François Taddei: "nous approchons du point de bascule", qui verra changer les façons d'enseigner
Paru dans Scolaire, Périscolaire le mardi 09 novembre 2010.
François Taddei devrait être l'un des trois orateurs français invités au Wise, le sommet international de l'Education organisé au mois de décembre au Qatar (voir ToutEduc). Ce chercheur de l'INSERM se demande comment transposer aux questions d'éducation la méthodologie de ses travaux sur les bactéries, conçues comme des systèmes capables de se développer, de communiquer, et de dégénérer. Certes, Socrate se demandait déjà comment enseigner, lorsqu'il apprenait au petit esclave à calculer des surfaces, mais le contexte est différent au XXIème siècle, qui connaît les comparaisons internationales, les TIC (technologies de l'information et de la communication), alors que l'économie a de nouveaux besoins en termes de compétences. Il pense que nous approchons du "point de bascule", qui verra changer radicalement les façons de faire, et le rapport au savoir.
Il fait remarquer que l'on cite toujours la Finlande et la Corée du Sud à propos de PISA, plus rarement la province canadienne de l'Alberta, qui a d'excellents résultats, et où les élèves soumettent leurs travaux à leurs pairs, avant de les faire évaluer par l'enseignant. Ils apprennent ainsi à critiquer et à argumenter leurs positions.
Mais comment mettre en réseaux les lieux de l'innovation pédagogique, et les lieux où se fait la recherche en éducation? Le modèle de l'école doctorale qu'il a créée, où les biologistes côtoient les philosophes et les chimistes, mais aussi les jeunes de banlieue, et travaillent librement sur leurs projets, ne pourrait-il pas être transposé aux recherches sur les manières d'apprendre. Est-il possible de promouvoir sur ce sujet un réseau international? Il estime de plus que sur ce sujet, il manque une pensée systémique, rarement développée en France.