Une fiction pour retracer la première année d'enseignement d'un PE dans un quartier difficile
Paru dans Scolaire le vendredi 03 janvier 2014.
Mots clés : Desmurger
Christophe Desmurger raconte avec drôlerie et causticité toute une année scolaire d’un professeur des écoles nommé dans un quartier déshérité dans son roman "Des plumes et du goudron". Dès les premières pages, le constat est posé. "L’école ment. (…) Celle que je fréquente quotidiennement promet aux enfants la liberté, l’égalité et la fraternité en lettres rouges sur fond jaune. La devise républicaine fait le tour du préau. Une belle frise. Ma mission est de participer à ce mensonge. Je jure la main sur le cœur que les laborieux obtiendront des diplômes et la belle vie. Ils ne me croient pas, ils savent. Qu’ils sont égaux entre eux. Mais pas avec le reste de la société. Qu’ils devront se battre encore plus que les autres. Avec moins d’armes. Plus d’ennemis".
Christophe Desmurger retrace l’année scolaire 2001-2002 marquée par l’attentat du 11 septembre à New-York et l’arrivée de Jean-Marie Le Pen au deuxième tour des élections présidentielles en France. L’année scolaire commence de façon singulière le 13 septembre par une réunion avec les parents d’élèves, venus nombreux. Mais difficile de parler pédagogie. Alors que tout événement, petit ou grand, est susceptible d’engendrer débats et malentendus, et de venir perturber la vie de la classe, il doit faire preuve d’inventivité pour y faire face. A la question : "Que ferais-tu si tu étais président ?", cette réponse, d'une écriture d’élève de CM1 : "Je tuerais tous les juifs." Comment réagir ne s'apprend ni dans les ESPE ni dans les anciens IUFM.
Lors de cette première année, l’enseignant, fraîchement diplômé de l’IUFM dont les prescriptions se révèlent vaines en réalité, doit faire face à la difficulté de se faire respecter par sa classe de CM1. ll parviendra à établir un lien même avec ses élèves les plus difficiles, notamment grâce à un séjour à la montagne. Ils finissent par s’apprivoiser. "Son rôle : Instruire, bien sûr, mais aussi protéger. Des injustices, des cruautés, du désarroi, de l’ignorance. Mais pour cela, il faudra que Louis accepte de moins se protéger lui-même", résume l’éditeur.
Christophe Desmurger a d’abord enseigné à Lyon puis à Paris. Même si ce roman s’est nourri de son expérience, l’œuvre reste une fiction.
"Des plumes et du goudron", de Christophe Desmurger (Fayard, 221 p.), 18 euros, à commander (ici)