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La Lettre de ToutEduc n° 45 (17 novembre 2010)

Paru dans La lettre le mercredi 17 novembre 2010.

 Ouf! Nous l'avons échappé belle... Nous ne parlons pas ici du risque que nous courrions de perdre Luc Chatel, ni, à l'inverse, des espérances que suscitent à la Justice Michel Mercier (Michel Mercier a défendu le respect du secret professionnel (Claris)), ou à la Jeunesse Jeannette Bougrab, ou Nadine Morano à l'Apprentissage, en attendant de savoir qui s'occupera de la Famille et de la Petite enfance, qui semblent avoir été oubliées... C'est qu'à l'instant même où vous lisiez la dernière Lettre (si vous souhaitez la relire, cliquez UMP: Natacha Polony (Le Figaro) dénonce un renoncement idéologique), les ténors de la Droite sifflaient la fin de la récréation. Après Jean-François Copé, qui n'était pas encore secrétaire général du parti de Droite, et qui, avec l'examen d'entrée en 6ème, semblait enterrer l'idée d'une école du socle commun, l'encore secrétaire général de l'UMP, Xavier Bertrand, a annoncé qu'il avait trouvé le remède à tous nos maux: les chefs d'établissement choisiraient leurs enseignants. 

Chacun sait que, là où les conditions sont les plus difficiles, la cohérence des équipes et leur permanence sont les premières conditions du succès. Après les lycées autogérés, après les micro-lycées et le collège-lycée de Grenoble, Clisthène à Bordeaux l'a encore démontré, et le reportage de Luc Cédelle ("Un plaisir de collège", au Seuil) a contribué à en légitimer le principe. Mais peut-on confondre la constitution d'une équipe de volontaires autour d'un projet commun et le recrutement par un principal ou un proviseur, en fonction de son projet? N'est-ce pas, de plus, un leurre dans un système fondé sur le fonctionnariat, où le nombre des personnels "sur le marché" est strictement égal au nombre des postes disponibles? Pour qu'il y ait choix, il faut que les appelés soient plus nombreux que les élus. Il faut aussi qu'ils soient tous sur un pied d'égalité, et que les "titulaires", qui devront avoir un poste, n'aient pas priorité sur les "contractuels", qui pourraient pourtant avoir davantage le profil recherché... Ce qui est possible dans le cadre d'une expérimentation réduite, le programme CLAIR, ne peut pas être généralisé, à moins d'accroître le vivier de recrutement à une armée de non-titulaires. Ajoutons que les "bons" candidats iront d'abord postuler dans les "meilleurs" établissements, et que les ZEP n'auront que les "laissés pour compte" ... et les idéalistes. 

Le système préconisé par Xavier Bertrand suppose en réalité une remise en cause radicale du statut des enseignants, et il avantage les établissements sans problèmes, aux dépens de ceux qui auraient effectivement besoin d'équipes soudées. Ce sont des évidences que le politique ne peut ignorer. Une telle déclaration ne vaut donc, vraisemblablement, pas projet et n'a qu'une fonction politicienne: mettre fin à la tentation du consensus. 2012 approche, l'heure est aux clivages, et à la réaffirmation des "valeurs", dont la première est l'autorité. 

Nous avons évité, de peu, la terrible nécessité de regarder en face la complexité. D'autant, soulignent la plupart des syndicats, les mouvements pédagogiques et les mouvements d'éducation populaire, que les restrictions budgétaires vont monopoliser le débat, et empêcher qu'il porte sur le fond (Education nationale: un budget qui interdit de discuter des problèmes de fond ("Une école, votre avenir")). Pendant que les politiques (Peillon au PS, Copé à l'UMP) préparent la déclinaison programmatique des projets de leurs partis (Projets pour l'éducation: les politiques en préparent la déclinaison (Peillon au PS, Copé à l'UMP)), Choukri Ben Ayed et ses amis chercheurs posent une question qui ne pourra pas être éludée longtemps encore: quelles sont les finalités et les conditions d'existence du système éducatif? Voulons-nous y voir "la constitution de communautés d'apprenants, où les liens de solidarité et d'entraide sont le fondement même de l'acte éducatif", ou souhaitons-nous que l'Ecole permette la détection des plus "méritants" (Une "Ecole démocratique" pour retrouver l'idéal de Condorcet (Publication))? Avantage secondaire de cet ouvrage collectif, chacun des chercheurs y a résumé en quelques pages les conclusions de ses travaux!

