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Les ESPE "confrontées à de redoutables défis" (inspections générales)

Paru dans Scolaire le mercredi 08 octobre 2014.

"Les ESPE vont être confrontées à de redoutables défis au cours de l’année à venir pour réussir la mutation des ex IUFM en écoles supérieures du professorat et de l’éducation et vaincre les résistances culturelles qui peuvent encore se manifester au niveau des formateurs disciplinaires comme des formateurs de terrain." Cette formule apparaît dans la conclusion du rapport des deux inspections générales de l'Education nationale sur la mise en place des ESPE, et que le ministère vient de publier.

La mission souligne "la réussite, relative mais réelle compte tenu du contexte, de la phase de mise en place des instances" de ces écoles "dans un contexte juridique évolutif et un calendrier particulièrement contraint", mais elle rappelle aussi les conflits qui sont apparus à l'occasion de l'élection des directeurs : "Certaines académies ont même connu une situation de conflit aigu quand le choix du ministère s’est porté in fine sur un candidat qui n’avait pas été positionné au premier rang par le conseil d’école." Il attire l'attention sur "le fonctionnement effectif des organes exécutifs, le conseil d’école, le conseil d'administration de l’établissement de rattachement, le conseil d’orientation scientifique et pédagogique ...

Un tronc commun qui est un maillon faible

Le rapport pointe notamment les faiblesses de la mise en place du "tronc commun" qui devrait pourtant "constituer le maillon fort de la formation réformée des enseignants" et qui semble en être "le maillon faible qui cristallise les résistances". Les auteurs soulignent que "le temps nécessaire à la collégialité ne semble pas avoir été trouvé "et l'enseignement se résume "à une superposition de thématiques abordées sans cohérence (...)." Les étudiants ne perçoivent pas ces enseignements "comme un facteur de réussite au concours auquel ils se présentent, ni comme un facteur de professionnalisation à même de les préparer à entrer dans le métier (...). Si les concours devaient ne pas donner une place quantitative à l'évaluation des compétences professionnelles, la motivation des étudiants à suivre les enseignements correspondants, et en particulier ceux du tronc commun, en serait sans doute affectée (...). Même si le concept de 'pilotage par le concours' a des limites, il n'en reste pas moins difficile de convaincre de futurs candidats du bien fondé d'un enseignement dont les bénéfices sont différés à l'après-concours."

Des parcours atypiques non anticipés

Autre difficulté pointée dans le rapport, la gestion des "admissibles déjà titulaires d’un M2". Un peu plus de la moitié des lauréats sont ainsi dans une situation qui n'avait pas été bien anticipée : "les académies ont découvert cette diversité en juillet, après les résultats de l’admissibilité" et "dans la grande majorité des situations, les universités ont proposé à ces admissibles de suivre, au sein des 9 MEEF existants, les modules relatifs à la préparation des épreuves d’admission" sans pour autant s'interroger sur le montant des droits d’inscription.

Le rapport souligne également que "les problèmes organisationnels" pèsent sur le quotidien des formateurs et que "les faiblesses des coordinations" sont "cruciales dans un dispositif de formation dont la plus-value repose sur l’articulation formation / métier". Résultats : "manque de contact entre formateurs de terrain et formateurs en exercice à l’ESPE, absence d’outils communs de suivi des stagiaires, évaluation de l’activité des stagiaires marginalisant l’aspect professionnalisation, encadrement des formateurs de terrain et des tuteurs très lacunaire."

Les deux inspections générales constatent aussi "la faible part réservée aujourd’hui à la diffusion des acquis de la recherche en éducation dans les maquettes de masters MEEF" et y ajoutent "le manque de disponibilité des étudiants de M2 accaparés par leur mi-temps en responsabilité au sein d’un établissement scolaire et concentrés sur leur évaluation". Elles se demandent comment, dans ces conditions, "ils vont pouvoir mener leur travail de recherche".

Quel budget ?

Enfin, elles posent la question du budget des ESPE qui ne disposent en tant que composantes d’une université "que d’un budget propre intégré", le BPI. Or il faut "rendre lisibles en les valorisant les apports respectifs des représentants de l’État employeur d’une part, et des représentants des universités en charge de la formation rénovée, d’autre part, ce qui suppose qu’un consensus soit préalablement recueilli et partagé sur les modalités d’élaboration d’un tel budget, sur les indicateurs qui permettraient de définir les modalités de financement par les partenaires qui sont appelés à contribuer à l’équilibre budgétaire de l’ESPE". La mission souligne donc "la nécessité de progresser rapidement et de façon significative sur la construction de cet outil budgétaire stratégiquement essentiel pour le bon fonctionnement des ESPE en vue de l’exercice 2015".

Le rapport est téléchargeable ici

 

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