La Lettre de ToutEduc n°194
Paru dans La lettre le mercredi 08 janvier 2014.
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La Lettre de ToutEduc n°194, du 8 janvier 2014
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Vous retrouverez ci-dessous, si vous ne les avez pas reçus "en temps réel", les titres des dépêches publiées depuis le 18 décembre, y compris ceux qui figuraient dans la Lettre du 25, un jour où vous aviez peut-être trop à faire avec le Père Noël pour vous en soucier... Les deux faits majeurs sont l'adoption du budget 2014 et une nouvelle polémique sur la lecture; l'analyse leur est consacrée. Aujourd'hui, le Gouvernement organise un séminaire sur le "décrochage", une notion dont nous vous proposons le préciser les contours...
DECROCHAGE
Qu'est-ce qu'un "décrocheur" ? La réponse de Pierre-Yves Bernard (lire l'article).
Quelle est la valeur des diplômes de l'Education nationale en termes d'emploi ? La réponse de Pascal Caillaud (lire l'article).
LE SYSTEME SCOLAIRE
Budget 2014 : Les créations de postes annoncées par le ministère de l'Education nationale (lire l'article). Les enjeux pécuniaires des négociations en cours sur le métier d'enseignant (lire l'article). Mais cette année, les collèges et les lycées ont accueilli à cette rentrée 50 000 élèves de plus (lire l'article) et les écoles primaires 40 000 élèves de plus (lire l'article). Le ministère appelle les recteurs à mieux mobiliser les fonds européens (lire l'article) (voir aussi l'analyse ci-dessous)
Bac - 3 / Bac + 3 : les réponses apportées sont diverses d’un pays à l’autre, montre l'Ifé (lire l'article).
La création d'un bac professionnel peut remettre en cause l'offre régionale de formation (lire l'article)
Les éditeurs scolaires inquiets du flou qui entoure le service public du numérique éducatif (lire l'article)
Le SNETAA (enseignement professionnel) dénonce la politique de V. Peillon et les autres syndicats (lire l'article)
PEDAGOGIE
Dehaene vs Goigoux : la guerre de la lecture relancée ? (lire l'article)
Maryline Baumard milite pour l'importation en France des pédagogies "explicites" (lire l'article) tandis qu'une étude américaine, qui va dans le même sens, tend à démontrer qu'à trois ans, les enfants comprennent ce qu'est un nombre (lire l'article). (voir aussi l'analyse ci-dessous)
Une fiction pour retracer la première année d'enseignement d'un PE dans un quartier difficile (lire l'article)
INSERTION - ORIENTATION
L'apprentissage connaît une certaine revalorisation sociale (Revue française de pédagogie) (lire l'article).
PARENTS - ELEVES - ENFANCE
Mères voilées, crèches, laïcité : le Conseil d'Etat se borne à "l'état actuel du droit" et ne fait "aucune proposition" (lire l'article). Les réactions de Vincent Peillon, du SNUIPP et du SNPDEN (lire l'article)
Le rapport de l'ONZUS montre l'étendue des inégalités entre les élèves et les jeunes des "zones urbaines sensibles" et les autres (lire l'article).
Pour les inscriptions au CNED , la décision de l'inspecteur est contestable en justice, a décidé le Conseil d'Etat (lire l'article).
Deux enfants ont été exclus d'une école primaire en Moselle (lire l'article).
