La Lettre Touteduc

La Lettre de ToutEduc n°259

Paru dans La lettre le mercredi 08 avril 2015.

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La Lettre de ToutEduc n°259, du 8 avril 2015

A LA UNE. ToutEduc vous a donné, dès le 4 avril, tous les éléments sur la réforme du collège : le décret, les nouvelles grilles horaires, et comment le SNES a fini par refuser un projet auquel il ne s'était pas franchement opposé dans un premier temps. L'analyse (en fin de cette lettre) est consacrée aux causes profondes de l'hostilité d'un certain nombre d'enseignants.

A noter aussi que les idées autour du lien entre lycée et enseignement supérieur se précisent à mesure que se succèdent les auditions à l'Assemblée nationale.

Des informations à retrouver ci-dessous si vous ne les avez pas reçues "en temps réel", dès leur publication (ici).

LA REFORME DU COLLEGE

Les projets de textes et de grille horaire, le calendrier des discussions avec les syndcats (exclusif) (lire l'article).

Le SNALC appelle à la grève contre la réforme des collèges le 13 mai (lire l'article).

C'est "non" pour le SNES, le SNEP, la FNEC, le SNALC, la CGT et SUD (lire l'article).

Les 4 heures d'anglais en 6ème à la demande du SE-UNSA (lire l'article).

LE SYSTEME SCOLAIRE

Lycée - enseignement supérieur : à quels besoins doit répondre une plus grande continuité ? (lire l'article).

Effectifs : baisse en maternelle et au collège, hausse à l'école élémentaire et au lycée (lire l'article).

Serge Bergamelli quitte la direction générale du CNED (lire l'article).

Le nouveau calendrier scolaire publié sur le site du ministère (lire l'article).

La laïcité, un "principe d'organisation avant d'être une valeur" (P. Tournemire à l'OZP) (lire l'article).

"Continuez vos efforts" : le bilan de la politique éducative du gouvernement pour la FCPE (lire l'article).

Revendications syndicales : les SEGPA, l'enseignement professionnel, l'enseignement agricole, Paris, les ESPE (lire l'article).

PEDAGOGIE - ELEVES

L'interdisciplinarité peine à investir l'École : un dossier de l'IFÉ analyse les freins au développement des "éducations à" (lire l'article).

Lutte contre le harcèlement : l'envie de s'investir dans des projets concrets dénonçant le rejet de l'autre (N. Vallaud-Belkacem) (lire l'article).

Elèves handicapés et périscolaire: il faut que les fonds gouvernementaux soient utilisés pour les personnels d'accompagnement (SE, FCPE, APAJH) (lire l'article).

ORIENTATION

Lycée - enseignement supérieur : "donner aux élèves les outils d'accès à l'information" et à l'orientation (G. Asseraf) (lire l'article).

La généralisation d'AFFELNET officialise le marché scolaire (C. Ben Ayed, colloque de la FSU) (lire l'article).

A quelles attentes devra répondre le service public régional de l'orientation ? (lire l'article).

INSERTION

Jeunes des quartiers prioritaires : accès à l'apprentissage, à une "deuxième chance", à la "garantie jeunes" (circulaire) (lire l'article).

Service civique: plates-formes et commissions d'animations locales pour susciter de nouvelles missions (Mission sur l'engagement citoyen) (lire l'article).

TEXTES OFFICIELS

Légion d'Honneur : plusieurs inspecteurs généraux de l'administration de l'Education nationale (lire l'article).

Au JO du 2 avril : le socle commun, l'apprentissage agricole, les personnels administratifs de l'EN (lire l'article).

A L'AGENDA (des élèvements à retrouver ici)

Les 8 et 9 avril - Créteil - Genre, didactique, formation

Le 9 avril - Paris - Insertion sociale et professionnelle des jeunes en formation alternée

Les 9 et 10 avril - Nice - Colloque écriTech'

Le 11 avril - Bordeaux - Les "papous" reçoivent les agrégés

Le 15 avril - Paris - Le doudou

Le 16 avril - Paris - Education pour la santé des jeunes : la prévention par les pairs

ANALYSE. La réforme du collège provoque-t-elle le retour du "front du refus" ? : le SNES et le SNEP (FSU), le SNCL (FO), le SNALC (FGAF), la CGT et SUD se retrouvent pour s'y opposer et le CRAP-Cahiers pédagogiques fait remarquer qu'on retrouve là les opposants au ministère Allègre. Selon cet observateur engagé, favorable à la réforme, se mêlent, comme il y a de cela une quinzaine d'années, des raisons de fond et d'humeur. Les deux ministres ont des personnalités très différentes, le premier prenait plaisir à exciter le "mammouth", la seconde fait tout pour l'apaiser. Mais ils ont un point commun, la "consultation Meirieu" en 98 avait évoqué l'ennui des lycéens, ce qu'avait alors jugé insupportable bon nombre d'enseignants. Najat Vallaud-Belkacem parle de celui des collégiens. Il n'est pas impossible qu'une partie de la "base" ait réagi aux propos de la ministre, mais cela n'aurait pas suffi à provoquer la colère des états-majors syndicaux qui ont quitté ensemble la table des débats lors de la troisième réunion ministère-syndicats.

