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La Lettre de ToutEduc n° 61 du 30 mars 2011

Paru dans La lettre le mercredi 30 mars 2011.

EDITORIAL. Trois paradoxes et un peu d'espoir...

Et s'il fallait "faire baisser le niveau"? C'est la question paradoxale que nous pose Cuba, où l'on compte 15 techniciens pour un ouvrier, et qui forme des universitaires, mais n'a personne pour faire tourner ses usines. La réforme lancée par Raúl Castro vise à former les jeunes "en adéquation avec les besoins économiques et la réalité du marché du travail"... (Cuba: Une transformation totale du système éducatif national pour former plus d'ouvriers et de techniciens.). 

Et si la discrimination positive devait s'appliquer ... aux hommes, qui sont trop peu nombreux à vouloir enseigner? C'est la question que nous pose le Québec, lorsqu'il réfléchit à l'échec des garçons (Faut-il plus d'enseignants hommes? Faut-il instaurer une discrimination positive? (Québec)). Disons-le sans hésiter, l'argument est plus sensé que celui de cette inspectrice du Limousin qui aurait voulu réserver l'enseignement dans les classes préparatoires aux hommes, lesquels ont davantage de temps à consacrer à leur profession que les femmes puisque, c'est bien connu, ils ne s'occupent pas chez eux des enfants.

Et si, au moment même où le débat sur le débat sur la laïcité fait rage au sein de l'UMP, il fallait se préparer à produire l'acte de décès de la loi de 2004 sur le port de signes religieux dans les enceintes scolaires? Revenons un instant sur "l'affaire" du lycée de Saint-Ouen et des "robes", "longues, noires, larges" portées par quelques élèves qui ôtent leur voile avant de franchir les portes de l'établissement. Depuis la dernière lettre (ici), les acteurs locaux, impossibles à joindre lorsque nous avions donné l'information, commencent à parler, et tentent de dédramatiser l'affaire. Les élèves ne seraient pas menacées d'exclusion, mais les robes en question seraient des "abayas" (selon "Le Monde", ici). Faut-il les considérer comme des "signes religieux" ou comme des "signes identitaires"? Ces élèves sont-elles manipulées? Seules des enquêtes de terrain permettraient, peut-être, d'apporter des réponses. Admettons provisoirement que ces robes soient religieuses. Si le lycée décide de ne pas exclure des jeunes filles qui portent ostensiblement des "signes religieux", la loi apparaît comme inapplicable. S'il le fait et que les juridictions d'appel lui donnent tort, la loi est morte. S'il le fait et que le Conseil d'Etat lui apporte sa caution, l'application de la loi va ressembler au jeu du chat et de la souris, l'inventivité en matière de nouveaux "signes religieux" étant sans limite, et les administrations sommées à chaque fois de démêler le religieux de l'identitaire, ou de la mode, ou de l'exercice de la liberté individuelle: la loi devait justement éviter ces débats sans fin. Les conseils de disciplines disposent toutefois de moyens imparables pour ne pas voir leurs décisions annulées par les tribunaux administratifs. Au lieu d'invoquer le caractère religieux et ostentatoire du vêtement, ils pourraient faire valoir qu'il y a trouble à l'ordre public et prosélytisme. C'est ce que prévoyait l'avis du Conseil d'Etat sollicité par Lionel Jospin. Pour des raisons qui lui appartiennent, l'administration du ministère n'en avait pas expliqué la portée aux chefs d'établissements qui ont continué d'exiger qu'une loi vienne clarifier la situation. Elle n'est pas clarifiée et nous voici ramenés à l'état "quo ante".

La question de fond est ailleurs, et bien plus grave: jusqu'à quel point une loi peut-elle régler un problème de société?

Et si nous jetions un autre regard sur l'échec au collège. Un chef d'établissement vient d'écrire un livre admirable, "Le principal, il nous aime pas" ("Le principal, il nous aime pas", un livre exceptionnel), à lire d'urgence pour comprendre ce qu'est la souffrance des enseignants et d'une administration, confrontés au désespoir de certains jeunes, mais aussi pour voir que, parfois, des gestes simples, militants sans discours, peuvent détourner le cours de la fatalité. Enfin une bonne nouvelle.

Voici une sélection des autres informations publiées cette semaine.

SYSTEME SCOLAIRE ET ETABLISSEMENTS

L'association des chercheurs en sciences de l'éducation propose de déconstruire la notion de "crise" qui n'aide pas forcément à comprendre les situations et les évolutions éducatives actuelles (Faut-il déconstruire la notion de "crise" dans l'éducation? (CREF et AECSE)). Plusieurs syndicats de la FSU voudraient "redonner un avenir au collège" (ici)

Un colloque organisé par l'ESHA (l'association européenne des chefs d'établissements) permet de voir jusqu'où peut aller, en Grande-Bretagne, l'autonomie des collèges et lycées (Grande-Bretagne: Quels sont les moyens de l’autonomie des établissements? (actes du colloque d’ESHA France)).

PEDAGOGIE

Le projet de Déclaration des Nations Unies sur l'éducation aux droits de l'Homme a été adopté, le Maroc et la Suisse ont joué un rôle essentiel (Le projet de Déclaration des Nations Unies sur l'éducation et la formation aux droits de l'Homme est adopté.). Mais on n'en est qu'au projet!