Ajoutons que le "socle commun", l'un des points de consensus que nous avions relevés, est fondé, pour partie, sur les compétences, un terme "ambigu", "polysémique", mal compris des enseignants, qui ne sont pas accompagnés dans la mise en oeuvre de leur évaluation. L'INRP tire la sonnette d'alarme, même s'il ne parle que du "livret d'évaluation". L'Ecole du socle commun pourrait bien avoir sombré avant d'avoir vu le jour (ici).

Voici une sélection des autres informations publiées sur le site de ToutEduc.

SYSTEME SCOLAIRE ET ETABLISSEMENTS

Au JO a été publié un décret d'application de la "loi Carle" qui pourrait mettre le feu à nos campagnes. La question est technique. Une commune doit payer à l'école (publique ou privée) d'une autre commune le forfait d'externat pour les enfants qu'elle accueille, à moins que la commune d'origine puisse prouver qu'elle aurait pu les accueillir dans une de ses écoles (Au JO: La loi Carle en milieu rural, l'inspection, J-P Delaubier, la PJJ, la FPH, et "Amendement Charasse": une lecture défavorable au privé (TA d'Orléans)). 

Un lecteur de ToutEduc pose une question redoutable (ici). Aucun texte ne fixe de maxima pour les effectifs de classe, mais une note de service de 1953 fixait des seuils de dédoublement, ce qui, implicitement, revient au même. Cette note n'a pas été abrogée, mais le ministère explique qu'elle ne figure pas au "RLR", le "recueil des lois et règlements", et qu' "elle ne s'applique pas". La question est, juridiquement, lourde. Une administration peut-elle annuler un texte qu'elle a produit, sans le dire? Par définition, nul n'est censé ignorer la loi, et l'état de la réglementation doit être public. A moins qu'une note de service n'ait pas de valeur réglementaire. Mais alors, toutes celles qui sont publiées chaque semaine au BO ne serviraient à rien. 

Le Conseil d'Etat s'est prononcé sur le programme CLAIR. Il a refusé la suspension de la circulaire qui crée ce dispositif susceptible de remplacer l'éducation prioritaire, mais il en a précisé les limites (CLAIR: le Conseil d'Etat refuse la suspension)

L'OCDE, longtemps décrite comme le temple du libéralisme honni, vient de publier une étude passionnante, qui montre que la mise en concurrence des établissements scolaires n'a aucun effet, ou très peu, et que l'éducation n'est pas un service susceptible d'être mis sur le marché, non pour des raisons idéologiques, mais pour des raisons très pratiques (Mise concurrence des établissements scolaires: très peu d'effets (OCDE)). Elle assure également la promotion d'une formule, "Il faut considérer l'éducation comme un bien public" (Il faut considérer l'éducation comme un bien public (OCDE)).  

Les ERS, ces établissements de "réinsertion scolaire", qui devaient permettre de résoudre, grâce à l'autorité retrouvée et à un encadrement renforcé, l'équation posée par les élèves soumis à l'obligation scolaire, mais rétifs à toute discipline, vont-ils disparaître alors qu'ils viennent à peine d'être lancés? Après les réticences des enseignants (Reinsertion scolaire: un collège refuse d'accueillir ce dispositif), à Craon (Mayenne), Portbail (Manche) et Saint-Dalmas de Tende (Alpes-maritimes), des incidents donnent pour le moins à penser que tout n'a pas été mûrement pesé (Etablissements de réinsertion scolaire : le SNPES-PJJ appelle à la remise en cause de leur existence et "Réinsertion scolaire": premier établissement dans la "Vallée des merveilles" (Alpes-maritimes)).

PROTECTION DE L'ENFANCE. JUSTICE

Au même moment, l'inspecteur d'académie du Nord ouvre son bulletin à son homologue de la PJJ, qui évoque la nécessité d'inventer de nouvelles collaborations, alors que la Protection judiciaire de la Jeunesse se recentre sur le pénal (PJJ-Education nationale: "imaginer de nouvelles collaborations").

