La Lettre de ToutEduc n°255
Paru dans La lettre le mercredi 11 mars 2015.
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La Lettre de ToutEduc n°255, du 11 mars 2015
A LA UNE. C'est évidemment l'annonce de la réforme du collège, et plus largement, la réforme de notre système scolaire qui est "à la une" cette semaine, et qui fait l'objet de "l'analyse".
A noter pourtant plusieurs autres actualités qui ont pu échapper aux médias traditionnels : les ELCO (enseignements des langues et cultures d'origine) pourraient être réformés. Même les bâtiments scolaires neufs ne sont pas toujours accessibles aux élèves handicapés. Patrick Kanner semble se tourner davantage vers les collectivités que vers les associations pour remplir les objectifs assignés au service civique.
Des informations à retrouver ci-dessous, si vous ne les avez pas reçues en temps réel (en renseignant l'onglet mes alertes, ici)
REFORMER
Repenser la République, refonder l'école, proposer un "new deal" aux associations (M. Valls) (lire l'article)
La réforme du collège sur les rails ? Najat Vallaud-Belkacem en dévoile les grands axes (lire l'article).
Socle commun : de subtils glissements aux dépens de l'autonomie des élèves ? (exclusif) (lire l'article).
"Les réformes pédagogiques sont probablement les plus difficiles à mener" (V. Dupriez, université de Louvain) (lire l'article).
Mixité sociale à l'école : Choukri Ben Ayed constate l'échec des politiques mises en oeuvre jusqu'à présent (lire l'article).
Réformes : les positions du SNPDEN sur le collège, de la FCPE sur l'individualisation des aides, de la FEP sur la mixité sociale (lire l'article).
PEDAGOGIE
Numérique : un appel à projets pour des collèges expérimentateurs dans le cadre du "grand plan" (lire l'article).
Les ELCO, un enseignement comme les autres des langues étrangères ? (lire l'article).
Suivi individualisé des élèves : "ça peut marcher" (Cour des comptes) (lire l'article).
LES ELEVES
Accessibilité des écoles aux élèves handicapés : trop de bâtiments construit récemment ne sont pas aux normes (lire l'article).
Et si les filles prenaient un peu de libertés avec la norme scolaire ? (OCDE) (lire l'article).
Filles et Garçons : le ministère poursuit ses efforts en faveur de l'égalité (lire l'article).
Les enfants Roms de Wissous seront-ils scolarisés ? (La voix de l'enfant) (lire l'article).
Les députés proposent de garantir le droit d'accès à la cantine (commission des affaires culturelles) (lire l'article).
Education sexuelle en Suisse : les élus massivement opposés à sa limitation (lire l'article).
Elèves : le calendrier scolaire, l'orientation, l'égalité filles-garçons, les activités pédagogiques complémentaires (lire l'article).
LES ENSEIGNANTS
Obligations de service des enseignants : deux décisions de justice (lire l'article).
Enseignants : obligations de service, retraite, mouvement, candidatures à Créteil (le SNALC, la FEP, le SGEN, le ministère) (lire l'article).
La santé mentale des enseignants menacée... au Québec (lire l'article).
ORIENTATION - INSERTION
L'apprentissage doit être complémentaire de la formation en lycée professionnel (dossier de veille de l'IFÉ) (lire l'article).
Mobilité internationale des jeunes : des comités régionaux où les jeunes seront représentés (Localtis) (lire l'article)
ENFANCE - JEUNESSE
Voile dans les crèches et accueils de mineurs : la proposition de loi adoptée par la commission des lois (Localtis) (lire l'article).
P. Kanner aux préfets de région : " Mobilisez-vous pour aboutir à ce que 50% des missions du service civique viennent des collectivités territoriales" (lire l'article).
P. Kanner souhaite "préserver le service civique volontaire" tout en renforçant son dispositif (lire l'article).
Les jeunes de banlieue sont-ils antisémites ? (colloque du CNRS repris par "Le fait religieux") (lire l'article).
AU JO
Au JO du 3 au 8 mars : Jeunesse & Sports, les filières sélectives, les ESPE, l'enseignement privé... (lire l'article)
A L'AGENDA
Le 12 mars - Paris - L’école commune, pour plus d’efficacité et moins d’inégalités...
Le 12 mars - Paris - Expérimentation sociales : des jeunes et des politiques publiques
Le 12 mars - Créteil - Décrochage scolaire : prévention, action, évaluation
Le 12 mars - Paris - "Savoirs en questions, questionnement du savoir" (collège des Bernardins)
Le 12 mars - Suresnes -L’école commune, pour plus d’efficacité et moins d’inégalités
Les 12 et 13 mars - Paris-VIII- La construction des dispositions sociales durant l’enfance
Les 12 et 13 mars - Paris - Réforme de la justice pénale des mineurs
Le 13 mars - Paris - L'école du rire aux larmes : soigner les souffrances scolaires (AFAR)
Du 13 au 15 mars - Lyon - "Le pouvoir d’agir dans l’école", colloque d'Education & Devenir
Du 16 au 21 mars - Semaine d'éducation contre le racisme et l'antisémitisme
Le 18 mars - Paris- La formation des maîtres de 1940 à 2010
Les 19 et 20 mars - Rennes - Les disciplines scolaires, miroirs des évolutions contemporaines de la nation.
