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Rythmes scolaires : "aucun territoire n'est dépourvu de talents" (mission sénatoriale)

Paru dans Scolaire, Périscolaire le jeudi 30 janvier 2014.

La réforme des rythmes scolaires est l'occasion de "mobiliser la population sur un enjeu éducatif", estime Eric Favey qui était entendu, hier 29 janvier, par la mission sénatoriale d'information avec plusieurs autres responsables des mouvements d'éducation populaire. Le secrétaire général adjoint de la Ligue de l'enseignement estime qu' "aucun territoire n'est dépourvu de talents", et que la question du recrutement des animateurs des activités périscolaires n'est pas liée à un manque de ressources humaines, mais à leur organisation. Des retraités, des lycéens, des salariés (dans le cadre du mécénat d'entreprise) et des bénévoles peuvent très bien intervenir, et, de plus, se voir reconnaître "les acquis de l'engagement". Encore faut-il qu'ils "s'appuient sur un cadre professionnel fort" , ajoute Arnaud Tiercelin (Ligue de l'enseignement) pour qui il ne faut pas opposer bénévoles et professionnels.

Mais il faudra bâtir des plans formation pour ces professionnels, "faire du sur-mesure", insiste Jean-Luc Cazaillon au nom du CAPE (collectif des associations partenaires de l'école publique) et des CEMEA, et il rappelle que les différents mouvements qui le composent ont le savoir-faire correspondant. "Nos associations sont pluri-acteurs et rassemblent les enseignants, des animateurs, des travailleurs sociaux. On s'est construit sur cette logique-là." Et pour Anne Carayon (Jeunesse au plein air), il est clair que le BAFA "ne constitue pas la réponse" aux besoins, il n'est "qu'une première étape", "un marchepied". Marie-Laure Davy (JPA et Léo-Lagrange) s'inquiète toutefois des conditions de travail des animateurs, qui sont sur "des temps partiels subis" et auxquels il faudrait pourtant proposer des "temps de travail décents", d'autant, ajoute-t-elle, que se pose aussi la question de leur travail dans les accueils de loisir qu'ils faisaient fonctionner le mercredi matin...

Des activités distinctes des activités scolaires et des activités des clubs

Jean-Michel Sautreau (USEP) soulève d'ailleurs une autre question à propos des activités qui peuvent être pratiquées dans le cadre de ces temps périscolaires et qui doivent se distinguer de l'EPS, laquelle est inscrite dans les programmes et sur le temps scolaire, et des activités sportives des clubs. Il sent d'ailleurs une certaine inquiétude de certaines fédérations qui craignent de perdre de jeunes licenciés, et qui commencent à évoquer des chiffres de l'ordre de 5 à 10 %. Et le responsable de l'Union sportive de l'enseignement du premier degré évoque, avec Véronique Moreira (vice-présidente), une application qui permet à chaque enfant d'inscrire toutes ses activités sportives avec l'aide de son enseignant. Anonymées, ces données peuvent donner aux divers acteurs communaux des indications précieuses pour le développement des pratiques sportives.

Il souhaite que cette réforme soit l'occasion de faire émerger un lien entre les projets d'école, les collectivités, les clubs et l'USEP. Ce thème est d'ailleurs, sous des formes très diverses, repris par tous les intervenants. Marie-Claude Cortial (CAPE et Education & Devenir) parle de "projets globaux", d'une "éducation globale", et si les parents sont les premiers éducateurs de leurs enfants, ils sont aussi "source de réussite". Eric Favey voudrait que les PEDT (projets éducatifs de territoire) "deviennent le droit commun". Mais il met en garde contre "un piège", l'administration sait compter des "formulaires CERFA" qui peuvent masquer une absence de projet, alors que certaines communes ont depuis longtemps des PEL (projets éducatifs locaux). Et elles se dotent parfois d'instances de suivi de la réforme, comme au Val-de-Reuil.

Une grande satisfaction de communes

Car si le dialogue entre tous les acteurs est ici ou là "difficile", si cette "révolution copernicienne" s'accompagne de "tâtonnements", selon l'expression de Marie-Claude Cortial, Marie-Laure Davy évoque "la grande satisfaction des communes qui se sont engagées" dans la réforme dès cette année. Interrogés après les responsables de l'éducation populaire, ceux du GDID (groupement de défense des idées des directeurs) considèrent pour leur part que "les blocages" auxquels on a assisté sont "une conséquence de la rupture de la communication entre le ministère [de l'Education nationale] et les enseignants du primaire": "le message ne passe plus depuis des années, le ministère a multiplié les structures intermédiaires qui ne laissent rien à ceux d'en bas."

Eux aussi considèrent la nécessité de mettre en place "une formation en adéquation avec les missions", mais ils parlent des directeurs d'école alors que la réforme leur coûte "de l'énergie, de l'investissement et du temps". Interrogé sur le lien entre le PEDT et le projet d'école, Alain Rei, le président de l'association, souligne que "ce n'est pas la même chose : le projet d'école est la mise en application d'un projet d'enseignement", conforme aux programmes et dans un cadre national, "alors que le PEDT doit être un projet éducatif global par rapport à une réalité locale qui permet de tendre vers des objectifs nationaux". C'est aussi l'opportunité d'exploiter des ressources et des talents locaux. "Le directeur d'école qui connait les familles, sait par exemple que le papa de Pierre est passionné d'astronomie, et qu'il peut contribuer à inventer une nouvelle vie sociale dans les communes (...) sans que cela soit générateur de grand frais."

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