Archives

ToutEduc met à la disposition de tous les internautes certains articles récents, les tribunes, et tous les articles publiés depuis plus d'un an...

La Lettre de ToutEduc n°24

Paru dans La lettre le jeudi 07 janvier 2010.

La Lettre de ToutEduc souhaite à ses 550 abonnés une année riche d'informations passionnantes en matière d'éducation.

La rentrée 2010 est marquée par la publication au JO des maquettes des concours de recrutement des enseignants. Comme on pouvait s'y attendre, la pédagogie en sort affaiblie, mais il faut attendre les commentaires des experts pour mesurer jusqu'à quel point les enseignants vont perdre en formation professionnelle non disciplinaire, puisque la didactique s'en tire un peu mieux (Cliquez CAPES et agrégation au JO. Lire déjà des analyses de Jacques Nimier et d'Armand Chanel, Formation des enseignants: une analyse de la circulaire (J. Nimier) )

Le Conseil d'Etat n'a pas respecté la trêve des confiseurs. Il a donné raison à Claude Bartolone et Arnaud Montebourg (Seine-Saint-Denis et Saône-et-Loire) contre l'Etat. Les élus demandaient que soit compensé le transfert des charges relatives à la protection de l'enfance. Bonne nouvelle pour eux: l'Etat a quatre mois pour créer le fonds de compensation. Mauvaise nouvelle, l'Etat n'est pas tenu de compenser à l'euro près: la Saône-et-Loire estimait son préjudice à 600 000 euros. Elle en touche six fois moins! Toujours est-il que si d'autres départements s'engouffrent dans la brèche, le déficit de l'Etat va se creuser. (Protection de l'enfance: demi victoire pour les départements qui demandaient la compensation du transfert des charges)

La Haute juridiction annule par ailleurs la note de service 2008 qui organisait le mouvement du personnel enseignant en 2009. Il avait déjà annulé celles de 2006 et de 2007. Le ministère a reconduit les mêmes dispositions et bien marqué qu'il n'en avait cure. Les magistrats sont manifestement agacés (Annulation d'une circulaire organisant le mouvement du personnel enseignant (Conseil d'Etat)).

Ils ne donnent pas pour autant systématiquement raison aux enseignants ni à leurs représentants. Un directeur d'école s'est vu sèchement rappeler qu'il avait une obligation de présence dans son établissement (Un directeur d'école a une obligation de présence (Conseil d'Etat)). Quant à la suppression d'un poste d'enseignant auprès d'enfants handicapés, et à ses conséquences sur le projet pédagogique de l'établissement, elles ne constituent pas une situation qui doive être examinée en urgence (Il n'y a pas urgence pour le projet pédagogique des enfants handicapés (Conseil d'Etat)). Enfin, l'administration peut négocier, dans certains cas, avec un seul syndicat, ce qui déplaît à tous ceux qui risquent de se trouver exclus (Deux décisions du Conseil d'Etat intéressant les syndicats enseigants).

Autre difficulté tranchée, les transports scolaires ne font pas un réseau de transport, ce qui interdit aux collectivités de passer des marchés négociés. Difficile de dire qui y gagne, qui y perd…(Le transport scolaire n'est pas un réseau de transport (Conseil d'Etat)).

Pas de trêve non plus du côté des enseignants "désobéisseurs". Le tribunal administratif de Marseille a cassé la sanction qui frappait Erwann Redon (Enseignants désobéisseurs: un livre et un jugement). Un autre, Alain Refalo, qui a initié le mouvement, publie "En conscience, je refuse d'obéïr " (Désobéisseurs: "notre résistance ne pénalise aucunement nos élèves" (A. Refalo)). Vont-ils gagner sur les deux fronts, celui de la communication et celui des tribunaux? Pour l'heure, le ministère n'a fait aucun geste d'apaisement, ni laissé entendre qu'il pourrait négocier une sortie de crise. A-t-il décidé de jouer les lenteurs de la justice, chaque ministre laissant à son successeur cette petite mine prête à exploser et à saper son autorité?

La trêve des confiseurs est aussi marquée, traditionnellement, par la publication des nominations dans l'ordre de la Légion d'honneur. Cette année, seules celles d'André Zweyacker, qui a longtemps porté l'ambition des "clubs Unesco" et de Marie Duru-Bellat, économiste de l'éducation, nous ont paru remarquables, sans qu'il soit possible de leur donner une signification politique ([#1264]).