Avant de quitter le gouvernement, Jean-Marie Bockel a publié ses propositions pour la prévention de la délinquance (Prévention de la délinquance: les propositions de Jean-Marie Bockel). Parmi celles-ci, le soutien aux enfants dont la souffrance est repérée dès le plus jeune âge. Cette idée, déjà récusée par le collectif "Pas de 0 de conduite", est largement condamnée par de nombreux professionnels, qui dénoncent le lien entre difficultés psychologiques et délinquance. Le propos de l'ancien secrétaire d'Etat n'établissait pourtant pas de lien entre les deux, sinon par le contexte dans lequel elle s'inscrit...

Cette question en pose, indirectement, une autre: à quelles conditions "l'intérêt supérieur de l'enfant" peut-il être légitimement invoqué (ici)?

La Défenseure des enfants, elle s'inquiète des conséquences de la pauvreté sur les parcours des enfants et des jeunes ([#2709]), ce que font également les Francas (Francas: la pauvreté enfantine suppose un nouveau regard et de nouvelles attitudes). 

A noter encore un conflit à l'Ecole nationale de la PJJ: les stagiaires ont obtenu que soient rétablis les 38 jours de rédaction de leur mémoire professionnel (Conflit à l'Ecole nationale de la PJJ). 

Dans Le Monde, Martine Aubry a dit comment le PS voyait évoluer la Justice des mineurs (Justice des mineurs: ce que propose le PS).

Contrairement à ce qui a été souvent dit, la délinquance des jeunes Roms n'a pas de caractère spécifique si on la compare à celle des autres Roumains (Roms: pas de spécificité si on les compare aux autres Roumains (Journal du Droit des Jeunes)).

PEDAGOGIE

François Taddei, biologiste, parlera d'éducation au sommet international de l'Education à Doha. Son regard, formé à l'analyse des systèmes, évite les raisonnements simplistes ou les signes d'appartenance habituels chez les pédagogues. Pour lui, "nous approchons du point de bascule", qui verra changer les façons d'enseigner après des années de non-évolution (François Taddei: "nous approchons du point de bascule", qui verra changer les façons d'enseigner).

Connaît-il ses homologues des neurosciences, qui travaillent sur les liens entre les troubles des apprentissages et la réussite scolaire (ici)? Il peut encore assister, à condition d'aller tout de suite à la Maison des Métallos, à la journée qu'organisent les enseignants qui se réclament de Freinet (ici).

Le SNUIPP publie non pas les actes, mais des entretiens avec les principaux intervenants à son université d'automne, ce qui donne une image sensible de la réalité de la réflexion pédagogique aujourd'hui (Le SNUIPP publie les échos de son université d'automne).

JEUNES - ELEVES

Frédéric Mitterrand veut lutter "contre l'intimidation sociale, que provoque la culture pour une large frange de la population, plus spécifiquement jeune" (Frédéric Mitterrand: soutenir les pratiques culturelles des jeunes).

La polémique sur le décrochage rebondit au Québec: qui en est responsable, l'école ou des parents (Décrochage: la faute de l'école ou des parents? Polémique au Québec)? Personne ne semble se demander si les élèves eux-mêmes n'y ont pas une part...

Les élèves viennent à l'école, ou au collège pour apprendre. Ils y viennent aussi pour apprendre à vivre, et "la vie scolaire" excède de beaucoup la gestion des retards ou des emplois du temps (En quoi la "vie scolaire" est-elle "un espace temps formateur"? (Revue)). 

François de Singly, dans la revue des CEMEA, introduit un nouveau clivage dans l'idée que nous nous faisons de l'éducation: l'adulte, parent ou enseignant, est-il celui qui dit "non", ou celui qui sait entendre le "non" de l'enfant? (Redéfinir l'autonomie (Fr. de Singly, revue des CEMEA))

Le Sénégal, où les filles sont confrontées aux violences et aux abus, va-t-il introduire l'éducation sexuelle, et ce dès l'école primaire (Education sexuelle au Sénégal?)? 

