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Presse à l'école: Le CLEMI interpelle les enseignants du premier degré. (interview)

Paru dans Scolaire le jeudi 24 mars 2011.

"Qui fait l’info ?", voilà le thème de la 22e édition de la Semaine de la presse et des médias dans l’école , organisée par le Clemi (Centre de liaison de l'enseignement et des médias d'information) du 21 au 26 mars. Enseignants et élèves sont invités à questionner les problématiques liées aux sources et au statut de l’information, à la déontologie des journalistes, à la différence entre communication et information. Nouveautés, évaluations, points d'amélioration... Elsa Santamaria, coordonnatrice de la semaine, fait un point pour ToutEduc sur les retombées de l'évènement et invite à réviser en positif l'évaluation des rapports des jeunes à la sphère médiatique, la presse écrite notamment.

ToutEduc: La semaine s'adresse en théorie aux jeunes des petites sections jusqu'au lycée. Quel public touchez-vous dans les faits? Comment sensibiliser aussi bien les ados que les tout petits?

Elsa Santamaria: La semaine de la presse touche 80% des collèges, 72% des lycées généraux, 81% des lycées professionnels, et 7% des écoles. Depuis juillet 2006, l’éducation aux médias est une composante du socle commun de connaissances et de compétences que tout élève doit maîtriser en fin de scolarité obligatoire. La Semaine de la presse et des médias rentre par ailleurs  dans le cadre des "enseignements d’exploration", nouvellement créés en classe de seconde. Pour cette 22e édition, 15 049 établissements et 1 885 médias sont engagés dans l’opération, dont 720 titres de la presse écrite. A noter que l’année 2011 est un cru exceptionnel avec une participation record de 135 journaux scolaires (+ 65% d’inscrits par rapport à l’édition 2010) et plus de 10 000 exemplaires offerts, acheminés en partie gratuitement par le groupe La Poste.

Le bilan de 2010, révéle que, comme chaque année, seuls 10 % des 55 700 écoles primaire (écoles maternelles et élémentaires) s’inscrivent: c’est peu comparé aux pourcentages de participation dans le second degré.

ToutEduc: Cette percée relative dans les petites sections est-elle liée à une question d'âge, disons franchement de maturité des enfants?

Elsa Santamaria: L'un des chantiers actuels du Clemi est de travailler avec les inspecteurs d'académie pour sensibiliser le premier degré. Plusieurs explications peuvent être avancées. Dans le second degré, les inscriptions sont prises par les documentalistes, souvent dès le début de l'année. Elles ont par ce biais un caractère quasi-systématique. Dans le premier degré, l'inscription dépend des initiatives individuelles.

Ensuite, pour beaucoup d'enseignants du premier degré, mener un projet avec des petits semble compliqué, voire impossible étant donné que ces enfants sont non-lecteurs. Il n'en est rien. Pour aider ces enseignants, le Clemi propose une fiche pédagogique pour la maternelle. Différentes possibilités d'activités y sont listées et détaillées: reconnaître les différentes parties de la Une ; entourer ce qu'on connait, les constantes de la Une ; apprendre à différencier photos et publicités; repérer les articles (titre, sous-titre, photo, texte) et leur disposition (colonnes); percevoir la diversité des contenus des articles (prise en compte des indices non linguistiques...); émettre des premières hypothèses de sens.

Des prolongements sont possibles avec les enfants de moyenne section. Le Clemi propose la réalisation d’un "journal" à partir de photos prises en classe. Les enfants sont invités à reconstituer les événements de la semaine, les légendes sont dictées à l’adulte.

ToutEduc: La nouvelle génération est souvent présentée comme la génération des écrans. Constatez-vous un certain désaveu de la presse écrite?

Elsa Santamaria: Non, bien au contraire. Plusieurs éléments, aussi bien relatifs aux enseignants qu'aux élèves, en témoignent.

Le Clemi propose des stages de formation aux professeurs, dont le contenu suit bien évidemment l'évolution des supports médiatiques: webradio, réseaux sociaux... Ceci n'empêche pas que les demandes de stages liés à la presse écrite augmentent régulièrement. Pour faire bref, les demandes de formations aux nouveaux médias se surajoutent à celles des formations à la presse écrite, les premieres n'anullant pas les secondes.

Du côté des élèves, les remontées de la Semaine ne concordent pas avec l'images de jeunes accros aux images et dépendants des écrans. Nous sommes même très surpris de constater le nombre de quotidiens de presse écrite cités dans l'évaluation du dispositif. Les jeunes manifestent leur plaisir de découvrir la diversité des médias, mais surtout les médias "à points de vue", "à opinion", qui les éloignent de leurs habitudes de lecture, souvent des quotidiens gratuits faits de dépêches. Ils se révèlent très ouverts aux débats d'opinions.

Du côté des médias, enfin, l'implication de la presse écrite est nette: en 2010, parmi les partenaires de la semaine, près de 8 journalistes sur 10 venaient de la presse écrite.

ToutEduc: Vous évoquez les remontées du programme. Concrétement, comment l'impact pédagogique de la semaine est-il évalué?

Elsa Santamaria: A partir de samedi, comme chaque année, les enseignants vont être invités à remplir une évaluation en ligne (ici). Ils pourront détailler ce qui marche auprès des élèves, ce qu'ils ont fait ou pas, leurs besoins, ce jusqu'au 6 mai. 5000 réponses ont été retournées en 2010, permettant d'identifier de nouvelles demandes. Ce bilan génère notamment la création de nouvelles fiches pédagogiques. Ce fut le cas pour la fiche dédiée à la maternelle, mais aussi celle concernant le webreportage. 

En général, nous avons peu de remontées négatives. Le rapport d'activité 2010, signale toutefois que parmi les enseignants participants, certains regrettent de ne pas être suffisamment accompagnés par l’équipe éducative. Cette remarque revient assez souvent.

ToutEduc: Le traitement médiatiques des jeunes des banlieues est sujet de débat. Observez-vous un détachement de certains jeunes vis à vis de la presse?

Elsa Santamaria: La semaine touche autant les établissements des ZEP que les établissements des centres villes. Notons que ce sont les enseignants qui font la démarche d'inscrire leurs classes.

Le Clemi ne propose pas de stages ciblés sur ces questions. En revanche, dans le cadre de la 22ème semaine de la presse, nous mettons en place des ateliers pédagogiques, en partenariat avec la Cité nationale de l'histoire de l'immigration (CNHI). Les élèves peuvent y visiter l’exposition "Repères" et suivre des animations pédagogiques à la médiathèque sur le traitement de l'immigration dans les médias. Dans ce cadre, un grand débat a eu lieu le 23 mars, animé par la journaliste Audrey Pulvar: "Médias: un nouveau regard sur l'immigration". Il est en visionnage libre sur le site deCuriosphère.

Le Clémi signale enfin à tous les enseignants intéressés qu'un document concernant le Japon est en ligne, pour aider à aborder le traitement médiatique de l'actualité de l'ïle. Le lien ici.

 

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