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La Lettre de ToutEduc n°233

Paru dans La lettre le mercredi 08 octobre 2014.

Transférer et photocopier nuit gravement à la santé ... de la presse *

La Lettre de ToutEduc n°233, du 8 octobre 2014

A LA UNE. Le festival du film d'éducation d'Evreux ne concurrence pas son homologue de Cannes. Mais sa progression est révélatrice d'un changement de statut de l'éducation. Elle est à présent au coeur des préoccupations de nos concitoyens qui ont envie d'en débattre, de ne pas la laisser aux mains des experts.

La ministre de l'Education nationale affiche ses ambitions : son discours est-il de nature à modifier dans les salles des maîtres et des professeurs, un climat marqué par l'inquiétude et le "à quoi bon" ? C'est la question posée dans l'analyse, en fin de lettre.

Les ESPE sont-elles en mesure de relever les "redoutables défis" auxquels elles sont confrontées ? Les inspections générales posent la question.

Des informations à retrouver ci-dessous, si vous ne les avez pas reçues dès leur publication (ici)

LE SYSTEME SCOLAIRE

Réforme du collège, évaluation, socle commun : les ambitions de N. Vallaud-Belkacem (lire l'article).

Budget 2015 pour l'enseignement scolaire : +2,4 %. Le fonds d'amorçage sera maintenu pour les communes en difficulté (lire l'article).

Les ESPE sont "confrontées à de redoutables défis" (lire l'article).

Eric Favey et Marc Rolland nommés inspecteurs généraux de l'Education nationale (lire l'article).

Les inspections générales de l'Education nationale mobilisées sur le suivi de la refondation et de la "Grande conférence sociale" (lire l'article).

Commissaire européen à l'éducation : le Parlement pourrait rejeter la candidature de Tibor Navracsics (lire l'article).

Réforme du collège et du lycée : le SNALC présentera ses propositions à Najat Vallaud-Belkacem (lire l'article).

ORIENTATION - INSERTION

N. Vallaud-Belkacem : "La séparation formation initiale / formation continue ne me paraît pas pertinente" (lire l'article).

N. Vallaud-Belkacem apporte son soutien à la voie professionnelle et à la boulangerie (lire l'article).

PEDAGOGIE - VIE SCOLAIRE

L'UNICEF et Tralalere produisent des dessins animés et un serious game pour lutter contre la violence scolaire (lire l'article).

Les enseignants n'ont pas assez d'informations en retour sur leur action, estime l’OCDE (lire l'article).

Le socle commun, "et ailleurs" ? s'interroge R-F Gautier dans les "Cahiers pédagogiques" (lire l' article).

Les manuels et autres outils pédagogiques sont-ils facteurs d'inégalité ? (Appel à contributions) (lire l'article).

NUMERIQUE

Numérique : la Commission européenne demande aux systèmes éducatifs de passer à la vitesse supérieure (lire l'article).

Le CNNum propose la création d'un CAPES, d'une agrégation et d'un baccalauréat du numérique ( lire l'article).

LES ENSEIGNANTS ET LES PERSONNELS

Postes à profil : le Conseil d'Etat annule les deux circulaires sur les affectations "hors barème" (lire l'article).

12 % des absences sont non remplacées dans le 1er degré (Le Parisien) (lire l'article). La réponse du ministère laisse entrevoir d'autres préoccupations (lire l'article) tandis que Claude Lelièvre rétablit les chiffres (lire l'article).

Représentativité syndicale : seconde victoire juridique de la FAEN (lire l'article).

ESPE et psychologues scolaires: les inquiétudes du SGEN (lire l'article).

Journée mondiale des enseignants : une étude sur leurs salaires en Europe, une déclaration de l'Internationale de l'Education, une manifestation à l'UNESCO (lire l'article).

L'ENSEIGNEMENT PRIVE

L'enseignement catholique veut être "au service de tous et notamment des enfants et des jeunes les plus fragiles" (P. Balmand) (lire l'article).

Forfait d'externat : l'OGEC Saint-Cyr de Moréac (Morbihan) lourdement condamné par la Cour d'appel de Nantes (lire l'article).

