La Lettre Touteduc

La Lettre de ToutEduc n°198

Paru dans La lettre le mercredi 05 février 2014.

La Lettre de ToutEduc n°198, du 5 février 2014

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LE SYSTEME SCOLAIRE

Le SCEREN-CNDP devient "le réseau CANOPE" (lire l'article).

Nos dépenses par élève sont dans la moyenne de l'OCDE, selon la DEPP (lire l'article).

Le niveau monte, la dépense intérieure d'éducation aussi, selon l'INSEE (lire l'article).

Les ESPE font-elles suffisamment confiance aux établissements scolaires, s'interroge la mission d'information du Sénat (lire l'article).

Les 23 directeurs des ESPE (écoles supérieures du professorat et de l’éducation) (lire l'article).

LES ETABLISSEMENTS

L'Observatoire de l'éducation prioritaire (OZP) recense toutes les informations disponibles dans la presse locale et dans la "blogosphère" sur les 100 réseaux qui seront reconnus "REP+" dès cette rentrée (lire l'article).

L'éducation prioritaire, "c'est ce qui fait aimer l'école et oublier ce qui se passe à la maison" (principale de collège) (lire l'article).

Le lycée français de Mexico quitte l'AEFE (lire l'article).

 "De nouveaux modes de configuration des espaces à l’école sont en train d’apparaître", selon le CIEP (lire l'article) .

Enseignement privé: "L'Etat se défausse sur la direction de l’enseignement catholique pour gérer nos petites affaires", selon la FEP-CFDT (lire l'article).

ABCD ET POLEMIQUES

ABCD de l'égalité : les réactions du ministre, du CNAL, de la FSU, de l'ESPER, de la Ligue de l'enseignement, des CEMEA, de M. Richard, de J-C Carle, de Civitas (lire l'article).

Le SNUIPP et le SE soutiennent V. Peillon (lire l'article).

Education sexuelle : il y aura bien une votation en Suisse (lire l'article).

LES TERRITOIRES

Alain Rousset (ARF) plaide pour la décentralisation des compétences en matière d'éducation (lire l'article).

Les lycéens d'Île-de-France sont plutôt "heureux", la Région s'appuie sur les élèves pour développer sa politique scolaire (exclusif) (lire l'article).

Rythmes scolaires : il y a peu de dérogations aux taux d'encadrement des activités périscolaires (lire l'article).

"Aucun territoire n'est dépourvu de talents", estime E. Favey (Ligue de l'enseignement) (lire l'article).

Apprendre dès le lycée le savoir-être, c'est le pari d'un projet innovant en Bourgogne et en Franche-Comté (lire l'article).

ENFANCE - JEUNESSE - FAMILLE

"S’il n’y a pas de travail en amont, il est inutile de donner la parole aux parents" , déclare George Fotinos auditionné par les  députés, à propos de la relation entre les parents et l'école (lire l'article).

Un collectif de 88 organisations lance un appel pour la création d'un Conseil national de l'enfance (lire l'article).

Thomas Rogé nommé responsable de la mission "Jeunesse et Citoyenneté" de la Ville de Paris (lire l'article).

Comment augmenter d'une demi-heure le temps de sommeil des adolescents ? Une étude du Centre du sommeil donne des préconisations (lire l'article).

Parents mariés ou en union libre : leur situation n'a aucun effet sur la réussite scolaire des enfants (étude québécoise) (lire l'article).

Les personnels de PMI manifestaient le 30 janvier à Paris (lire l'article).

ASSOCIATIONS

Valérie Fourneyron souhaite "une remise à plat totale" des modalités de l’engagement associatif des actifs (lire l'article).

AU JO

Au JO du 29 au 2 février : A. Tobaty IGEN, les professeurs des écoles, les licences et master, le RNCP (lire l'article)

AGENDA (lire ici

La 32 ème édition du salon Expolangues qui prévoit notamment des animations autour de la langue russe et du chinois se tient du 5 au 8 février à Paris. 

Le colloque "PEDT et politiques éducatives : enjeux des ter­ri­toires appre­nants et leviers de trans­for­ma­tions sociales" se tient le 12 février 2014 au CNAM. Cette journée est organisée par le réseau PRISME. 

Une rencontre débat organisée par l'AFEV sur le thème "Les jeunes et l’engagement politique" (à la veille des municipales) se tient le 12 février à l'Assemblée nationale à Paris, de 18 à 20 h

ANALYSE. Sur l' "ABCD de l'égalité" et sur la prétendue "théorie du genre", tout a été dit. Il serait en revanche intéressant de voir à quels dilemmes renvoient les passions que cette expérimentation a déclenchées.
On ne peut bien sûr pas faire abstraction d'une conjoncture française et internationale. Au mois de décembre, la droite conservatrice suisse a lancé une pétition pour obtenir une votation "contre la sexualisation à l'école maternelle et à l'école primaire" (voir ToutEduc ici et ici). A peu près au même moment, la blogosphère déterre la version française d'un document qui date de 2010, publié sous l'égide de l'OMS, et qui constitue "un plaidoyer pour l’instauration d’une éducation sexuelle holistique qui donne aux enfants et aux jeunes, filles et garçons, une information objective, scientifiquement correcte, sur tous les aspects de la sexualité" (voir ToutEduc ici). Au mois de janvier, le rapport "de suivi de l’Éducation pour tous" (UNESCO) estime que "les enseignants doivent aussi être formés à comprendre quelle influence les comportements liés au genre peuvent avoir sur les résultats [de leurs élèves]" (voir ici). En France, Farida Belghoul, très proche d'Alain Soral et de Dieudonné, lance la journée du retrait de l'école (voir ToutEduc ici).