Cette réforme, font-ils plutôt valoir, confirme la mise en place d'une "hiérarchie intermédiaire" à l'intérieur des collèges, certains enseignants étant coordonnateurs de niveau, ou de discipline, ou chargés "de missions particulières". D'une part, disent-ils, c'est le bon vouloir du chef d'établissement qui sera déterminant, et d'autre part, ne disent-ils pas, c'est la mise à mal de la culture enseignante, fondée sur l'égalité entre collègues (malgré les différences de statuts). Les partisans de la réforme font valoir que cette égalité se paie au prix de l'exercice solitaire du métier alors que les difficultés s'accroissent, et que, dans de nombreux collèges, seul le travail d'équipe permet d'y faire face. D'où, d'après les informations dont dispose ToutEduc, la déclaration du SNES lors d'une des réunions "officielles" qui ont précédé l'annonce de la réforme (après d'autres, officieuses et discrètes): d'abord diminuer les effectifs. Il faudrait donc réduire la difficulté avant de réformer... ou de rendre la réforme inutile.

Deuxième raison de fond, la mise en cause des identités disciplinaires, avec des enseignements inter-disciplinaires. Le directeur de cabinet de la ministre a insisté lors de la présentation à la presse des principes de la réforme, les EPI ne sont pas "trans-disciplinaires", ils ne remettent donc pas en cause les disciplines. Ignore-t-il que ce sont les connaissances évaluées dans une discipline qui fonde la légitimité et l'identité professionnelles d'un enseignant du second degré ? que l'inter-disciplinarité suppose la concertation et donc une remise en cause de l'exercice solitaire du métier, et, par voie de réciprocité, l'égalité des personnes dans la salle des professeurs, si dans un tandem, l'un s'arroge le droit de porter un jugement sur le travail de l'autre ?

Troisième raison, la part d'autonomie laissée aux établissements : tous les élèves de tous les collèges n'auraient pas le même nombre d'heures dans toutes les disciplines. On peut la refuser au nom du principe d'égalité, mais c'est surtout "la mise en concurrence" des enseignants qui inquiète. Qui, des mathématiciens ou des linguistes disposera des moyens laissés à l'appréciation des "équipes" ? Les textes officiels usent et abusent d'ailleurs de l'expression "équipe pédagogique" alors que la réunion de gens qui ne se sont pas choisis, qui n'ont pas les mêmes intérêts et pas toujours les mêmes valeurs a rarement favorisé les solidarités. Dans certains établissements, la réforme facilitera l'émergence de projets réellement collectifs, ailleurs, elle exacerbera les tensions. Dans les conseils d'administration, les parents et les élus pourraient se retrouver en position d'arbitrer de conflits qui jusqu'à présent sont gérés "dans la salle des profs".

Ajoutons que cette réforme du collège, que d'aucuns jugent timide, arrivera en même temps que le nouveau socle, de nouveaux programmes, par cycles et non plus annuels, de nouveaux manuels (si les finances le permettent), un nouveau livret de compétences, de nouvelles modalités d'évaluation, un nouveau brevet... De quoi déstabiliser "la base". Mais qu'en est-il réellement à la base ? Certains sont sans doute effectivement très hostiles à la réforme, d'autres sont inquiets, d'autres au contraire attendent avec impatience le changement, et d'autres enfin attendent de voir ... quand ils n'ont pas cessé d'attendre. En quelles proportions ? Les chiffres de participation à la grève en donneront une idée.

Christian Chevalier, le secrétaire général du syndicat UNSA des enseignants, interrogé par ToutEduc, souligne une autre difficulté à venir. Le CSE, le Conseil supérieur de l'éducation, qui l'examine ce vendredi, va sans doute approuver la réforme, avec les voix du SE et du SGEN-CFDT, et celles des lycéens, des parents (de la FCPE du moins), des mouvements complémentaires de l'Ecole... donc d'une bonne part des non-enseignants. Les enseignants hostiles à la réforme vont se retrouver isolés. Jusqu'à quel point l'Ecole peut-elle revendiquer une position d'extériorité au sein de la société ? Jusqu'à quel point doit-elle s'ouvrir, accepter les points de vue de l'extérieur, voire les arbitrages ? C'est la vraie question que pose cette réforme et sa réception.

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