur public. Il s'en prend aussi à ceux qui ont attaqué les locaux d'un syndicat pour dénoncer le travail entrepris sur l'égalité filles-garçons "dans un pays incapable de former des femmes ingénieures". L'Education nationale "a pris sa responsabilité et nous portons ces valeurs hautement". Il ajoute que la mixité est "facteur de réussite", notamment la mixité sociale. Quand on met "tous les bons ensemble, le niveau baisse" et les résultats à venir de PISA montreront que nous sommes "les champions de l'inégalité". Il faut de plus savoir qu'un élève d'Henri-IV coûte plus cher qu'un élève de Seine-Saint-Denis. Ce n'est "pas juste".

De bonnes nouvelles dans la lutte contre le décrochage

Enfin, le ministre a défendu les campus des métiers qui permettent à l'élève qui passe un CAP de devenir finalement ingénieur. Les uns n'y regardent pas les autres "de haut" et l'enseignement professionnel n'est pas un sous-enseignement technologique, ou un sous-enseignement général, où on irait parce qu'on ne peut pas aller ailleurs : "l'enseignement professionnel peut être le meilleur des enseignements". Ce campus "vise à structurer" un pôle francilien de formation de façon à "accompagner l'adaptation nécessaire des compétences aux technologies avancées" en formation initiale et continue, et à "soutenir l'insertion professionnelle des jeunes dans un secteur [le numérique, ndlr] à fort gisement d'emplois". Interrogé par ToutEduc, l'entourage de V. Peillon ajoute qu'un campus, c'est plus que le "lycée des métiers" créé par Jean-luc Mélenchon quand il était ministre délégué à l'enseignement technique et professionnel, dans la mesure où il associe l'enseignement supérieur et la recherche, qu'il peut même inventer de nouveaux diplômes, et avoir pour partie prenante des CFA et d'autres établissements scolaires, mais aussi des parties d'autres établissements. Il permet de réunir des formations artistiques, techniques, économiques, et de les décloisonner pour un secteur qui en a besoin. Le campus réunit d'ailleurs le lycée Suger "des métiers de l'image et du son", les lycées Marey et Prévert de Boulogne, l'ENSAMAA (les arts appliqués), plusieurs universités (Cergy-Pontoise, Paris-VIII, Paris-X et l'université numérique rattachée à Paris-I). Y sont de plus associés 12 lycées, 6 CFA, les écoles Duperré et Estienne... Sont noués des partenariats avec "la chambre professionnelle des SSII), l'association professionnelle du numérique, Orange, SFR, Radio-France, France-Télévision...

La signature de la convention avec la Région a donné au ministre l'occasion d'évoquer la lutte contre le décrochage et d'annoncer "de bonnes nouvelles", puisque l'objectif des 20 000 décrocheurs "raccrochés" serait "largement atteint". Il a aussi parlé des internats de la réussite, se félicitant que la Région ait programmé la création de 3 000 places. Il a fustigé au passage les "internats d'excellence", réservés à des "élèves méritants". "Méritants de quoi ?" a-t-il demandé.

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