TERRITOIRES

Alors que Midi-Pyrénées "loue" les toits de ses lycées à la filière photovoltaïque (Midi-Pyrénées « loue » les toits de ses lycées à la filière photovoltaïque), une commune de la Cote-d'Azur, afin d'assurer l'approvisionnement de ses cantines en légumes "bio" se demande si le plus simple ne serait pas de se faire elle-même entreprise de maraîchage (Cantines bio: les communes vont-elles produire leurs fruits et légumes?). L'agglomération lyonnaise prend date pour organiser en 2013 les assises nationales de l'éducation à l'environnement (ici).

La Corrèze va fournir des IPads plutôt que des ordinateurs portables à ses collégiens (Des IPads pour les collèges de Corrèze), tandis que le Pays Baumois (Doubs) leur fournit des "cartables numériques" (Cartable numérique à l'école primaire: l'exemple du Pays Baumois (Doubs)). 

La Vile de Montreuil, après quelques incertitudes, verra la littérature jeunesse faire salon au mois de décembre(ici). 

Le Conseil d'Etat a conforté le transfert des personnels TOS aux collectivités (TOS: Le Conseil d'Etat conforte le transfert aux collectivités).

ENSEIGNANTS

Deux décisions du Conseil d'Etat concernent directement les enseignants. L'une, à la grande satisfaction de la FAEN, limite les obligations de service de certains, "à cheval" sur deux établissements (Obligations de service des PEGC: une décision du Conseil d'Etat). L'autre concerne l'épreuve "agir en fonctionnaire...", dont il a refusé la suspension (Concours: le Conseil d'Etat refuse la suspension de l'épreuve "agir en fonctionnaire..."), mais de fait, celle-ci a déjà été mise à mal à l'agrégation de philosophie ("Agir en fonctionnaire...": l'épreuve n'est pas vidée de son contenu, indique le ministère), et, sans le dire, de nombreux jurys devraient la réduire à peau de chagrin.

Les enseignants doivent participer à l'orientation de leurs élèves de seconde: ce sera bon pour les élèves et pour les eux! estime J-R Pitte, le délégué interministériel à l'orientation (Mission d'aide à l'orientation des enseignants en seconde: ce sera bon pour eux aussi. Jean-Robert Pitte (Interview)).

Une thèse propose des langages informatiques qui soient adaptés aux enseignants (Des langages informatiques adaptés aux enseignants? (thèse))

 PETITE ENFANCE

Sur la scolarisation des 2 ans, la décision de la Cour d'appel de Bordeaux est difficile d'interprétation, mais, sans le dire, n'évoque-t-elle pas des effectifs raisonnables dans les classes (Scolarisation des 2 ans: une décision de la Cour d'appel de Bordeaux) ?

Il semblerait que les "maisons d'assistantes maternelles" aient un franc succès, surtout dans l'Ouest rural (Succès des maisons d'assistantes maternelles (Localtis))

ORIENTATION - INSERTION

Beaucoup d'entreprises continuent de privilégier CDD et intérim, et ont peu recours à l'alternance, qui reste, lorsqu'il s'agit de recruter, inscrit dans le patrimoine culturel de certaines professions (Alternance: beaucoup d'entreprises continuent de privilégier CDD et intérim pour recruter)

Laurent Wauquiez, qui en avait la charge, estime que "les missions locales ont fait leurs preuves (Les missions locales ont fait leurs preuves, estime L. Wauquiez (Localtis)).

Voir aussi l'interview que J-R Pitte nous a accordée (ci-dessus, rubrique "Enseignants").

TEXTES OFFICIELS

Au JO du 16 nov.: le gouvernement, l'alternance, la PJJ, les recteurs, 3 BEP, le privé, le CEE, la FPH ([#2711]).

Au JO des 13 et 14 nov.: l'ordre du mérite, la PJJ, un CAP et des indemnités ([#2700]).

La liste des "actions éducatives" publiée au BO (La liste des "actions éducatives" publiée au BO).

Au JO: La loi Carle en milieu rural, l'inspection, J-P Delaubier, la PJJ, la FPH (Au JO: La loi Carle en milieu rural, l'inspection, J-P Delaubier, la PJJ, la FPH).

Au JO des 9 et 10 nov.: J & S, la PJJ, l'IGAENR, la "Fonda", la FPH ([#2669]).

Au JO des 3, 4 et 5 nov.: le CIEP, la parentalité, le ministère de l'EN, J&S, les sports, l'infographie, la PJJ, la FPH ([#2650])

 

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