La Lettre de ToutEduc n°193
Paru dans La lettre le mercredi 18 décembre 2013.
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La Lettre de ToutEduc n°193, du 18 décembre 2013
A LA UNE. "On a gagné, la mobilisation a payé", proclament les syndicats et associations des professeurs de "prépas". "Je n'ai pas reculé, la discussion est en cours", répond le ministre. C'est de bonne guerre, de part et d'autre, et ToutEduc n'avait pas à trancher. Mais la mobilisation des milieux intellectuels en faveur des CPGE en dit long sur l'attachement de la France à son modèle "élitiste républicain", malgré PISA et malgré la loi de refondation qui promeut une "école inclusive".
Le travail de deux sociologues met en cause la réforme du "bac pro en 3 ans".
ToutEduc souhaite à tous ses lecteurs de très bonnes fêtes. L'actualité continue sur le site, avec des informations que vous pouvez recevoir dans votre mail à mesure de leur publication (ici). La prochaine "Lettre" vous sera adressée début janvier.
LE SYSTEME SCOLAIRE
Bac pro en 3 ans : deux sociologues soulignent les risques d'une confusion avec le CAP (lire l'article).
V. Peillon annonce ses premières mesures pour la réforme des métiers de l'enseignement et dissocie "prépas" et "ZEP" (lire l'article). Les réactions du SNALC, des syndicats FO, du SGEN, de la FAEN (lire l'article).
Numérique éducatif : le dialogue Etat-collectivités est à peine esquissé. L'EPI propose une initiation à l'école primaire (lire l'article).
Les priorités du nouveau secrétaire général pour la fédération CGT de l'éducation (lire l'article).
Rythmes scolaires : Le SNUIPP n'adhère pas nécessairement à la réforme. La présidente du comité de suivi fait pourtant état d'un "large accord" sur son principe (lire l'article). La CNAF n'a pas été associée à l'élaboration de la réforme, mais sur le terrain, "le bon sens prend parfois le dessus", selon la mission sénatoriale (lire l'article). A lire aussi, un dossier des Cahiers pédagogiques et les craintes du secteur de l'animation (lire l'article)
Il faut refonder la politique de l'éducation prioritaire, estime la FSU (lire l'article).
Rétroactivité : le Conseil d'Etat précise les règles en matière d'enseignement et d'évaluation des connaissances (lire l'article).
Ce qui fait changer un établissement, un dossier des Cahiers pédagogiques (lire l'article).
PEDAGOGIE - ENSEIGNANTS
Le Haut conseil de l’éducation artistique et culturelle fera connaître les bonnes pratiques et les travaux de recherche (lire l'article).
Et si on mettait plus d'élèves dans les classes qui ont les meilleurs enseignants ? (lire l'article).
Violences scolaires : 4 % des enseignants en ont été victimes l'an dernier, elles sont le plus souvent verbales (lire l'article).
ESPE : Les syndicats exposent aux sénateurs leurs motifs d'inquiétude (lire l'article).
ENFANCE - JEUNESSE
CEMEA : le festival du film d'éducation est une opportunité pour éduquer aux médias (lire l'article).
Les PEP signent une convention d'objectifs avec le ministère aux personnes handicapées et à la lutte contre l'exclusion (lire l'article).
Education sexuelle : le débat relancé en Suisse (lire l'article).
Signature de conventions pour favoriser la mobilité internationale des jeunes (lire l'article).
AU JO
Au JO du 12 au 18 déc. : les postes pour l'enseignement privé, la PJJ, J & S... (lire l'article).
