La mission confiée à J-P Delahaye pour que la grande pauvreté ne fasse pas obstacle à la réussite scolaire (exclusif)
Paru dans Scolaire, Périscolaire, Orientation le jeudi 25 septembre 2014.
"Lutter contre les déterminismes sociaux", "stimuler et maintenir la mobilisation de notre système éducatif et de ses partenaires" autour de la problématique "grande pauvreté et réussite scolaire", dans les zones urbaines et rurales". Ces formules sont extraites de la lettre de mission adressée le 16 juillet par Benoît Hamon à Jean-Paul Delahaye et dont ToutEduc a eu connaissance. La mission a été confirmée par Najat Vallaud-Belkacem et l'ancien directeur général de l'enseignement scolaire doit rendre compte de l'état d'avancement de sa mission "avant la fin de l'année civile 2014", mais il doit aussi "assister le CESE" (Conseil économique, social et environnemental) dont le président a lancé "un travail d'analyse des initiatives partenariales qui permettent la réussite de tous et favorisent l'émergence d'une école pleinement inclusive". Selon les informations données hier, 24 septembre, lors de la Journée du refus de l'échec scolaire, le CESE publiera ses propositions le 12 mai prochain.
Dans sa lettre, le ministre de l'Education nationale rappelle que "les dernières évaluations internationales comme les études de la DEPP montrent que les écarts de réussite se sont creusés de façon insupportable au sein de l'école française" et que "les enfants d'inactifs, d'employés de service et d'ouvriers non qualifiés qui étaient en 6ème en 1995 ont vu leur espoir de devenir bacheliers généraux diminuer par rapport à ceux qui étaient en 6ème en 1989".
La précarité de vie des familles en grande difficulté
Il attire l'attention de l'inspecteur général sur trois points. "Je souhaite que la précarité de vie des familles en grande difficulté, souvent peu connue, soit mieux prise en compte au sein de l'école". Le ministre évoque "la question des fournitures scolaires (...), le coût des sorties" et, dans le second degré, la nécessité d' "accorder une attention accrue à la bonne utilisation des fonds sociaux".
Il cite ensuite l'article 2 de la loi de refondation qui prévoit que "l'école se construit avec la participation des parents, quelle que soit leur origine sociale", alors que "les parents en situation de grande pauvreté ont souvent peur de l'école, ne comprennent pas toujours ce qui s'y fait" et sont qualifiés "bien à tort" de "parents démissionnaires". Or ils "peuvent apporter leur propre réflexion sur l'école, une autre perception de leurs enfants et enrichir l'école par leur présence". Le ministre demande donc à J-P Delahaye "d'aider à coordonner" un travail "d'impulsion et d'accompagnement" en liaison "notamment" avec "le mouvement associatif et les fédérations de parents d'élèves".
Trouver "les moyens pédagogiques d'assurer la réussite de tous"
Benoît Hamon considère enfin que "notre marge de progression en matière pédagogique est importante", et que nous devons trouver "les moyens pédagogiques d'assurer la réussite de tous" sans renoncer à "former des élites". "Notre école sera vraiment une école de la réussite de tous si elle se concentre sur ceux qui sont les plus exclus" et s'efforce de "réduire le nombre des sorties sans qualification". Le ministre rappelle les chantiers engagés, formation des personnels et amélioration de "leur connaissance de la vie des familles en situation difficile", scolarisation précoce en maternelle, plus de maîtres que de classes, refondation de l'éducation prioritaire, lutte contre le décrochage, "réforme à venir du collège", rénovation du socle et des programmes... Mais "les pratiques pédagogiques doivent également être interrogées car elles n'ont pas toutes la même efficacité pour réduire les inégalités de réussite": "je vous demande tout particulièrement de proposer des axes de formation initiale et continue des personnels" d'enseignement et d'éducation au sein des ESPE (écoles supérieures du professorat et de l'éducation) et pour les personnels d'encadrement, "au sein de l'Ecole supérieure de l'Education nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche".