Redéfinir l'autonomie (Fr. de Singly, revue des CEMEA)
Paru dans Petite enfance, Scolaire, Périscolaire le lundi 15 novembre 2010.
L'éducation à l'autonomie introduit un nouveau clivage dans la conception qu'on a de l'enfant, explique François de Singly (sociologue) dans le dernier numéro de la revue des CEMEA, "Vers l'éducation nouvelle". Pour lui, le premier clivage est symbolisé par les figures de Durkheim et de Dolto. Pour le premier, ce qui fait que l'individu mérite le respect, c'est sa raison, c'est le fait qu'il porte en lui quelque chose de l'humanité. L'éducation doit donc séparer ce qui est de l'ordre du singulier et ce qui est universel. Pour Françoise Dolto, qui prolonge Montaigne, les singularités, l'originalité propre à chacun, doivent au contraire être respectées.
Mais à ce clivage, qui structure la querelle des "Pédagogues" et des "Républicains" s'en ajoute un second, relatif au rapport entre autonomie et autorité. L'auteur s'oppose ici au pédiatre Aldo Naouri, qui considère que l'adulte n'a pas argumenter avec l'enfant ou l'adolescent. "Se justifier (...) revient à inverser l'ordre générationnel." Pour le sociologue, les parents ont "le pouvoir de dire non" afin d'assurer "la sécurité éducative de leur enfant", mais ils ont aussi "le devoir d'accepter certains 'non' de la part de leur enfant".
Dans ce même numéro, Jean-Claude Fritz (politologue) examine la transformation de nos sociétés, et relève la phrase emblématique de Margaret Thatcher, "la société n'existe pas, il n'y a que des individus" et il en tire les conséquences, alors que l'enfant devient "un objet de consommation émotionnelle".