Scolaire » Actualité

Service civique: plates-formes et commissions d'animations locales pour susciter de nouvelles missions (Mission sur l'engagement citoyen)

Paru dans Scolaire, Périscolaire, Orientation le jeudi 02 avril 2015.

Créer des plates-formes et des commissions d'animation locales afin de recueillir les souhaits des jeunes et les offres de missions des structures, puis de faciliter l'appropriation du dispositif par d'autres acteurs en proposant le conseil et l'expertise de structures déjà engagées dans le dispositif: ce sont quelques-unes des pistes de développement du service civique qui ont été évoquées à l'occasion de trois auditions publiques menées, ce jeudi 2 avril 2015 à l'Assemblée nationale, par la mission de réflexion sur l'engagement citoyen et l'appartenance républicaine. Cette mission doit, par ses travaux qui ont été lancés le 19 février dernier, permettre d'accompagner la montée en charge du dispositif, ouvert depuis le 6 février 2015 à tous les jeunes.

Le président de la République vise un objectif de 150 à 170 000 jeunes en service civique en 2017, soit 5 fois plus que le nombre de jeunes qui ont été accueillis dans ce dispositif en 2014 (35 000 jeunes), selon les chiffres donnés par Claude Bartolone, le président de l'Assemblée nationale. Répondre à cette montée en charge des effectifs passe donc, selon le député Bernard Lesterlin, et "dès à présent", par la nécessité de "structurer une gouvernance de proximité, sous réserve du pilotage par l’État", afin que les institutions s'approprient le dispositif. Ces "commissions d'animation locales" auraient un rôle d'expertise et de conseil, "pour promouvoir les missions", y compris "chez ceux qui ne sont pas mobilisés". Elles permettraient également, estime-t-il, de limiter le risque de voir se développer des offres en "substitutions d'emplois".

Répondre à des besoins locaux

L'idée de plate-formes locales a de son côté été émise par Alain Régnier, chargé de mission "déploiement du service civique" auprès du secrétaire général du ministère de l'Intérieur. Pour lui, la montée en charge du dispositif passe avant tout par le développement d'offres "qualitatives". "Nous voulons travailler sur le fond, à des missions de qualité. Comment recueillir l'expression des souhaits des jeunes, comment l'expertiser et comment mettre en adéquation les souhaits des jeunes et les offres qui existent sur les territoires?" La création de ces plate-formes seraient l'une des réponses possibles à ces questions.

L'expérimentation lancée il y a deux mois en Lorraine, et qui pourrait être ensuite généralisée, s'inscrit aussi, indique-t-il, dans cette logique qui consiste à "amener des jeunes dans des missions plus opérationnelles", donc plus "attractives" que des missions "classiques dans des bureaux". 12 jeunes doivent ainsi effectuer des missions d'assistance et d'observation en même temps qu'ils signent un contrat de sapeur-pompier volontaire. En plus d'avoir fait l'objet de "beaucoup de demandes", ce "service civique adapté" permet de faire face à la baisse des recrutements dans le domaine des services d'incendies et de secours.

Alain Régnier indique par ailleurs avoir demandé à chaque préfet que soit désigné un référent de niveau corps préfectoral en complément du référent de réseau de service civique, afin d'organiser au mieux la stratégie d'implantation territoriale du dispositif. Ces aspects organisationnels posent néanmoins la question du périmètre, à l'heure où les grandes Régions sont en train de se constituer: "faut-il garder le niveau des grandes Régions pour le pilotage ou pas?", s'interroge Alain Régnier qui fera des propositions à ce sujet dans quelques semaines.

Intégrer des moments d'échanges collectifs entre jeunes dans la formation obligatoire

La mission a également fait le point sur les travaux menés autour des contenus et de l'encadrement. Au-delà de l'évolution des missions vers davantage d' "opérationnel", la mission réfléchit à l'intégration d'un temps consacré aux confrontations d'expériences des jeunes. Ainsi, "une rencontre collective, obligatoire dans le cadre des journées de formation que l'on doit offrir aux jeunes, serait organisée une fois par trimestre sur un bassin de vie". Les jeunes pourraient être aussi, en amont, associés à la construction du projet de mission.

Alain Régnier précise que le travail sur les conditions d'accueil et de suivi allait démarrer après la réunion interministérielle du 15 avril. Principale suggestion sur ce point: constituer "un réseau" de jeunes qui auront déjà bénéficié d'une expérience de service civique et qui pourront "coacher ou parrainer d'autres jeunes", "modalités qui permettraient de crédibiliser et rendre plus attractif le dispositif". Et ce d'autant que "notre image [celle des institutions, de la fonction publique, NDLR] n'est pas forcément positive auprès du grand public", conclut le chargé de mission.

Intégrer le service civique au parcours citoyen

Hélène Paoletti, directrice de l’Agence du service civique, estime que les jeunes se sont approprié le dispositif (plus 80 000 y sont passés depuis 2010). Leur suivi montre également que le service civique augmente leur volonté "de faire bouger les choses à côté de chez eux" et qu'il "développe le goût de l'engagement".

En revanche, il n'en fait pas des citoyens plus actifs. Aux élections européennes de 2014, ils sont allés voter "un petit peu moins que les autres" car "ils sont plus critiques que les autres jeunes et ne se retrouvent pas dans l'offre politique", analyse Hélène Paoletti. Observation qui est à l'origine de l'une de ses recommandations: intégrer le service civique au parcours de citoyenneté, car il ne peut être, selon elle, "qu'une étape" dans l'acquisition des valeurs républicaines.

Camille Pons

« Retour


Vous ne connaissez pas ToutEduc ?

Utilisez notre abonnement découverte gratuit et accédez durant 1 mois à toute l'information des professionnels de l'éducation.

Abonnement d'Essai Gratuit →


* Cette offre est sans engagement pour la suite.

S'abonner à ToutEduc

Abonnez-vous pour accéder à l'intégralité des articles et recevoir : La Lettre ToutEduc

Nos formules d'abonnement →