Rythmes scolaires : quelles formations et quels diplômes pour les activités périscolaires ?
Paru dans Scolaire, Périscolaire, Orientation le jeudi 21 février 2013.
"Pôle emploi recense 367 titulaires du BAFA au chômage" en Indre-et-Loire a répondu Vincent Peillon au maire d'une commune rurale qui faisait état de ses difficultés à recruter des intervenants pour les activités périscolaires dans le cadre de la réforme des rythmes scolaires*. Mais le BAFA est-il le seul niveau de qualification pour ces personnels ? Les associations complémentaires de l'école publique en doutent, indique à ToutEduc Sophie Dargelos (Francas).
ToutEduc : Les activités périscolaires que les communes doivent organiser dans le cadre de la réforme des rythmes scolaires sont-elles assimilables à des ACM (accueils collectifs de mineurs) du type "centres aérés" ?
Sophie Dargelos : Même si le projet de loi d'orientation et le décret sur les rythmes scolaires ne le disent pas explicitement, les collectivités territoriales peuvent choisir d’organiser des activités périscolaires se situant dans le cadre réglementaire des ACM. Ces activités éducatives des temps périscolaires peuvent être d’ailleurs une des propositions du PEDT (projet éducatif territorial). Dans ce dernier cas, le ministère des Sports, de la Jeunesse et de l'Education populaire et de la Vie associative va permettre des dérogations à certaines modalités d’organisation des ACM, notamment aux taux d’encadrement habituellement attendus dans ces espaces d’accueil. Il ouvre également la possibilité de déroger au fait que des ACM organisés durant plus de 80 jours par an et accueillant plus de 80 enfants, soient dirigés par une personne titulaire d’un diplôme professionnel, un BP JEPS notamment [Brevet Professionnel de la Jeunesse, de l’Education Populaire et du Sport].
Le BAFA, le BAFD sont nécessaires pour intervenir dans un ACM mais pas suffisants de notre point de vue. Il faut penser que les animateurs des temps éducatifs périscolaires vont devoir discuter de la cohérence des activités scolaires et périscolaires avec des enseignants qui sont recrutés à bac + 5. Il faut qu'ils aient le minimum de considération due à des diplômes. Et indépendamment des questions de prestige, quelqu'un doit assumer l'organisation de ces activités. Une fonction de coordination, à l’échelle territoriale, assurée par un professionnel semble incontournable.
ToutEduc : Si certains demandeurs d'emploi sont titulaires d'un BAFA ou d'un BAFD, combien sont-ils titulaires d'un brevet professionnel ?
Sophie Dargelos : Bien peu, même si les missions locales orientent souvent de jeunes demandeurs d'emploi vers le BPJEPS ! C'est un diplôme de niveau IV, comme le bac, qui demande plus de 600 h de formation. C'est lourd, en termes de financement et de temps...
ToutEduc : Quelles sont les alternatives ?
Sophie Dargelos : Il existe un CQP [certificat de qualification professionnelle] "animateur périscolaire". La branche animation l'a créé il y a quelques années justement pour ces intervenants des temps périscolaires. Il est inscrit au RNCP [répertoire national des certifications professionnelles]. Il confère les mêmes droits que le BAFA, et il donne l'équivalence de deux unités du BPJEPS, option "loisirs pour tous". Il représente 217 h d'enseignement théorique et 200 h de pratique. Il intéresse souvent des jeunes, mais aussi des femmes de 40 ou 45 ans qui sont sans diplôme. C'est un bon échelon intermédiaire.
En outre des temps de formation continue, ciblés sur les spécificités de la fonction d’animateur périscolaire sont pertinents. Des propositions existent, il faut les développer.
ToutEduc : Quels sont les autres diplômes de la filière ?
Sophie Dargelos : Au niveau III, donc bac +2, il y a le DE JEPS, le diplôme d'Etat, et au niveau II, le DES JEPS, le diplôme d'Etat supérieur. Les IRTS (Instituts régionaux du travail social) forment des EJE (éducateurs-éducatrices de jeunes enfants), des assistants de services sociaux et des éducateurs spécialisés. Les IUT ont aussi un diplôme "animation", donc un niveau III. Ajoutons-y les diplômes de niveau licence, licence pro ou master de certaines universités...
ToutEduc : Il n'existe pas de filière territoriale, qui permettrait aux collectivités de recruter des personnels pour les activités périscolaires...
Sophie Dargelos : Non. Le CNFPT, qui assure les formations de la territoriale, ne finance pas les formations certifiantes. Dans le secteur associatif, les BP JEPS sont le plus souvent financés par les fonds de la formation continue, notamment Uniformation, l'OPCA de l'économie sociale , et les formations sont assurées par les mouvements d'éducation populaire, Ligue, CEMEA et Francas... Les collectivités sont d'ailleurs très intéressées par nos formations, et recrutent souvent des jeunes qui ont obtenu ces diplômes et ont quelques années d'expérience.
ToutEduc : L'Education nationale va mettre en place les ESPE, les Ecoles supérieures du professorat et de l'éducation. Ne serait-ce pas l'occasion d'harmoniser, de rationaliser ces filières ?
Sophie Dargelos : Les ESPE sont des écoles universitaires, qui ne préparent donc pas au niveau IV. En revanche, nos associations pourraient être des lieux de stage pour les étudiants des ESPE, nous pourrions intervenir dans leur formation, et, dans la formation continue des personnels de l'Education nationale, monter dans le cadre des ESPE des troncs communs enseignants-animateurs. Nous avons d'ailleurs déjà pris des contacts en ce sens à Lyon, à Toulouse...
Propos recueillis par P. Bouchard
* Information donnée par le site Localtis, ici.