La Lettre de ToutEduc n°261
Paru dans La lettre le mercredi 22 avril 2015.
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La Lettre de ToutEduc n°261, du 22 avril 2015
A LA UNE. Cette semaine, F. Hollande, M. Valls, C. Bartolone et G. Larcher ont évoqué le rôle de l'éducation en France. Ces interventions aux plus hauts niveaux de l'Etat sont importantes. Le président du Sénat donne une image de l'Ecole vue de droite sur laquelle revient l'analyse en fin de lettre.
A noter aussi un petit séisme dans la représentation politique des lycéens et la réaffirmation, par l'enseignement catholique, de son désir de voir les établissements s'ouvrir davantage à la mixité sociale.
Des informations à retrouver ci-dessous si vous ne les avez pas reçues "en temps réel". La prochaine lettre le 6 mai. ToutEduc assure d'ici là une veille sur l'actualité.
LES PLUS HAUTS NIVEAUX DE L'ETAT
F Hollande : l'apprentissage est une filière d'excellence, il faut enseigner l'histoire des religions (lire l'article).
Le volet éducation du plan antiracisme : des mesures pour l'Ecole et pour les jeunes des quartiers (lire l'article).
Gérard Larcher donne sa vision de l'Ecole au service du renforcement de l'appartenance républicaine (lire l'article).
Rapport Bartolone : répondre au malaise de jeunes qui ne connaissent pas suffisamment les autres (lire l'article).
LE SYSTEME SCOLAIRE
Réforme du collège : la ministre écrit aux enseignants (lire l'article). Grève contre la réforme mardi 19 mai (lire l'article).
Langues vivantes : le regard des inspections générales sur les classes bi-langues et européennes (lire l'article).
Réforme du collège : les députés défendent les classes bi-langues et les sections européennes (lire l'article).
Réforme du collège, langues vivantes, formation continue : les positions de la ministre, des députés socialistes, du SNETAA, du SE, du SNUIPP (lire l'article).
EELV soutient la réforme du collège, la FSU dénonce la situation des ESPE, le SE-UNSA les programmes d'EPS (lire l'article).
L'ENSEIGNEMENT PRIVE
Privé sous contrat : le Conseil d'Etat confirme la création d'un comité consultatif ministériel (lire l'article).
Mixité sociale : l'enseignement catholique "invite" ses établissements à des politiques d'ouverture (lire l'article).
ELEVES - ENSEIGNANTS
Le SGL (syndicat général lycéen) aura trois élus au CSE (Conseil supérieur de l'éducation) (lire l'article).
Les deux tiers des enfants surdoués sont en échec scolaire (lire l'article).
EUROPE - INTERNATIONAL
L'Education s'améliore en Europe (lire l'article).
Mixités sociales à l'école : une première conférence de comparaisons internationales (lire l'article).
JEUNESSE
Une campagne de communication pour les "colos" qui favorisent la mixité sociale ! (lire l'article).
Psychotropes : baisse des expérimentations, hausse des usages réguliers (lire l'article).
INSERTION
Ecoles de la 2ème chance : 58% de sorties positives (lire l'article).
Les taux d'emplois des anciens apprentis supérieurs à ceux des anciens lycéens (DEPP) (lire l'article).
TEXTES OFFICIELS
Au JO du 18 avril : changements au cabinet de N Vallaud-Belkacem, le CAPES de SVT, J & S (lire l'article).
Au JO des 17 et 18 avril : le calendrier scolaire, la métropole de Lyon, le baccalauréat, la MIVILUDES (lire l'article).
A L'AGENDA (des informations à retrouver ici)
Les 30 avril et 1er mai - Montréal - Enjeux actuels et futurs de la formation et de la profession enseignante
Le 5 mai - Paris - Comment faire de la priorité Jeunesse, des réalités territoriales ?