L'ONED veut en savoir plus sur le placement familial (lire l'article)
JEUNESSE
Service civique : V. Fourneyron et F. Chérèque saluent la générosités des jeunes engagés avec "les enfants du canal" (lire l'article)
Au pays de Mirepoix se mettent en place des chantiers pour des enfants de 9-11 ans (lire l'article)
La pétition contre Tomboy témoigne de l'initiative d'une fondation espagnole pour s'inscrire dans le paysage catholique français (lire l'article)
JUSTICE
EPM de Lavaur : des violences au réveillon (lire l'article)
"La pédagogie qui soigne, on la retrouve difficilement dans les CEF", estime le Journal du droit des jeunes (lire l'article)
INTERNATIONAL
Les enfants de la nouvelle classe moyenne africaine, un enjeu économique (Jeune Afrique) (lire l'article)
OFFICIEL
Légion d'honneur : Anne Armand (IGEN), Gérard Aschieri (FSU), Nicole Geneix (FSU), José Fouque (E & D) (lire l'article)
Au JO du 3 au 5 janvier : L'enseignement privé, les internats d'excellence, la Famille et J & S, le ministère de l'EN (lire l'article)
Au JO du 27 au 29 déc. : Le service civique, l'enseignement privé, la loi d'orientation, le CSP et le CNESS, la PJJ... (lire l'article)
Au JO du 19 au 26 déc.: les rythmes scolaires (le préfet peut permettre aux personnes titulaires du BAFD d'exercer des fonctions de direction des accueils de loisirs organisésdans le cadre de la réforme), les associations, J & S, la PJJ, la territoriale... (lire l'article)
ANALYSE. Le budget 2014 prévoit la création de 4 351 postes d'enseignants pour les écoles, collèges et lycées publics pour la rentrée publique prochaine, auxquels s'ajoutent les postes créés pour les stagiaires des ESPE. A la dernière rentrée, les services du ministère calculent que ces mêmes écoles et établissements ont accueilli 90 000 élèves de plus. Vincent Peillon pourra-t-il à la fois améliorer les taux d'encadrement dans le premier degré, les maintenir dans le second degré, où les effectifs sont parfois très lourds, diminuer de 10% les obligations de service des enseignants de l'éducation prioritaire, rouvrir des postes pour reconstituer les RASED, compenser les décharges des enseignants formateurs du second degré, renforcer les collèges, accueillir les moins de 3 ans, développer le "plus de maîtres que de classes", etc., etc. ?
Le Conseil supérieur des programmes prévoira-t-il des allégements et une réduction des horaires élèves, ce qui dégagerait quelques heures ? La réforme à venir des lycées réduira-t-elle le nombre des options, grosses consommatrices de moyens ? Quoi qu'il en soit, il est clair que les fameux "60 000" postes seront d'abord affectés à la formation des enseignants, au premier degré, et au traitement de la grande difficulté scolaire. Vincent Peillon disposerait, semble-t-il, d'une enveloppe de 30 millions d'€ (et peut-être davantage) pour inciter les enseignants à prendre des responsabilités, et donc pour modifier la vie des établissements scolaires, avec une "hiérarchie intermédiaire" du type "préfet des études" (même si cette appellation est bien évidemment bannie). Le paysage n'est pas encore entièrement lisible, mais les orientations sont claires. Le "travailler autrement", la coopération entre professionnels de l'éducation, plutôt que la réduction des effectifs.
La "trêve des confiseurs" n'a pas seulement été marquée par quelques annonces sur le budget 2014, elle a aussi vu la reprise de la vieille polémique "méthode syllabique vs méthode globale". C'est Stanislas Dehaene qui relance la bagarre, avec pour arme nouvelle une étude sociologique dont le sérieux est immédiatement mis en cause par Roland Goigoux. Et si les deux ennemis étaient moins éloignés que leur animosité ne le donne à penser ? Le premier dit en substance : "Le cerveau à 6 ans a davantage les moyens de traiter les syllabes que les mots entiers, il dispose dès la naissance des structures logiques nécessaires" (un thème de recherche que développent également aux Etats-unis les tenants des pédagogies explicites, y compris pour l'accès aux nombres). Le second lui répond, toujours en substance : "Ne vous fiez pas à ce que prétendent les manuels et les idéologues; dans la réalité des classes, les enseignants font bien un travail sur la syllabe." L'un et l'autre sont donc d'accord sur un point au moins : à un moment ou à un autre, les enfants doivent faire du "b-a ba". Mais ne commettent-ils pas tous deux une erreur majeure ? L'apprentissage de la lecture est d'une telle complexité qu'il suppose peut-être plus de désir que de technicité. Nos deux savants n'oublient-ils pas que l'acteur principal de cet apprentissage n'est ni le manuel, ni l'enseignant, mais l'enfant ? N'oublient-ils pas aussi l'importance du rôle joué par les parents, l'environnement culturel, la lecture, dès le plus jeune âge, de belles histoires ? Ne font-ils pas l'impasse sur les individus, avec leurs différences ? Tel a besoin de voir dans les signes écrits une mécanique rassurante, et tel autre voudrait accéder aussitôt au sens des mots, d'une histoire... Les pratiques pédagogiques que Roland Goigoux cherche à cartographier sont-elles purement techniques, didactiques, ou font-elles la part de l'affectif, de la capacité à éveiller la curiosité, l'envie, et pour tout dire, d'un peu d'amour ?
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