La Lettre de ToutEduc n°232
Paru dans La lettre le mercredi 01 octobre 2014.
Transférer et photocopier nuit gravement à la santé ... de la presse *
La Lettre de ToutEduc n°232, du 1er octobre 2014
MISE AU POINT. L'un de nos lecteurs a été "très surpris" de constater notre "grande neutralité" dans l'information relative à Mme Belghoul, neutralité dont il a craint qu'elle ne vaille approbation. Nous sommes en réalité moins soucieux de neutralité que de respect envers tous les acteurs de l'éducation, à la condition qu'ils s'inscrivent dans une perspective humaniste, et qu'ils acceptent le dialogue. Le mouvement lancé contre l'éducation à l'égalité ne s'inscrit manifestement pas dans cette double perspective. Notre logo, une figure venue d'Océanie, symbolise l'unicité et la plasticité du genre humain, donc l'éducabilité de tous. Il n'est jamais inutile de rappeler quelles sont nos valeurs. Merci à celui qui nous en donne l'occasion.
A LA UNE. La semaine est marquée par les débats sur le décrochage, le redoublement, et le droit à une formation pour ceux qui sortent du système scolaire sans diplôme. L'échec scolaire, trop souvent lié aux inégalités sociale. ToutEduc a d'ailleurs eu copie de la lettre de mission de Jean-Paul Delahaye sur "grande pauvreté et échec scolaire".
Elle est marquée aussi par le lancement de la conférence sur l'évaluation. E. Klein et M. Quéré, qui l'organisent, sauront-ils éviter tout à la fois les débats stériles, du type "pour ou contre les notes sur 20" et les termes vagues, qui ne fâchent ni n'engagent personne ?
Des informations à retrouver ci-dessous, si vous ne les avez pas reçues au fur et à mesure de leur publication (ici).
LE SYSTEME SCOLAiRE
Michel Lussault est nommé à la tête du CSP (Conseil supérieur des programmes) (lire l'article) dont N. Vallaud- Belkacem s'engage à respecter l'indépendance (lire l'article).
Evaluation des élèves : la problématique exposée aux membres du CSE (lire l'article).
Exclusif : les termes de la lettre de mission confiée à J-P Delahaye pour que la grande pauvreté ne fasse pas obstacle à la réussite scolaire (lire l'article).
Accueil de la petite enfance et école maternelle : des enjeux cruciaux en termes de réussite scolaire et de lutte contre la pauvreté (DEPP) (lire l'article).
La lutte contre les inégalités scolaires est une urgence (journée de l'AFEV contre l'échec scolaire) (lire l'article).
Le redoublement est socialement injuste, relève l'OCDE (PISA à la loupe) (lire l'article) tandis que l'Observatoire des inégalités rappelle l'importance des inégalités sociales face au redoublement (lire l'article).
Elèves handicapés : trois décrets en préparation (lire l'article).
ENSEIGNEMENT TECHNIQUE ET PROFESSIONNEL
Au JO du 1er oct : Les campus des métiers (lire l'article).
Dérogations pour l'utilisation de machines dangereuses par les lycéens : le SNPDEN s'alarme (lire l'article).
"S’il y a beaucoup de jeunes chômeurs dans le sud de l’Europe, c’est que les offres de formation axée sur la pratique manquent" (G. Ryder, OIT) (lire l'article).
Les missions locales demandent que tous les jeunes aient une deuxième chance (lire l'article).
Le bac pro aura 30 ans l'an prochain. Un dossier spécial du CEREQ en préparation (lire l'article).
ORIENTATION - INSERTION
N. Vallaud- Belkacem et G. Fioraso veulent améliorer les parcours d’orientation choisis (lire l'article).
Faut-il restreindre l'accès à l'université de certains bacheliers ? La CPU relance le débat (lire l'article).
Deux décrets sont en préparation pour les jeunes sans diplôme qui demandent une formation complémentaire (lire l'article).
Décrochage : des échos du forum organisé par la Région Ile-de-France (lire l'article).
PEDAGOGIE
Les ESPE sont-elles condamnées à l'échec ? (tribune dans Libération) (lire l'article).
Le manuel numérique progresse, mais essentiellement pour des usages en classe (lire l'article).
Bertelsmann investit dans une plateforme d'enseignement en ligne (lire l'article).
La FCPE attend d'autres réformes du système scolaire (lire l'article).
ENSEIGNANTS
REP : le compte n'y est pas pour le SNES, le SGEN inquiet de la seconde phase. Socle : le SNALC demande des programmes annuels (lire l'article).
Un syndicat, le SGEN crée un site non syndical, "raconter le travail" (lire l'article).
La vision que les enseignants ont de leurs élèves est fortement corrélée à leurs opinions politiques (IFOP pour SOS éducation) (lire l'article).
JEUNESSE - JUSTICE DES MINEURS
Geneviève Avenard nommée defenseure des droits des enfants (lire l'article).
Mineurs isolés étrangers à Paris et ailleurs : sévère rappel à l'ordre du Défenseur des Droits (lire l'article).
Il ne faut pas limiter la connaissance que les jeunes ont de la loi au droit pénal (INJEP-PJJ) (lire l'article).
La révolution numérique amplifie la prise de distance des jeunes vis-à-vis de la culture savante (Observatoire de la Jeunesse/INJEP) (lire l'article) ;
Les "zonards" forment une société complexe, une thèse de Tristana Pimor publiées aux PUF (lire l'article).
