La Lettre de ToutEduc n°154
Paru dans La lettre le jeudi 28 février 2013.
Forwarder nuit gravement à la santé ... de la presse *
La Lettre de ToutEduc n°154, du 27 février 2013
A LA UNE. Les lecteurs de ToutEduc n'ont pas été surpris des propos de Vincent Peillon sur l'année scolaire. Le ministre de l'Education nationale avait annoncé depuis longtemps son intention de raccourcir les congés d'été, et cette information a été donnée (le 8/2 ou le 11/10 par exemples, ici et ici). N'ont été étonnés que ceux qui ne nous lisent pas ou ceux qui avaient de bonnes raisons de feindre qu'ils découvraient ce projet. C'est sans doute de bonne guerre, mais ToutEduc n'a pas repris leurs déclarations.
Les enfants délinquants ne sont pas des "animaux sauvages que l’on attache brutalement au piquet", considère Jean-Marie Delarue dans son rapport sur les lieux de privation de liberté.
Des informations à retrouver ci-dessous, mais que vous avez pu recevoir "en temps réel" chaque jour depuis mercredi dernier (en cliquant ici). La Lettre du 20 février ici.
REFONDATION - REFORME DES RYTHMES SCOLAIRES
L'examen du projet de loi sur la refondation par la commission des affaires culturelles et de l'éducation donne le ton, relativement consensuel, des débats à venir (Lire l'article).
Vincent Peillon revient dans un livre sur la cohérence de ses démarches politique et intellectuelle (Lire l'article).
Le SNUIPP demande le report de la réforme des rythmes scolaires à 2014, sauf dans les villes où les conditions sont réunies pour 2013 (Lire l'article). La FCPE demande un amendement à la loi. A Paris, les syndicats dénoncent la consultation des parents. Le 3ème trimestre serait allongé de fait (Lire l'article) ; le 4è débat parisien fait bouger des lignes mais pas le paysage (Lire l'article).
Pour les associations complémentaires de l'Education nationale, le BAFA n'est pas un diplôme suffisant pour animer des activités périscolaires (Lire l'article).
ToutEduc détaille le projet de circulaire interministérielle qui définit les projets éducatifs territoriaux (PEDT) (Lire l'article).
SYSTEME SCOLAIRE
Une note de la DEPP rappelle que les instruments de mesure actuels de l'absentéisme sont défaillants (Lire l'article).
Le "service public de l'enseignement numérique" voulu par V. Peillon s'inscrit dans le cadre de "l'ambition numérique" de F. Hollande (Lire l'article).
Les interventions des entreprises dans l'éducation changent-elles de modèle ? (Lire l'article)
A l'occasion du comité interministériel des Villes, le premier ministre a dévoilé la nouvelle carte de l'éducation prioritaire (Lire l'article).
VIE SCOLAIRE, PEDAGOGIE
Violences scolaires : sortir de la pensée magique, faire le lien entre connaissance et action (E. Debarbieux, V. Peillon) (Lire l'article).
"Les enfants Roms sont bien accueillis à l'école", affirme George Pau-Langevin (Lire l'article).
La pédagogie différenciée n'est pas un "avatar néolibéral" (Cahiers pédagogiques) (Lire l'article).
Il faut faire de la mixité sociale un principe fondateur de l'Ecole (Tribune de l'Express) (Lire l'article)
SYNDICATS - ENSEIGNANTS - PERSONNELS
Les organisations syndicales ont massivement réagi aux annonces de la semaine concernant les rythmes, les retraites du privé, le baccalauréat, les lycées professionnels et la formation des enseignants (Lire l'article).
La circulaire "108h", relative au temps de service des enseignants du premier degré, a été publiée au JO (Lire l'article). Pour le député Benoist Apparu, cette circulaire consacre une réduction du temps de travail des enseignants (Lire l'article).
Les médecins scolaires attendent du ministère la définition de priorités dans le projet de loi pour la refondation de l’école (Lire l'article).
Un professeur, même agrégé, doit adapter sa pédagogie au niveau de ses élèves (CAA de Nancy) (Lire l'article)
JEUNESSE
Une sélection des mesures annoncées par le Gouvernement après la réunion du comité interministériel de la jeunesse (Lire l'article).
JUSTICE
La prévention de la récidive des jeunes, mineurs et majeurs est un enjeu central des politiques pour la jeunesse, selon la Conférence de consensus (Lire l'article).
Les enfants délinquants ne sont pas "des animaux sauvages" (J-M Delarue, contrôleur général des lieux de privation de liberté) (Lire l'article)
JO
Au JO du 20 au 23 février: Alsace-Moselle, J & S, PJJ, 3 CAP...(Lire l'article).