Comment appliquer le principe de laïcité dans l'enseignement privé ? La FEP-CFDT ouvre le débat (lire l'article).

JEUNESSE - CULTURE

La dixième édition du Festival du Film d’éducation marquée par son développement européen (lire l'article).

Rattachement de la Jeunesse à l'Education nationale : P. Kanner réticent (SEP-UNSA) (lire l'article).

Maintien pour un jeune majeur de l'aide sociale à l'enfance: un rappel à l'ordre de la CAA de Paris (lire l'article).

 Ville, Jeunesse et Sports : les points saillants du projet de budget 2015 (lire l'article).

AU JO

Au JO du 2 au 5 oct. : Marianne de Brunhoff, le numérique éducatif, le cabinet de G. Fioraso, J & S (lire l'article)

A L'AGENDA (ici)

Dans les jours qui viennent

Du 8 au 10 octobre - Vichy, Neuj'Pro

Le 9 octobre 2014 - Paris - Colloque de la CPU : "Universités : le défi de la formation des enseignants ?" 

Le 9 octobre 2014 - Angoulème - Enfants connectés : éduquer à l'ère numérique

Le 9 octobre 2014 - Paris - Collèges REP+, "état des lieux et devenir" (SNES - SNEP - SNUPDEN)

Les 10 et 11 octobre - Paris - Centenaire de la société des agrégés

Le 10 octobre - Paris - Lire et faire lire : "les bénévoles, acteurs d'une éducation partagée ?"

Le 11 octobre - Le Kremlin-Bicêtre - 8ème journée nationale des "dys"

Le 13 octobre - Paris . Prévention de la délinquance des mineurs

Le 13 octobre - Paris" - Penser les reconversions disciplinaires" (Institut de Recherche de la FSU)

Le 14 octobre - Paris - Enfance en danger : articuler recherche et pratique

Les 15 et 16 octobre - Rennes : 9ème édition des Rencontres nationales de l'éducation

A ajouter à votre agenda

Les 27 et 28 octobre - Villeurbanne: Congrès de l'ANACEJ sur le thème de la mobilité des jeunes

ANALYSE. Jacques Risso vient de "croquer" la consultation sur "le socle commun" qui se déroule actuellement dans les écoles et les collèges (ici). Une enseignante se souvient de toutes les consultations qui ont précédé, souvent pour rien, elle remplit pourtant consciencieusement le questionnaire que lui a envoyé le ministère, le plie, le met ... dans une bouteille qu'elle jette à la mer. Il est trop tôt pour savoir si, et comment, les enseignants se sont emparés de cette consultation. Tous n'ont sans doute pas eu le sentiment de vanité évoqué par le caricaturiste, mais après le choc des années Sarkozy, beaucoup subissent le contre-choc de la refondation, tandis que leurs difficultés restent désespérément les mêmes. Ils ont le sentiment que personne ne se soucie vraiment de leurs "vrais" problèmes, alors qu'ils peuvent lire dans le ciel l'annonce de bouleversements à venir.

Cette semaine, comme chaque semaine, les signes sont multiples. Leur conjonction, comme celle des astres, n'influera pas davantage sur les évolutions de notre système scolaire que les précedentes. Mais qu'on les espère ou qu'on les redoute, les perspectives de changement sont d'autant plus déstabilisantes qu'elles touchent aux représentations, aux repères. Après un début de polémique sur le non-remplacement des enseignants du premier degré, Florence Robine, directrice de l'enseignement scolaire au ministère, explique qu'il faut élargir le vivier de recrutement à des étudiants de disciplines non scolaires, le droit par exemple. C'est l'identité d'une profession qui se trouve, potentiellement, bousculée. Le secrétaire général de l'enseignement catholique, comme ses deux prédécesseur  mais plus nettement peut-être, met l'accent sur "l'accueil des jeunes les plus fragiles". Tous les établissements sous contrat ne vont pas s'installer pour autant dans des banlieues difficiles afin de mieux s'ouvrir aux "jeunes des cités", mais l'image du "privé" bouge. Le SNALC, un syndicat connu pour son souci de préserver une forme pédagogique plutôt traditionnelle, indique avoir été bien reçu au ministère où il a exposé ses propositions pour le collège et pour le lycée, qui, si elles sont mises en oeuvre, en modifieraient profondément les structures ... et la pédagogie. La ministre s'élève contre la distinction entre formation initiale des enfants et des adolescents et formation continue des salariés, elle parle d'un "continuum" alors que l'Ecole se vit comme un monde distinct, à part. La Commission européenne et le Conseil national du numérique lui demandent en plus d'accélérer sa mutation avec "une organisation plus horizontale, plus coopérative", alors que notre modèle est vertical et individualiste.

