Le manuel numérique progresse, mais essentiellement pour des usages en classe
Paru dans Scolaire le mercredi 01 octobre 2014.
Les deux tiers des enseignants pensent que manuels numériques et manuels papier continueront de coexister, mais en se différenciant davantage, et en jouant la complémentarité. C'est l'un des enseignements d'une enquête TNS - SOFRES pour "Savoir Livre" menée au printemps dernier "auprès de 15 283 professeurs dont 4 957 utilisateurs de manuels numériques". Alors que 16 % des enseignants utilisaient un manuel numérique en 2011, ils sont 29 % cette année, mais seulement 20 % dans le premier degré, qui, estime l'association des six principaux éditeurs scolaires, reste "le parent pauvre" du développement du numérique. Dans le premier degré école sur trois n'a pas de vidéoprojecteur, une sur quatre n'a pas d’accès à internet, et seules 18 % des écoles ont accès à un ENT. En revanche, "du fait des efforts des collectivités territoriales", les équipements ont progressé "massivement" dans les collèges et lycées qui sont connectés à près de 90 %. Plus de la moitié ont accès à un ENT (environnement numérique de travail). Mais "les tablettes ne concernent pour le moment que 4% des établissements".
L'enquête nous apprend également que "l'accès au manuel numérique se fait essentiellement en classe" et que seuls "7 % des élèves sont équipés individuellement en manuels numériques", et un quart de ces 7 % n'y a accès que via les ordinateurs de l'établissement. Les principaux freins au développement du manuel numérique ne changent pas, "équipements en matériel insuffisants", "absence de crédits pour acquérir des ressources", manque de formation, problèmes techniques et de maintenance, hétérogénéité des équipements et problèmes liés à l'ENT... La plupart des enseignants (3/4) utilise d'ailleurs les manuels numériques "off-line", même si les usages "on-line" progressent très légèrement tandis que les accès via l’ENT "restent stables".
Les éditeurs scolaires concluent de cette étude que "les deux tiers des professeurs apprécient le caractère structuré" du manuel numérique "dans lequel les élèves se retrouvent facilement". Ils demandent en conséquence que "des budgets significatifs" soient alloués aux établissements pour l’acquisition de ressources" et plaident pour le développement d'une "filière industrielle éducative et culturelle", ce qui suppose notamment une "évolution des standards d’interopérabilité pour faciliter l’interconnexion entre matériel et ressources" et la définition d'un "cadre de confiance pour les données sensibles résultant de la personnalisation des apprentissages et des formations". Ils demandent aussi que soit respecté le délai de 12 mois entre la publication des nouveaux programmes et leur mise en oeuvre en 2016 pour permettre aux concepteurs et éditeurs de ressources numériques d’éditer des ressources de qualité".
Les résultats détaillés de l'enquête sont accessibles ici.