INTERNATIONAL
Eurostat : davantage de jeunes européens apprennent les langues, surtout l'anglais (lire l'article).
Algérie : un nouveau directeur pour l'Institut national de recherche en éducation (Liberté) (lire l'article).
AU J.O. :
JO du 25 au 28 : le cabinet de P. Kanner, la Défenseure des enfants, des nominations à l'Education nationale, J & S... (lire l'article)
A L'AGENDA
Cette semaine
Du 3 au 5 octobre - Villeneuve les Avignon - Les "journées d'automne" d'Education & Devenir
Du 6 au 12 octobre - "L’orientation scolaire à l’ère du numérique" (salon virtuel)
Du 8 au 10 octobre - Vichy - Neuj'pro (13èmes rencontres nationales des professionnels et des élus de la Jeunesse)
Ont été ajoutés à l'agenda les évènements suivant
Du 17 au 19 octobre, 14ème Université d’automne du SNUIPP-FSU
Les 6 et 7 novembre - Roubaix - Décrochage et raccrochage scolaires. Vers des espaces éducatifs à partager...
Le 2 décembre : Relation parents-enseignants, quand les difficultés familiales entraînent des dysfonctionnements dans l'école
ANALYSE. C'est peu dire que partaient de bonnes intentions les décrets de 2013 relatifs aux dérogations accordées aux jeunes de moins de 18 ans qui doivent utiliser pour les besoins de leur formation professionnelle des équipements ou des produits dangereux. Ils étaient très attendus, ils transposaient avec 19 ans de retard une directive européenne de 1994! "La procédure jusqu’ici mise en œuvre ne constituait pas une protection efficace de la santé et de la sécurité des jeunes", elle était "peu efficace en raison de sa complexité et de sa lourdeur (...) puisque la dérogation était accordée pour chaque jeune, pour une seule année", comme le soulignait alors l'ONS (l'Observatoire national de la sécurité et de l'accessibilité des établissements d'enseignement).
Le premier décret entend "substituer à une dérogation annuelle pour chaque jeune en formation, accordée a priori par l'inspecteur du travail, une procédure selon laquelle l'employeur ou le chef d'établissement peut être autorisé par décision de l'inspecteur du travail à affecter des jeunes à des travaux interdits, pour une durée de trois ans. La dérogation concerne donc un lieu, celui dans lequel le jeune est accueilli, et non plus chaque jeune".
Le lieu de formation auquel est attachée la dérogation est l'entreprise et/ou l'établissement scolaire, dès lors que les jeunes sont appelés à y utiliser des produits ou des équipements réputés dangereux. La dérogation est donnée pour trois ans. Nous sommes donc bien dans une procédure simplifiée. Le second "actualise la liste des travaux interdits ou réglementés". Il est par exemple "interdit d'affecter les jeunes à des travaux de démolition, de tranchées, comportant des risques d'effondrement et d'ensevelissement". Mais il est également interdit "d'affecter les jeunes à des travaux temporaires en hauteur lorsque la prévention du risque de chute de hauteur n'est pas assurée". Cela va-t-il jusqu'à monter sur un escabeau ? C'est la question que pose le SNPDEN, le syndicat des personnels de direction, qui craint qu'en cas d'accident, la responsabilité du chef d'établissement ou du chef d'entreprise soit engagée alors qu'il ne leur est pas venue à l'idée de demander une dérogation pour de tels "équipements".
La circulaire d'application précise de plus qu'il "appartient au chef d’établissement de s’assurer que l’employeur qui accueille des élèves, des étudiants ou des jeunes en stage a effectivement obtenu cette autorisation de dérogation, gage de sécurité pour les jeunes". Le proviseur d'un lycée professionnel doit donc vérifier auprès de chacun de ses interlocuteurs qu'il a bien un papier tamponné. Indépendamment de la charge de travail que cela représente, il risque fort de s'attirer une réponse du type "je suis déjà bien gentil de te prendre des stagiaires, tu ne vas pas en plus me demander de faire venir l'inspection du travail pour vérifier qu'il n'y a de 'pièces nue sous tension' dans aucun de mes ateliers..." Résultat : "22,5 % des établissements déclarent que des entreprises qui accueillaient habituellement des stagiaires ont déjà signifié qu’elles ne le feraient plus dans les nouvelles conditions", affirme le syndicat.
Enfin, très logiquement, le jeune doit avoir subi un examen médical, d'un médecin de l'Education nationale pour un élève de lycée professionnel. On connaît l'état de la médecine scolaire. Seuls 12 % des établissements ont vu tous leurs élèves examinés à la fin septembre. Or les élèves qui n'auront pas leurs 22 semaines de stage sur trois ans ne pourront pas passer le bac !
Ces nouvelles dispositions, protectrices des jeunes et soucieuses, incontestablement, de modifier des procédures lourdes et inefficaces, seront-elles finalement plus nocives que le mal qu'elles entendaient combattre, comme l'affirme le SNPDEN ? Il est en tout cas certain que leur mise en oeuvre s'avère infiniment plus complexe que prévu. La circulaire a été signée par cinq ministres, et rédigée par cinq administrations, toutes légitimement soucieuses du respect des principes qui fondent leur action... Le "choc de simplification" peut constituer un piège redoutable.
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