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Violences scolaires : sortir de la pensée magique, faire le lien entre connaissance et action (E. Debarbieux, V. Peillon)

Paru dans Scolaire le mardi 26 février 2013.

V. Peillon et E. Debarbieux"La violence ne doit pas nous dicter son tempo" et l'action de l'Education nationale doit être résolue, inscrite dans la durée, fondée sur des éléments objectifs, prenant en compte la complexité des causes... Vincent Peillon n'exclut pas l'empathie avec les victimes, ni l'émotion que suscite un fait divers tragique dans un établissement scolaire, mais le ministre refuse "l'instrumentalisation de l'insécurité" et les réactions immédiates, de court terme et vite oubliées. Il l'a dit ce 26 février, avant de donner la parole à Eric Debarbieux qui présentait un point d'étape des travaux de la "délégation ministérielle chargée de la prévention et de la lutte contre les violences en milieu scolaire" et les résultats de l'enquête de victimation et de climat scolaire des personnels du second degré.

Cette enquête est fondée sur les réponses de quelque 18 000 enseignants et non enseignants du second degré à un questionnaire adressé par mailing fin janvier à 156 000 adresses par les "Autonomes de solidarité". Le nombre des réponses a plutôt surpris la délégation qui attendait 8 à 10 000 réponses, et qui pense maintenant que 40 000 personnels répondront, ce qui témoigne de leur besoin d'être entendus. Deuxième enseignement, "le climat scolaire reste 'bon' ou 'plutôt bon' pour 70 % des personnels", un chiffre à mettre toutefois en rapport avec les 92 % du premier degré. Les violences physiques sont rares, 5 % des répondants déclarant des bousculades, moins de 1 % déclarant des coups. Mais si "les personnels se sentent très majoritairement respectés par les élèves", les violences verbales sont banales : plus de 40 % des répondants ont été insultés au moins une fois depuis la rentrée. "Les femmes ne sont pas plus victimes que les hommes", mais 62 % des enseignants en éducation prioritaire estiment qu'il y a de la violence dans leur établissement, contre 25 % hors éducation prioritaire. De même, les lycées professionnels sont plus touchés que les autres établissements : plus de la moitié des personnels y ont été insultés au moins une fois depuis le débuat de l'année. Les violences dues à l'intrusion d'éléments extérieurs à l'établissement sont très rares.

L'enquête montre aussi que les personnels estiment n'avoir pas été convenablement formés à affronter et à gérer les violences scolaires, ce qui était vrai autrefois l'étant encore plus parmi les enseignants de la "masterisation". Elle met en évidence l'importance des tensions entre adultes, au sein des équipes, et un grand sentiment de solitude. Près de 30 % des répondants déclarent d'ailleurs envisager de quitter le métier. Or, insiste Eric Eric DebarbieuxDebarbieux, "du bien-être des enseignants dépend le bien être des élèves". Il faut donc travailler à l'amélioration des relations entre la hiérarchie et les enseignants, ne pas taire les problèmes et ne pas nier l'existence parfois de "petits chefs". Pour le chercheur, la gestion des personnels peut aller "très, très loin".

Il faut aussi une meilleure prise en charge des personnels victimes, qui n'ont souvent pas d'interlocuteur au sein de l'institution et suffisamment proche. La formation ne doit pas donner des "trucs", qui relèvent souvent de la pensée magique, mais des "gestes professionnels", par exemple des techniques de gestion de la parole des élèves dans la classe. Il ne suffit pas de sanctionner, il faut entendre que tel élève qui a menacé de mort un enseignant est aussi un enfant harcelé, pour qui la vie dans l'établissement est très difficile...

La campagne contre le harcèlement sera relancée, et des outils pédagogiques, notamment des dessins animés, fournis aux enseignants du 1er degré. Des protocoles de prise en charge des victimes de harcèlement seront créés et diffusés, ainsi que des protocoles de gestion des menaces, et des protocoles de gestion de crise. L'échelle des sanctions sera revue, au profit des "sanctions de responsabilisation". Les procédures de signalement seront "remises à plat".

Le dossier est accessible sur le site du ministère, ici.

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