Ce qui fait changer un établissement (Cahiers pédagogiques)
Paru dans Scolaire le samedi 14 décembre 2013.
Mieux vaut changer aisément ce qui peut l’être dans un établissement plutôt que d’annoncer vouloir y faire un grand changement : c'est, en résumé, la leçon du dossier "Ce qui fait changer un établissement" publié dans le numéro de décembre des Cahiers pédagogiques.
De retour de Finlande, le "pays-de-la-réforme", deux principaux adjoints (Cathy Marret et Philippe Picard) en profitent pour considérer différemment ce qui se fait et ce qui ne se fait pas en France. Au passage, ils constatent que les Finlandais envient nos ambitions pédagogiques, nos nombreuses instances et notre richesse culturelle ! S’il nous faut "faire le deuil du respect ascendant et unilatéral pour développer l’apprentissage d’un respect mutuel", les auteurs considèrent comme des atouts "les actions communes, fêtes, événements qui donnent du sens au déroulement d’une année scolaire et une identité à un établissement". En Finlande, c'est "de la base qu’est parti le changement" et ils posent la question "pourquoi pas chez nous ?".
Pour François Muller du département Recherche-développement en innovation du ministère de l'Education nationale, le changement résulte "de la combinaison de plusieurs compétences professionnelles en résonance entre elles sur un temps suffisant pour obtenir une amélioration durable", mais il faut au préalable un déclencheur, une vraie difficulté rencontrée. Le réseau Respire, "le réseau social des professionnels de l'éducation consacré à l'innovation", constitue une communauté d’apprentissage professionnel, 2 000 actions y sont recensées et permettent, selon lui, que le changement se traduise "en de véritables dispositifs de développement professionnel continu, dont on peut tracer les petits pas, dans [chaque] établissement".
Pour volumineux qu’il soit ce dossier des "Cahiers" ne constitue pas un vademecum mais plutôt une mise à distance réflexive de ce qui se pratique "sur le terrain" et propose une "grammaire du changement". Dans un article au titre éponyme, Richard Etienne, professeur en sciences de l'éducation à Montpellier-III évoque "un jeu subtil entre le groupe de pilotage du projet d’établissement et le conseil d’administration (...) dont le pouvoir législatif est à développer". Usant d'une francisation "ad hoc" de "management", il fait valoir l'importance primordiale du "ménagement de l’établissement", à l'instar d'un lycée de Vendôme - mais il est d'autres exemples fournis - qui en organisant les temps autour de sujets d'étude module une aide aux changements pédagogiques. Les CA d' établissement pourraient, nous dit R. Etienne, accrocher aux projets d'établissement l'organisation du temps sans passer par des "journées banalisées" pour lesquelles l'auteur ne cache pas sa répulsion.
Les Cahiers pédagogiques, n° 509, 8,50 €