Le 20 mars - Paris - Observer l’enfance en danger et la protection de l’enfance
A ajouter à vos agenda
Le 25 mars - Paris - Questions actuelles de vie scolaire dans un collège de l’Aisne (avec un CPE)
Le 27 mars - Paris - Les tout-petits ont aussi des histoires d'humour (Quand les livres relient)
Le 1er avril - Paris - Comprendre et faire vivre la laïcité (rencontre OZP)
Le 15 avril - Paris - Le doudou (par Catherine Clément)
Le 6 mai - Paris - Entrepreneur : un nouvel emploi d’avenir après prof ?
Le 30 mai - Paris - "Réussir la mise en œuvre de la refondation de l’éducation"
Du 9 au 11 octobre - Limoges - 10e congrès des enseignants documentalistes de l’Education nationale
Du 18 au 30 octobre - Reims - Le genre dans les sphères de l'éducation, de la formation et du travail.
Les 5 et 6 novembre - Paris - Regards sur la critique de la littérature pour la jeunesse (colloque)
ANALYSE. On peut imaginer que Najat Vallaud-Belkacem a lu, avant de lancer la réforme du collège, le dernier livre de Vincent Dupriez, "Peut-on réformer l'école ?" L'auteur n'est d'ailleurs pas totalement pessimiste. Mais pour lui, il est clair que l'essentiel se passe dans la classe. Le politique ne peut transformer le système scolaire qu'à deux conditions, convaincre tous les acteurs concernés de la gravité de la situation, et donc de la légitimité du changement, et s'appuyer sur un corps enseignant dont l'autorité aura été affirmée, ou "restaurée" puisqu'il semble qu'elle ait été compromise.
Il n'est pas nécessaire d'être grand clerc pour prévoir que cette réforme sera critiquée de toute part. Certains diront qu'elle ne va pas assez loin, et pour d'autres, elle remet en cause des acquis, des statuts, elle compromet la réussite des meilleurs. Peut-être même certains diront-ils qu'elle pervertit l'Ecole qui n'a pas, historiquement, pour mission la réussite de tous ou la mixité sociale, comme nous le rappelle Choukri Ben Ayed. Les commentaires seront d'autant plus nombreux et passionnés qu'il est encore très difficile d'imaginer ce que les nouveaux dispositifs vont, concrètement, changer. Les mauvaises langues ajouteront que nos institutions sont très habiles à "digérer" le changement, et que, moyennant quelques adaptations, chacun retrouvera ses façons habituelles de faire. Risquons ici un paradoxe, c'est plutôt heureux. Un enseignant est doté d'une personnalité singulière, il a un savoir-faire spécifique en même temps que les moyens de s'adapter à des publics chaque année différents, et à des contextes qui évoluent lorsqu'il change d'établissement, que des nouveaux programmes sont publiés, qu'une nième réforme se met en place... S'adapter n'est pas changer du tout au tout, ni se renier soi-même. Le politique qui le demanderait irait évidemment à l'échec.
Lors de la présentation à la presse de la réforme, l'entourage de la ministre insiste, elle ne remet pas en cause l'identité disciplinaire des enseignants. Au contraire, elle insiste sur l'acquisition des "fondamentaux", même si elle préconise des pédagogies actives, et si elle s'inquiète de l'ennui des élèves. A noter d'ailleurs que ce constat, qui faisait scandale quand Philippe Meirieu l'avait évoqué lors d'une enquête sur le lycée ne choque plus personne une quinzaine d'années plus tard.
Najat Vallaud-Belkacem n'avait pas prévu de venir présenter elle-même son projet à la presse, et c'est son directeur de cabinet qui était annoncé. Elle a finalement passé près de trois heures avec les journalistes. Et elle a commencé, comme le fait d'ailleurs le dossier de presse, par souligner la gravité de la situation. Le pourcentage d'élèves qui ne maîtrisent pas les bases est de 12 % en sixième. Il est de 25 %, le double, en troisième. Le collège, dans son fonctionnement actuel, multiplie par deux l'échec scolaire. Mais ce n'est pas la faute des enseignants, c'est celle des deux mandatures précédentes. La ministre est donc bien consciente de la double nécessité de convaincre de la nécessité du changement, de peser de tout son poids politique personnel, sans toutefois heurter les premiers acteurs du dit changement.
En même temps, elle voit comme un atout le fait que cette réforme s'accompagne de toute une série d'autres bouleversements qu'elle ne cite pas tous, mais qu'on peut lister ici : nouveau socle commun et nouveaux programmes, nouveaux cycles d'enseignement, liaison école-collège, nouveaux parcours d'orientation, citoyen, artistique et culturel, nouvelles règles pour la carte scolaire, nouvelle carte de l'éducation prioritaire, nouvelles règles pour l'affectation des moyens, grand plan numérique, évolutions de l'évaluation et du brevet, réforme territoriale... Et c'est là qu'est la grande inconnue. Cette réforme du collège s'inscrit-elle dans un ensemble cohérent, qui lui donne sens et la légitime, ou au contraire, sera-t-elle un élément de plus dans une avalanche de réformes qui donne le tournis ? Avec les réactions syndicales, nous aurons un premier aperçu des tendances, mais c'est en réalité dans plusieurs années (en supposant une continuité de l'action politique d'ici-là), que pourra être évaluée l'effectivité des changements, et, quelques années encore plus tard, les effets sur le niveau des élèves.