C'est dans ce contexte, dans cet "air du temps" marqué par l'inquiétude et le "à quoi bon", qu'il faut sans doute comprendre un phénomène médiatique assez surprenant. Jérémie Fontanieu est un jeune enseignant de SES (sciences économiques et sociales) au lycée Delacroix de Drancy. Il a réagi vigoureusement à l'absence de travail de ses élèves et créé les conditions d'un choc salutaire grâce, explique-t-il, à "la coopération entre collègues" et avec les parents qui sont "tenus au courant des évolutions, positives comme négatives, des élèves grâce à des SMS hebdomadaires". Un article dans les Cahiers pédagogiques puis une émission sur France-Culture (Rue des écoles) ont provoqué l'intérêt des médias, la blogosphère et les réseaux sociaux se sont enflammés, comme il le raconte fort bien lui-même dans le Huffington Post (ici)... Mais que penser de cette initiative ? Lui-même reconnaît qu'il ne peut s'agir d'une "méthode", puisque ce qui fonctionne, fort bien semble-t-il, avec des jeunes relativement sélectionnés et déjà adultes ou presque ne peut être transposé dans d'autres contextes, un collège par exemple. Peut-on même parler d'une "expérimentation pédagogique" ? Ce n'est pas évident, tant la réflexion sur les conditions de sa pérennisation fait défaut. Elargie à l'ensemble des classes du lycée, elle perdrait sans doute l'un de ses ressorts, le sentiment qu'ont ses élèves de participer à quelque chose d'un peu exceptionnel. Il est même possible que reproduite d'une année sur l'autre, l'initiative s'émousse, se banalise, et que les facteurs socio-culturels qui favorisent le dilettantisme des élèves prennent le pas sur le volontarisme de leurs enseignants.

La meilleure chance de succès dans la durée de Jérémie Fontanieu et de ses collègues vient de ce qu'ils font, un peu comme M. Jourdain de la prose, de "l'évaluation par contrat de confiance" (voir ToutEduc ici) sans le savoir. Leur propos fait pourtant d'abord penser aux discours sur la "tolérance zéro", il est répressif, mais il change rapidement de registre pour devenir bienveillant. Les élèves sont prévenus de ce sur quoi porteront les contrôles. Leurs notes s'améliorent, le travail de révision devient "payant", un cercle vertueux est enclenché. Mais comment comprendre l'emballement médiatique qu'a provoqué cette initiative, qui ne vaut pas moins mais pas mieux que quelques milliers d'autres, de la part d'enseignants tout aussi imaginatifs et généreux ?

Le discours de Jérémie Fontanieu, même si ce n'est finalement qu'un discours sur l'air du "yes, we can", du "il est possible de se sortir du désenchantement ambiant", a d'autant plus d'impact que ceux des politiques semblaient jsuqu'à présent incapables de réveiller les enthousiasmes. Najat Vallaud-Belkacem vient de déclarer que son ambition était d' "amener l’intégralité d’une génération, et non pas seulement une partie d’entre elle, à la maîtrise du socle commun". Ces mots suffiront-ils à modifier le climat ambiant, à mobiliser les énergies ?

* ToutEduc fait confiance à ses lecteurs pour respecter le travail de ses journalistes, et ne "forwarder" sa lettre et ses dépêches (même au sein d'une même entreprise, institution ou association) qu'à des personnes susceptibles de s'abonner, sauf dans le cas d'un établissement scolaire. Les photocopies doivent être déclarées au CFC.

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