En revanche, la nomination de Jean-Michel Blanquer, comme directeur de l'enseignement scolaire marque à l'évidence le souci du ministre de privilégier l'innovation (Jean-Michel Blanquer nommé DGESCO). L'ancien recteur de Créteil est connu pour son ouverture d'esprit. Il est le seul qui ait répondu, par exemple, à l'offre de service de Gabriel Cohn-Bendit quand celui-ci proposait de constituer des équipes d'enseignants volontaires dans des collèges difficiles. L'affaire n'avait pas eu de suites, et la responsabilité de cet échec est largement partagée.

Plusieurs publications méritent d'être signalées. Les Pays-de-la-Loire ont fait un point sur les politiques de lutte contre le décrochage scolaire, et publient à cette occasion un chiffre. Ce sont chaque année 117 000 jeunes qui sortent sans qualification du système scolaire, et non pas 150 000, comme on le dit trop souvent (117 000 sortants sans qualification: un point sur les décrocheurs (Pays de la Loire)). La recherche en éducation montre que certaines compétences, comme le calcul mental, sont indispensables à l’acquisition des autres, et qu'il est donc illusoire de vouloir se centrer sur les "fondamentaux", puisqu'en réalité, les acquisitions forment un tout (Certaines compétences, comme le calcul mental, sont indispensables à l’acquisitions des autres.). Elle montre encore une fois l'importance des inégalités sociales: les petits anglais dont les parents sont diplômés du supérieur lisent pour le plaisir et apprennent leurs leçons bien plus souvent que leurs camarades dont les parents sont allés moins longtemps à l'école (Lecture et travail scolaire: une étude britannique confirme l'importance du niveau scolaire des parents). On s'en doutait, mais les chercheurs mettent en avant l'importance du père, alors qu'en France, c'est plus souvent la prédominance de la figure maternelle qui a été soulignée. Un autre travail de recherche démontre que l’effectif des classes aurait peu d’impact sur la progression individuelle des élèves. Bien d'autres l'avaient déjà montré, et souligné la nécessité d'accompagner la distribution de moyens supplémentaires d'une réflexion sur leur utilisation et sur la motivation des enseignants qui les utilisent. Mais quand nos chercheurs tenteront-ils de mesurer la démotivation que provoque, pour les parents, les enseignants et les élèves, l'accroissement des effectifs? (L’effectif des classes aurait peu d’impact sur la progression individuelle des élèves (travail de recherche).)

Ils mesurent en revanche très précisément les effets de la suppression programmée de la carte scolaire. Leur analyse, dans une revue créée par Pierre Bourdieu, n'est sans doute pas "neutre", elle n'en oblige pas moins à, au minimum, s'interroger sur la pertinence d'une mesure qui revient à mettre en concurrence des établissements comme s'ils produisaient, à l'instar d'une entreprise, un service ou une marchandise aisément identifiable ("Ecole ségrégative, école reproductive" (Actes de la recherche en sciences sociales)).

Enfin, une poignée de chercheurs et d'intellectuels se demandent quelle morale laïque l'école peut enseigner (Quelle morale laïque l'école peut-elle enseigner?). Ils ne demandent pas pour autant le retour des "morales" écrites à l'encre violette avec des plumes sergent-major! Et pourquoi pas?

Deux informations enfin. Une série de textes modifient le permis de conduire. Ils n'ont provoqué aucune réaction de la part des intéressés. Il faut croire qu'ils vont dans le bon sens ([#1258]). En revanche, la seconde est terrifiante alors que le grand froid s'installe: à en croire l'excellent Journal du droit des enfants, le 115, qu'on appelle pour signaler les SDF en danger se déclarerait non concerné lorsque c'est un mineur qui gèle dans l'encoignure d'une porte cochère (Enfants errant dans le froid... Le 115 n'est pas concerné (Journal du droit des jeunes)). Jacques Prévert, au secours!

 

« Retour


Vous ne connaissez pas ToutEduc ?

Utilisez notre abonnement découverte gratuit et accédez durant 1 mois à toute l'information des professionnels de l'éducation.

Abonnement d'Essai Gratuit →


* Cette offre est sans engagement pour la suite.

S'abonner à ToutEduc

Abonnez-vous pour accéder à l'intégralité des articles et recevoir : La Lettre ToutEduc

Nos formules d'abonnement →