La Lettre de ToutEduc n°213
Paru dans La lettre le mercredi 21 mai 2014.
Transférer et photocopier nuit gravement à la santé ... de la presse *
La Lettre de ToutEduc n°213, du 21 mai 2014
A LA UNE. Le report de la rentrée au 1er et au 2 septembre a fait couler beaucoup d'encre, chacun imaginant des stratégies politiques. L'expérience nous apprend que les raisonnements machiavéliques sont plus rares que les bugs administratifs. En l'occurrence, la cause invoquée, un logiciel défaillant, est trop invraisemblable pour n'être pas vraie : personne n'aurait pu l'imaginer.
La mission sur les rythmes scolaires témoignait de la sagesse proverbiale des sénateurs, majorité et opposition travaillant ensemble sur la réalité des difficultés. Résultat, l'UMP a jugé que les préconisations allaient dans le bon sens mais pas assez loin, la gauche de la gauche qu'elles allaient trop loin, et la rapporteure a publié un rapport qui "n'existe pas".
Il ne fait jamais bon d'aller en prison, mais pour les mineurs incarcérés à Mayotte, le syndicat FSU de la PJJ dénonce une situation qui évoque les pires époques dans les pires pays.
Des informations à retrouver ci-dessous si vous ne les avez pas reçues "en temps réel". L'analyse porte sur la publication du 1er rapport de l'Observatoire de la laïcité.
LE SYSTEME SCOLAIRE
Prérentrée, priorité à l'Education: Benoît Hamon à l'ESPE de Melun (lire l'article). L'architecture des ESPE sera conservée (lire l'article).
La journée de prérentrée est reportée au 1er septembre (lire l'article). Réactions de la FCPE, du SNUIPP, du SE , de Mara Goyet, de "la vie moderne" (lire l'article). Les arguments du SNES et de la FNEC contre l'idée d'une obligation légale de rattraper la journée du 1er (lire l'article).
La médiatrice demande "plus de concertation et de transparence" pour la carte scolaire (lire l'article).
Diplômes de la voie professionnelle : plus de 650 000 candidats en 2013 (lire l'article).
Etablissements français à l'étranger : menace sur les droits d'inscription (CAA de Paris) (lire l'article).
RYTHMES SCOLAIRES
Les groupes UMP et centristes votent contre le rapport de la mission sénatoriale d'information (lire l'article). Françoise Cartron (PS) "en colère" présente le projet de rapport (lire l'article) et le publie (lire l'article).
L’Observatoire des rythmes et des temps de vie des enfants et des jeunes s’installe (lire l'article).
PEDAGOGIE
LEA : les lieux d'éducation associés à la recherche pédagogique constituent un réseau (lire l'article).
ENT : confusion en Seine-Saint-Denis (rapport de recherche) (lire l'article).
Rencontre entre l'art contemporain et des élèves de Garges-lès-Gonesse (Val d’Oise) (lire l'article).
Le prix des premières lectures décerné le 27 mai (lire l'article).
LAÏCITE
L'Observatoire de la laïcité évoque "un climat scolaire apaisé" (lire l'article).
Son rapport expose ce qu'on a le droit de faire, ce qu'on n'a pas le droit de faire et ce qui se négocie (lire l'article).
ELEVES - ENFANTS- PARENTS
Statut des parents d'élèves : B. Hamon y est "favorable" mais souligne l'existence de "verrous" (lire l'article).
Un enfant sur cinq est en situation de "pauvreté monétaire" (lire l'article).
Harcèlement scolaire : un appel à témoignages pour France 2 (lire l'article)
Les actes des rencontres des PEP 2013 viennent de paraître (lire l'article)
Accompagnement des élèves en situation de handicap : le SE déçu, le SGEN demande davantage (lire l'article).
LE COLLOQUE DU SNPDEN
Se fonder sur les acquis des neurosciences pour concevoir les évaluations et les modalités d'apprentissage (lire l'article).
Pourquoi ne pas tendre vers des notes de 1 à 6 et mixer évaluation de connaissances et de compétences ? (lire l'article).
Des examens plus transparents pour réformer le système d'évaluation (lire l'article).
ENSEIGNANTS
Concours 2013 : le nombre des postes a augmenté plus vite que le nombre des candidats (DEPP) (lire l'article)
Menaces sur l'agrégation ? La société des agrégés dénonce "la suppression des bourses" (lire l'article)
Congrès du SNETAA: Le refus de la régionalisation de la formation professionnelle fait l’unanimité (lire l'article).
PROTECTION DE L'ENFANCE ET JUSTICE DES MINEURS
Mineurs incarcérés à Mayottte : le SNPES-PJJ sonne l'alarme (lire l'article).
Protection de l'enfance : les 40 propositions de l'ONED (lire l'article)
Les actions collectives dans le cadre des mesures de réparations pénales responsabilisent les jeunes (le Journal du Droit des Jeunes) (lire l'article).
AU JO
Au JO du 15 au 21 mai : L'ordre du mérite, un DASEN, un CAP, la PJJ, les MFR... (lire l'article)
A l'agenda cette semaine (ici)
"800 000 enseignants et moi, et moi… " (colloque du SE-UNSA), le 21 mai- Paris.
