Statut des parents d'élèves : B. Hamon y est "favorable" mais souligne l'existence de "verrous"
Paru dans Scolaire le jeudi 15 mai 2014.
Benoît Hamon "n'est pas fermé" et il est même "sur le principe favorable" à un statut pour les parents d'élèves, mais il souligne que sa création se heurte à deux verrous, la contrainte budgétaire et le code du travail, puisqu'il faudrait l'y inscrire. Le ministre de l'Education nationale qui souhaite participer à la conférence sociale comme acteur de la formation professionnelle, posera la question à Pierre Gattaz, le président du MEDEF. C'est l'un des points qui a été évoqué ce 15 mai lors de son audition par la "mission d'information sur les relations entre l'école et les parents" de l'Assemblée nationale.
Pour lui, il est indispensable de reconnaître "la place et le rôle des parents" mais "co-éducation" ne signifie pas qu'ils aient "un droit d'intervention" sur ce qui se passe dans la classe, ni que "tout le monde soit sur le même pied d'égalité". Il souligne la nécessité de "construire un dialogue débarrassé de tous les préjugés" entre les enseignants et les parents, et il pense notamment que le débat sur les rythmes scolaires aura permis que "la parole des parents d'élèves soit plus respectée et plus forte après qu'avant". Le ministre estime de plus que le numérique "va bouleverser la relation enseignants - école - parents", une relation déjà "de plus en plus riche".
C'est ainsi qu'en ce qui concerne l'expérimentation en matière d'orientation en fin de 3ème, le dernier mot étant donné aux parents, ceux-ci doivent être "accompagnés et informés tout au long de l'année". Mais Benoît Hamon est conscient de l'hétérogénéité des demandes des parents, qu'il revient aux associations de représenter, mais aussi de faire des propositions pour structurer les débats. Il insiste sur le rôle de la FCPE et de la PEEP, et il "compte bien s'appuyer sur elles", notamment pour la discussion sur le socle commun. Il indique à ce sujet que le CSP (le Conseil supérieur des programmes) "n'est pas le Gouvernement" et que la proposition qu'il lui remettra sera discutée.
JRE : délégitimer les leaders
Interrogé sur la "journée de retrait de l'école" par Martine Martinel, députée toulousaine sensible aux échos que trouve ce mouvement dans le quartier du Mirail, Benoît Hamon fait part de sa volonté de "calmer le climat scolaire", de dénoncer les "fausses informations" et de "regarder qui parle au nom de quoi". Il distingue des personnes "choquées", dont les angoisses doivent être entendues et des leaders qui scolarisent leurs enfants dans des écoles privées hors contrat, et qui n'ont donc pas de légitimité, estime-t-il, à parler au nom des parents d'élèves de l'école publique où ils veulent importer leurs combats. Celle-ci doit "enseigner l'égalité des femmes et des hommes". En ce qui concerne les moyens de cet enseignement, le ministre rappelle que les ABCD sont en cours d'expérimentation et donneront lieu à une évaluation.
Mais le ministre va plus loin quand il estime qu'on peut, au choix, "entretenir le mythe" d'une école de la République égalitaire, ou "s'attaquer à la réalité" des inégalités.