A L'AGENDA
Le 20 mars, l’Education prioritaire et la pédagogie, organisé par l'OZP (Lire l'article).
Le 20 mars, La loi d'orientation, présentée à l'IREA par Xavier Nau, rapporteur au CESE (Lire l'article).
ANALYSE. Les mesures annoncées lors du CIJ (Comité interministériel jeunesse) du 21 février n'ont rien de spectaculaire. Des pistes sont lancées, des dispositifs expérimentés, l'Etat encouragera les acteurs qu'il ne peut contraindre, ou inscrira dans le droit commun ce qui était spécifique... Sans doute faut-il saluer cette modestie même, ce désir de cohérence, et cette volonté d'avancer pas à pas, même si, médiatiquement, elle est bien peu mobilisatrice.
Pourtant, comment se réjouir de voir repris sans beaucoup d'esprit critique les discours sur le "décrochage"? Le Gouvernement confirme officiellement le chiffre de 140 000 décrocheurs chaque année, mais les responsables reconnaissent, "off", qu'il est pour le moins approximatif. Il émane du SIEI (Système interministériel d'échange d'informations) qui parlait il y a peu de 180 000 jeunes (Lire ToutEduc du 04/12/12 ici) et qui était parti du nombre délirant de 320 000, comme si plus d'un jeune sur trois était décrocheur ! Le moins que l'on en puisse dire est qu'il n'est pas fiable. Ce nombre correspond, comme par hasard, au nombre de jeunes qui sortent de l'Ecole (ou de l'apprentissage) sans avoir au moins un CAP (120 000 en métropole, 20 000 dans les DOM). Mais cette notion pose aussi une question de définition. Du point de vue de l'accès immédiat à l'emploi, il est sans doute plus dommageable pour un jeune de quitter le système de formation initiale avec un bac L que d'avoir raté de peu un CAP en mécanique de précision...
C'est du moins ce qu'on peut imaginer, au risque d'être la dupe des clichés sur "le patron qui embauche son apprenti pas très doué pour les études, mais courageux à l'atelier" ! Les études du CEREQ sur l'insertion professionnelle valorisent le diplôme (Lire ToutEduc du 15/12/12, ici), mais ne permettent pas d'imaginer tous les cas de figure.
Et si cet engouement des politiques pour cette "lutte contre le décrochage", devenue un impératif commun à la Gauche et à la Droite, n'était que l'avers d'une incapacité à penser le passage de la Jeunesse à l'âge adulte ? Il est, en France, surdéterminé par le diplôme acquis en formation initiale, puisque la formation continue est rarement diplômante, que la VAE (validation des acquis de l'expérience) ne décolle pas, et que la "formation tout au long de la vie" reste un voeu pieux, voire, pour certains observateurs une formule dangereusement importée des pays anglo-saxons et marquée par le "néolibéralisme". La "peau d'âne" décrochée à 20 ans conditionne donc toute une vie. Les parcours doivent-ils pour autant être tous linéaires ? Comment prendre en compte leur singularité ? L'avenir est de moins en moins prévisible. Les évolutions technologiques sont rapides et la réalité des métiers exercés s'éloignera toujours un peu plus des formations professionnelles initiales. Mais pouvons-nous renoncer aux garanties que donnent les statuts professionnels, et les conventions collectives, fondées sur les diplômes ! Comment concilier deux impératifs contradictoires, conserver des cadres collectifs et reconnaître la singularité des trajectoires ? L'accent mis sur la lutte contre le décrochage masque mal cette difficulté. La future loi pour la compétitivité et la sécurisation de l'emploi apportera-t-elle des solutions ? La refondation permettra-t-elle de diminuer sensiblement les sorties sans diplômes ? Le chômage des jeunes baissera-t-il ? Les réponses à toutes ces questions se situent dans le moyen ou long terme. En attendant, on lutte contre le "décrochage", qu'on définit comme la situation scolaire et sociale d'un jeune à un moment de son histoire, sans avoir les moyens de voir comment il s'inscrit dans le temps long. Enfin, ce combat, d'une indiscutable nécessité, ne doit pas faire oublier la prévention en amont, notamment les dispositifs relais pour les collégiens qui menacent de décrocher...
* ToutEduc fait confiance à ses lecteurs pour respecter le travail de ses journalistes, et ne "forwarder" sa lettre et ses dépêches (même au sein d'une même entreprise, institution ou association) qu'à des personnes susceptibles de s'abonner, sauf dans le cas d'un établissement scolaire.