Présentation par Antoine Prost des réformes de l’éducation de 1936 à nos jours (IREA-CRAP), le 21 mai - Paris.
4e rencontre nationale des LEA (lieux d'éducation associés à l'IFE), le 21 mai - Lyon.
Peut-on encore parler d'Education prioritaire ? Une journée d'études organisée par l'association Education & Devenir et par La Ligue de l'enseignement, le 23 mai - Paris.
Fête de l'ADEP, les 23 et 24 mai - La Roche sur Foron.
Inscrits à l'agenda de ToutEduc cette semaine
Les arts et le sensible à l’école : quelle place, quels enjeux ?, le 11 juin, à Lyon.
Université d'été du Secteur Langues du GFEN; Ethique et évaluation, du 25 au 27 août 2014, à Venissieux
"Où vont les pédagogues ?" Regards et perspectives à partir des travaux de Philippe Meirieu, le 10 janvier à Lyon.
ANALYSE. L'Observatoire de la laïcité publie son premier rapport. Il rappelle des avis déjà connus, et donne un guide juridique très précis, sans éluder les difficultés, les zones de flou. Comment gérer par exemple l'heure du dîner dans un centre de vacances laïc en période de ramadan ? Impossible de se mettre à table avant la rupture du jeûne, ce serait très désagréable pour ceux qui resteraient le ventre vide, et impossible à l'inverse d'aligner les horaires sur une prescription religieuse... Il faut donc trouver, par le dialogue, des "accomodements raisonnables". L'expression, qui prête à controverse n'est pas employée dans le rapport.
Il est en revanche question "d'accommodements mineurs" dans l'exposé de Jean-Paul Delahaye sur l'application de la loi de 2004 proscrivant le port de signes religieux ostensibles. L'ancien directeur de l'enseignement scolaire fait état d'un "climat apaisé" et de difficultés bien réelles, mais extrêmement limitées, concentrées dans un très petit nombre d'établissements. En fait, on sait peu de choses. A part le rapport de l'inspectrice générale Hanifa Cherifi sur la mise en oeuvre de la loi la première année, aucune enquête systématique n'a permis "de recueillir des données qui viendraient confirmer ou infirmer le sentiment assez généralement partagé, au sein du ministère l’Education nationale, que ce texte est appliqué sereinement et qu’il ne donne lieu qu’à de très rares procédures disciplinaires". Le DGESCO a donc interrogé les recteurs, qui font état "d'un très petit nombre d’incidents". Mais "plusieurs académies" ont répondu que, "plus strictement appliqué, ce texte susciterait certainement plus de contestations".
Ce n'est pas la première fois que l'application d'un texte officiel est "à géométrie variable". Les observateurs se souviennent de notes où service statistique de l'Education nationale évaluait à combien de % telle instruction, ou telle réforme était effectivement mise en oeuvre. Et les pourcentages étaient souvent faibles ! On se gausse souvent de la multiplication des textes officiels, mais ils n'ont jamais interdit aux acteurs locaux de se garder des marges de manoeuvre parfois considérables, et même de n'en tenir aucun compte. Dans le cas présent, le mémo de Jean-Paul Delahaye donne à lire, entre les lignes, une certaine gêne. Certes, "la loi est bien acceptée et bien comprise par les élèves et leurs familles". Mais que faire lorsque des jeunes filles portent des jupes longues de type abaya et des gants ? Comment "faire la part entre la revendication identitaire, la revendication religieuse, voire l’expression d’un mal-être adolescent" ? Comment éviter "la mise en péril de la scolarisation des jeunes filles" ? Mais que faire aussi face aux garçons qui portent la barbe, ou la djellaba le vendredi ? Curieusement, remarque malicieusement le DGESCO, la question de leur scolarisation "n’est jamais posée". Lui-même se garde bien d'aller au bout de sa pensée, de souligner une possible source de discriminations. Et dans son exposé, deux logiques ne s'opposent-elles pas ? D'une part la loi, avec les questions qu'elle pose, et d'autre part, la charte, qui "a permis d’entrer dans le dialogue avec les familles et les élèves en cas de contestation", ce qui "n’est pas le moindre de ses mérites". A moins que la charte, et bientôt l'enseignement laïc de la morale, ne soient les compléments indispensables d'une loi qui ne se suffirait pas à elle-même ?
La laïcité est un principe essentiel de notre République, qui, souligne l'Observatoire, "garantit à tous les citoyens de vivre ensemble dans le respect de leur liberté de conscience, de conviction religieuse, agnostique ou athée, dans l’égalité des droits et des devoirs, et la fraternité citoyenne". La loi de 1905 qui lui a donné forme, est "une loi de compromis et d’équilibre". La laïcité était un combat au début du siècle dernier, le principe en est aujourd'hui admis par toutes les forces politiques françaises, mais ses partisans n'en avaient déjà pas la même conception hier. Les compromis et les équilibres se modifient avec l'environnement politique, social et religieux, et ils sont toujours problématiques..
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