A L'AGENDA
Le 11 janvier, 1ere journée régionale du CAPE (collectif des associations partenaires de l'école publique) (ici)
Le 16 janvier, Normes sociales et bifurcations dans les parcours de vie des jeunes (INJEP) (ici)
Le 17 janvier, Séminaire "50 ans après Les Héritiers" (ici)
Le 24 janvier, Colloque sur les nouvelles solidarités familiales (école des parents et des éducateurs) (ici)
Du 24 au 26 janvier, La confiance: une nécessité pour le système éducatif et ses acteurs (Education & Devenir) (ici)
Le 29 janvier, Santé et conditions de travail des enseignants (ici)
Le 30 janvier, Les compétences non académiques (journées d'étude) (ici)
Le 2 février, Du faire au comprendre : l'activité tremplin du développement en maternelle (GFEN) (ici)
Du 8 au 10 janvier 2015, Condition(s) enseignante(s), Conditions pour enseigner (colloque international) (ici)
ANALYSE. Anticipons sur la "trève des confiseurs" et préférons aux conflits en cours une image surprenante. Les PEP, un mouvement d'éducation populaire, ont investi, durant 3 jours, un bâtiment qui fut longtemps le lieu même du capitalisme, le Palais Brongniart, "la Bourse" où ont été pieusement conservés "la corbeille" et le tableau noir où étaient portés, à la craie, les cours. Plus de traders ou de courtiers en costume-cravate, mais des jeunes handicapés qui assuraient l'accueil en souriant et partout des représentants de cette économie sociale et solidaire qui prenait, en quelque sorte, sa revanche sur la finance... Il ne faut certainement pas pousser plus loin le jeu des symboles, mais revenir sur ces trois journées qui ont été l'occasion de la signature d'une convention avec la ministre en charge des personnes handicapées et de la lutte contre l'exclusion (lire ici). Se sont succédé des ateliers, des tables rondes, des conférences, autant de témoignages de la vitalité de ce mouvement qui a fait de "la solidarité" sa valeur première...
Pourtant Aline Becker, secrétaire générale adjointe du SNUIPP, a évoqué au cours d'une table ronde sur les PEDT (projets éducatifs de territoire) et les rythmes scolaires, le recul de l'influence de l'éducation populaire chez les jeunes enseignants. La masterisation a accentué un mouvement amorcé de longue date. Les nouveaux professeurs des écoles n'ont plus cette culture qui passait par le BAFA et les "colos". La réforme des rythmes met d'ailleurs souvent en concurrence des associations déstabilisées par la perte du créneau du mercredi matin. Ont-elles toujours conscience d'assurer une mission de service public ? Sont-elles considérées par les municipalités comme des prestataires, ou comme des partenaires ? Et elles-mêmes, comment se voient-elles ?
Les communes qui avaient mis en place des PEL (projets éducatifs locaux) se plaignaient souvent que les enseignants étaient peu présents. Combien d'entre eux se souciaient d'ailleurs de ce que devenaient leurs élèves après 16h30, du moins ceux qu'ils ne gardaient pas à "l'étude" ? Aujourd'hui, certaines associations peuvent avoir au contraire le sentiment qu'avec les PEDT, l'Education nationale a repris la main, puisque les inspecteurs et les DASEN ont un droit de regard, voire de veto... Quant aux parents, ils ont voulu avoir le week-end complet avec leurs enfants, mais à en juger par les taux de fréquentation des TAP (les activités générées par la réforme), mais aussi de la restauration scolaire, et des accueils avant et après l'école, ils demandent à la puissance publique, Etat, mairie ou autre, de les prendre en charge les autres jours de la semaine ... si possible sans bourse délier.
Si l'occupation de la Bourse par les PEP a une valeur symbolique, c'est parce qu'elle marque cette grande demande sociale qui ne date pas d'hier, mais que la réforme des rythmes exacerbe. Or il se trouve que l'Ecole, comme l'a souligné George Pau-Langevin, ne peut plus assurer seule l'éducation des enfants. Le marché ne le peut pas non plus. Le mouvement associatif et l'économie sociale ont un espace nouveau pour se développer. La ministre déléguée, qui a ouvert l'une des tables rondes; a indiqué que le "pacte pour la réussite éducative" était ouvert maintenant à la signature de tous ceux qui souhaitent s'engager...
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