Langues vivantes : le regard des inspections générales sur les classes bi-langues et européennes
Paru dans Scolaire le lundi 20 avril 2015.
Les classes bi-langues "préservent une forme de diversité dans l’enseignement des langues" et "les sections européennes ou de langues orientales en collège montrent l’intérêt d’un enseignement en DNL (discipline non linguistique) lorsqu’il existe et qu’il est pratiqué avec professionnalisme". Toutefois, dans "le contexte particulier" de la réforme du collège, de l'enseignement d'une première langue vivante au CP et de la nécessité "d’un apprentissage plus précoce de la deuxième langue vivante", les deux inspections générales de l'Education nationale, saisies par Benoît Hamon au mois de juin l'année dernière, ont élaboré quatre scénarios qui ont inspiré la ministre de l'Education nationale. Le rapport, qui date du mois de décembre, a été récemment publié sur le site du ministère.
Le rapport envisage la suppression des classes bi-langues et des SELO (sections européennes ou de langues orientales) et propose généraliser le démarrage de la deuxième langue vivante en classe de sixième, ce qui serait "pédagogiquement satisfaisant", mais "peu compatible avec les contraintes budgétaires actuelles". Le deuxième scénario (démarrage de la deuxième langue vivante en cinquième, suppression des dispositifs bi-langues et SELO) "ne respecte pas les accords internationaux bilatéraux". Le troisième, (démarrage de la deuxième langue vivante en cinquième et mise en place d’une carte académique optimisée des sections bi-langues et des SELO) est "plus acceptable par les familles et présente peu de risques". Le quatrième est "proche du précédent", mais "propose deux parcours" selon que les élèves ont appris l'anglais ou une autre langue en LV1; ces derniers commencent l’apprentissage de la LV2 en sixième. "Ce dernier scénario respecte les accords internationaux et présente peu de risques sauf celui de l’augmentation des coûts".
1 200 enseignants
En ce qui concerne le coût en 2012 des classes bi-langues, il est estimé à 394 ETP pour les collèges publics pour près de 15 % des élèves, "et le coût des sections européennes ou de langues orientales à 808 ETP" pour un peu plus de 10 % des élèves. A noter une répartition très inégalitaire sur le territoire des classes bi-langues, moins de 10 % des élèves en Basse-Normandie et près de 60 % en Alsace. Ces sections, "qui offrent l’apprentissage de deux langues vivantes étrangères dès la classe de sixième, se sont développées depuis la rentrée scolaire de 2002" tandis que les SELO concernent "très peu les élèves de sixième (moins de 1 %)", "démarrent en classe de quatrième (10,6 %des élèves en 2013)" pour se prolonger au lycée.
"Le développement continu de chacun de ces deux dispositifs, encouragé régulièrement par l’institution, montre qu’ils ont su répondre à une réelle attente." Quant aux élèves, ils sont "curieux, ouverts et motivés", un profil qui "ne doit pas être réduit au seul jeu du déterminisme social", même si la mission fait état "d'une "surreprésentation des catégories sociales favorisées dans les deux dispositifs". L'écart dans le poids relatif de chaque catégorie "peut s’élever jusqu’à 20 points dans les collèges relevant de l’éducation prioritaire", mais "la présence d’un dispositif linguistique (...) participe indéniablement à une meilleure attractivité du collège, facteur de mixité sociale pour les établissements classés en éducation prioritaire. En outre, dès lors que les élèves scolarisés dans ces dispositifs sont répartis pour les autres enseignements dans plusieurs classes, ils y constituent une tête de classe, au bénéfice de tous."
Le rapport "Classes bi-langues et sections européennes ou de langues orientales (SELO) en collège" est téléchargeable sur le site du ministère de l'Education nationale ici. A noter que le ministère n'a pas fait de publicité autour de cette publication.