S'y ajoute la réforme des rythmes scolaires. Imaginons une famille où la mère a décidé de travailler à 4/5èmes de temps et de réserver son mercredi à ses enfants. Elle sait déjà qu'il lui faut revoir toute son organisation, et elle comprend en plus que son modèle, "c'est à Madame et non à Monsieur qu'il revient de s'occuper des petits", va être critiqué par la maîtresse !

Mais la conjonction de ces mouvements internationaux, de l'amertume des adversaires du "mariage pour tous", de l'agitation de quelques extrémistes et de la destabilisation de quelques familles "traditionnelles", ne constituerait qu'un épisode sans grandes conséquences si elle ne mettait en jeu un débat aussi vieux que l'école républicaine : l'Etat peut-il prétendre jouer un rôle dans l'éducation des enfants ? On se souvient qu'en 1984, dans les grandes manifestations en faveur de l'école privée qui avaient provoqué la chute du gouvernement Mauroy, c'était un des thèmes fédérateurs, le libre choix de l'école correspondait au libre choix d'éduquer ses enfants selon ses valeurs.

Un État peut-il accepter que chacun éduque ses enfants uniquement selon ses convictions et sans aucun contrepoids, au risque de voir la société n'avoir plus aucune valeur commune ? Les parents sont certes les premiers éducateurs de leurs enfants, mais ils ne sont pas les seuls, et le jeune construit son autonomie au contact de de ses pairs et d'autres adultes qui ont reçu cette mission de la société. Il est légitime qu'un Etat, qui est l'expression politique de cette même société, s'en inquiète, et qu'il s'inquiète aussi des épidémies, des grossesses précoces, des manifestations d'homophobie, de la résorption des inégalités entre hommes et femmes, des violences conjugales... Il s'interroge donc sur les moyens dont il dispose. Manifestement, il n'a pas encore réuni de consensus sur la question.

Celle-ci se complique encore si l'on songe que certains manifestants ont repris la revendication de mouvements laïques, souvent de gauche et "anti-pédagogues" qui voudraient revenir à un ministère de "l'instruction publique", les enseignants n'étant pas des "éducateurs" puique leur rôle est de "transmettre des connaissances". Toute transmission des connaissances suppose pourtant des élèves attentifs, silencieux dans le cas d'un enseignement magistral, et l'enseignant qui les fait taire leur inculque des valeurs de respect de l'adulte et du savoir. Toutes les disciplines sont porteuses de valeurs, le français et l'EPS, d'engagement mais aussi de respect des règles, le latin, d'humilité et de rigueur, les mathématiques, d'universalité, les langues, d'ouverture à autrui, etc., auxquelles il faut ajouter esprit critique, créativité, sens de la complexité... Mais ces valeurs sont médiatisées, en quelque sorte cachées sous des savoirs et des formes pédagogiques. Les enseignants sont des éducateurs, mais tout à fait autrement que ne le sont les parents (ou les éducateurs de la Protection judiciaire de la Jeunesse qui se substituent à eux) puisque leur message éducatif est implicite, et qu'il a pour "véhicules" des connaissances académiques et les comportements nécessaires à leur acquisition.

L'ABCD de l'éducation veut lutter contre les stéréotypes, déconstruire les préjugés, il se situe sur le terrain des valeurs avant d'être sur celui des contenus (même s'il propose des contenus). Vincent Peillon a raison de dire qu'il ne s'agit pas de l'enseignement d'une théorie du genre, et qu'il ne s'agit pas non plus d'éducation sexuelle, mais il se trompe s'il pense qu'il est anodin d'inverser le rapport entre savoirs et valeurs. Il n'est pas le premier. Déjà "le socle commun" évoquait la mise en place d'un "parcours civique" constitué "de valeurs, de savoirs, de pratiques et de comportements", parmi lesquels figurent "le respect de soi, le respect des autres, le respect de l'autre sexe, le respect de la vie privée", mais les valeurs apparaissaient comme davantage prises dans un ensemble d'enseignements. Il n'a pas nécessairement tort de vouloir expliciter le rôle éducatif de l'Ecole, le plus souvent implicite, mais il est certain qu'il heurte de front des façons de penser très inscrites... au moins depuis qu'ont disparu les "leçons de morale", dont certains ont la nostalgie. Et parfois, ce sont justement ceux qui refusent aujourd'hui à l'Ecole le rôle d'éducateur !

 

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