Le 6 mai - Paris - Entrepreneur : un nouvel emploi d’avenir après prof ? (Aide aux profs)
Le 20 mai - Paris - Abus sexuel des enfants : mécanismes de protection et résilience (colloque du BICE)
Les 20 et 21 mai 2015 - Marseille - Rencontres de l'Orme 2015
Du 20 au 22 mai - Lima (Pérou) - 6ème congrès international sur la violence scolaire et les politiques publiques
Le 21 mai - Bienne (canton de Berne, Suisse) - Relations famille-école : perspectives de la recherche en éducation
A ajouter à vos agendas
Les 4 et 5 juin - Paris - Mixités sociales à l'école : conférence de comparaisons internationales
Le 12 juin - Paris - Constante macabre : le combat continue
ANALYSE. Alors même que ToutEduc publiait sa lettre la semaine dernière, soulignant que la réforme du collège s'inscrit dans un contexte de possible alternance en 2017, le président (UMP) du Sénat remettait à François Hollande son rapport sur les moyens de renforcer le sentiment d'appartenance à la République, titré "La Nation française, un héritage en partage". Gérard Larcher y présente notamment sa vision de l'Ecole. Ce document ne constitue certes pas un programme pour la Droite si elle revient aux affaires. Son auteur n'a pas reçu mandat de son organisation politique pour un tel exercice, et ses considérations ne sont pas réellement assorties des moyens de leur réalisation; elles sont de plus loin d'envisager l'ensemble des problématiques scolaires. Le texte dessine pourtant un projet, et définit une sensibilité commune à une famille politique.
Gérard Larcher fait d'abord sienne la conception anti-sociologique de l'Ecole chère à Alain Finkielkraut pour qui les élèves doivent "oublier leur communauté d’origine (...) pour pouvoir penser par eux-mêmes". Le président du Sénat s'oppose par ailleurs aux théories "constructivistes" dont il affirme qu'elles "ont pris le pouvoir dans l'enseignement" et pour lesquelles "c'est l'enfant qui construit lui-même son savoir." Il dénonce dans le même temps, le "pédagogisme" qui, dit-il, réduit "l’éducation à des techniques d’apprentissage". On voit donc un enfant considéré comme un sujet libéré de ses attaches familiales et sociologiques, responsable de ses apprentissages puisqu'aucune "technique" ne viendrait les lui imposer, mais soumis à l'autorité d'un maître qui lui indique la marche à suivre, puisqu'il ne les construit pas lui-même.
Le rapport nous dit peu de choses des enseignants, sinon qu'on pourrait exiger d'eux qu'ils aient accompli un service civique pour témoigner de leur engagement. Figures de l'autorité, ils "doivent être soutenus sans réserve (...) lorsqu’ils sont confrontés (...) à la contestation idéologique ou religieuse du savoir transmis". L'élu est davantage explicite sur le rôle de "l’institution scolaire", donc de l'Etat, à qui revient la responsabilité de "la restauration de l’autorité, (de) la fixation des objectifs du système scolaire et (de) la définition des programmes, (de) la collation des diplômes". Cette autorité doit être forte, comme doit être "grande" l'autonomie de l'établissement clairement identifié à son directeur, principal ou proviseur. Celui-ci pourrait d'ailleurs "donner un avis" sur les enseignants qui demandent à y être nommés.
Ces établissements sont organisés avec des "classes de niveaux". Les élèves n'ont aucun "droit" à demander des menus sans porc, mais le chef d'établissement, sans y être obligé, peut faire preuve "de bon sens", et on comprend qu'il s'agit d'éviter des incidents dans des établissements qui comptent bon nombre d'élèves de culture musulmane. L'environnement est donc pris en compte, mais à l'initiative de l'établissement et pour répondre aux exigences de l'ordre public.
Gérard Larcher s'intéresse beaucoup à l’enseignement de l’histoire qui doit permettre "à chaque élève, quelle que soit sa culture d’origine, de se réapproprier le roman - le récit - national" et d'y trouver une source "d’identification et de fierté". La vision est politique, et même téléologique, reposant "sur l’idée que la communauté nationale est le fruit d’une construction volontaire, d’un progrès constant, d’un dessein propre à la nation française."
L'Ecole est donc pour Gérard Larcher un outil au service de la restauration de l'idée de Nation et de la cohésion sociale conçue comme le produit d'une forme de transcendance républicaine et dans une perspective clairement marquée à droite.