Pour apprendre à lire et à écrire, Twitter permettra-t-il de dépasser la querelle du "B-A ba" (Twitter pour apprendre à lire et à écrire (Le Café pédagogique))?

En matière de "raccrochage", Fadela Amara, lorsqu'elle était chargée de la politique de la Ville, avait mis l'accent sur les "micro-lycées": l'OZP aimerait bien savoir si ce projet est encore d'actualité (Raccrochage: l'OZP crée une rubrique pour suivre les "micro-lycées"). Pour les élèves exclus dans le quartier "difficile" du Val-Fourré, la solution semble trouvée, un stage à la radio. Mais le collège risque de leur sembler ensuite bien terne (Elèves exclus: la radio du Val-Fourré les prend en stage).

Après la semaine de la presse à l'école, le CLEMI interpelle les enseignants du premier degré (Presse à l'école: Le CLEMI interpelle les enseignants du premier degré. (interview)).

Pour prévenir les dangers de l'Internet, faut-il miser sur la peur ou sur l'éducation? Sur des intervenants extérieurs, ou sur les enseignants? Le site OWNI pose la question, et y répond (Dangers de l'Internet: la peur ou l'éducation?).

Le Conseil constitutionnel est saisi d'une "QPC" sur l'enseignement des langues régionales, après que deux cours d'appel ont rendu des décisions défavorables au bilinguisme (Langues régionales: le Conseil constitutionnel est saisi).

VIOLENCES SCOLAIRES

Comment parler des "violences scolaires" sans tomber dans les généralités, et sans que le sens des nuances, nécessaires, rende inaudible le message? C'est le pari tenté par les Cahiers pédagogiques qui veulent déconstruire les idéologies à l'oeuvre (Violences scolaires: "L'enseignant ne peut pas tout, mais il ne peut pas rien non plus". (Patrice Bride, Cahiers pédagogiques)). Pour prévenir ces violences, l'Unicef plaide pour la prévention précoce (Violences scolaires: L'Unicef plaide pour la prévention précoce.). 

Une thèse soutenue à Montréal montre à quelles conditions l'amitié aide les enfants victimes de harcèlement à surmonter cette épreuve, ou au contraire participe à leur dépression (Harcélement entre élèves et résilience: L'attitude des amis des victimes en question. (thèse)). Une autre thèse montre comment les enseignants roumains et québéquois supportent ces violences (Violences à l'école: les conditions favorables à la résilience des profs (thèse).). L'Université d'Artois organise un colloque international sur ces violences (ici).

PETITE ENFANCE

A Tourcoing, on fait d'une pierre deux coups:  permettre à des jeunes filles de se former alors qu'elles sont en rupture scolaire, et permettre à des femmes en insertion et ayant des horaires atypiques de disposer d'un service de garde pour leurs enfants (Petite enfance: une crèche pensée pour les mères en insertion (Tourcoing).).

ENSEIGNANTS

La Cour administrative d'appel de Bordeaux a rendu une décision étonnante: les enseignants précaires ne peuvent obtenir de CDI avant 6 ans de contrats à durée déterminée. La loi semblait poser un maximum et non pas un minimum (CDI dans l'Education nationale: jamais avant 6 ans (CAA de Bordeaux)).

PERISCOLAIRE

Le 3ème salon des outils de l'éducation populaire est organisé la semaine prochaine à Saint-Denis (ici).

Les 11-15 ans ne seraient-ils pas les grands absents des politiques jeunesse? "Neujpro" posait la question, et les actes sont disponibles (Politiques jeunesse: Les 11-15 ans sont-ils les grands absents? (Neujpro 2010))

JEUNESSE ET ENGAGEMENT

Y aura-t-il 15 000 jeunes en service civique cette année? C'est l'objectif du Gouvernement (Service civique: 15 000 contrats en 2011?).

L'association ÉVEIL, qui vise la sensibilisation des jeunes à la citoyenneté, organise un Forum Jeunes "L'égalité garçons-filles: parlons-en !" (ici).

PROTECTION DE L'ENFANCE

Les règles de financement de la protection de l'enfance sont conformes à la constitution. Plusieurs départements estimaient au contraire qu'il y avait eu transfert de charges sans compensation (Financement de la protection de l'enfance: pas de transfert de charge (Conseil constitutionnel)).

CULTURE

Après le jugement du TGI de Caen qui pourrait remettre en cause la participation des intermittents du spectacle à l'enseignement, ToutEduc a fait le point avec le ministère de la Culture (Intermittents du spectacle: un point avec le ministère de la Culture).

Le CAUE du Rhône organise une exposition Histoire des Arts / Arts de l’espace, avec les élèves qui ont travaillé avec des architectes (ici)

INTERNATIONAL

Il est encore temps de proposer à la Qatar foundation des candidats au "Grand prix international pour l'éducation". Le jury a été constitué ([#3460]).

TEXTES OFFICIELS

Au JO du 22 au 27 mars: le cirque, les langues, l'inspection et l'administration, J & S, les aveugles ([#3440])

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