La Lettre de ToutEduc n°157
Paru dans La lettre le mercredi 20 mars 2013.
Forwarder nuit gravement à la santé ... de la presse *
La Lettre de ToutEduc n°157, du 20 mars 2013
A LA UNE. Cette semaine encore, c'est le projet de loi de refondation (voir ci-dessous et l'analyse) et les rythmes scolaires qui constituent l'essentiel de l'actualité. La Cour de cassation a aussi donné raison à ce personnel d'une crèche qui travaillait voilée : l'obligation de neutralité faite aux agents du service public ne vaut pas pour le privé. A moins qu'une crèche ne soit un service public ?
Et si une politique sociale pour la jeunesse, accès au RSA et à une couverture sociale, pouvait résoudre les maux de l'université ? C'est la question que posent les "refondateurs"...
Des informations à retrouver ci-dessous, mais que vous avez pu recevoir "en temps réel" chaque jour depuis mercredi dernier (en cliquant ici). La Lettre du 13 mars ici.
PROJET DE LOI DE REFONDATION
Les députés votent le projet de loi en première lecture (Lire l'article).
Voici les principaux amendements adoptés, en commission et en séance (Lire l'article) et la liste détaillée des amendements adoptés en séance, au rapport annexé (Lire l'article) et à tous les autres articles du projet de loi (Lire l'article).
V. Peillon s'était tourné vers la droite au début de la discussion (Lire l'article), il en avait ensuite commenté le cours devant la presse parlementaire (Lire l'article).
Voici des échos des débats sur le sport, le numérique, l'éducation prioritaire (Lire l'article), le temps de service des enseignants, la méthode PARLER, une école pour tous ou pour chacun (Lire l'article), sur les enseignants des ESPE (Lire l'article) et la formation des enseignants (Lire l'article), sur le statut des enseignants (Lire l'article), sur l'enseignement professionnel et l'apprentissage (Lire l'article).
Le SNALC est le seul syndicat à avoir réagi avant le vote de la loi pour s'inquiéter des amendements qui en modifient l'équilibre (Lire l'article).
RYTHMES SCOLAIRES.
Alors que la réforme des rythmes scolaires est reportée à 2014 à Lille (Lire l'article), Bertrand Delanoë s'engage pour 2013 à Paris (Lire l'article).
Les rythmes scolaires conduiraient à un surcoût de plusieurs centaines de millions d'euros pour les CAF (Lire l'article).
PEDAGOGIE
Les parents d'élèves de l'enseignement privé (APEL) veulent une école de la confiance (Lire l'article).
Un focus de PISA montre combien les systèmes de notation sont inéquitables (Lire l'article).
Une étude menée en Angleterre calcule combien l'architecture des établissements influe sur les performances des élèves (Lire l'article).
eTwinning récompense les projets scolaires transfrontières (Lire l'article).
Jean-Louis Auduc casse les idées reçues sur le redoublement (Lire l'article).
ENSEIGNANTS
L'OCDE et l'Education nationale ont organisé un colloque sur la formation initiale et continue des enseignants (Lire l'article).
Les enseignantes souffrent davantage des conditions de travail que leurs collègues masculins (Lire l'article).
Alain Refalo, enseignant désobéisseur, a été débouté en première instance (Lire l'article).
JUSTICE
Le syndicat FSU des éducateurs veut mettre fin à la politique de l'enfermement (Lire l'article).
PETITE ENFANCE
La Cour de cassation a cassé le licenciement de la salariée d'une crèche pour cause de foulard. Mais l'accueil de la petite enfance est-il un service public ? (Lire l'article)
ORIENTATION - INSERTION
Les "refondateurs" plaident pour une "politique jeunesse" qui n'influe pas sur la politique universitaire (Lire l'article).
Comment évaluer un dispositif de "raccrochage"? Une étude du CEREQ pose la question (Lire l'article).
La Ligue de l'enseignement mène l'enquête sur les dispositifs relais, outil de prévention du décrochage (Lire l'article).
AU JO ET AU BO
Deux nominations à l'ESEN et au secrétariat général du ministère de l'Education nationale (Lire l'article).
Au JO du 12 au 17 mars 2013 : les décrocheurs, la médecine scolaire, le baccalauréat (Lire l'article).
Les agréments des associations d'Education populaire au BO (Lire l'article).
A L'AGENDA
Du 8 au 9 avril : Transformations de l'école et recompositions des rapports local/national... (Lire l'article)
Le 25 avril : L'éducation non formelle : tremplin pour l'emploi des jeunes femmes? (Lire l'article)
ANALYSE. Le projet de loi d'orientation et de programmation pour la refondation de l'école de la République a été voté en première lecture hier mardi 19 mars par les députés. Il va maintenant aller au Sénat, où il sera examiné par la commission de la culture, de l'éducation et de la communication, puis en séance... Le groupe socialiste n'y compte que 128 sièges sur 348. Les écologistes ont voté le texte à l'Assemblée, le "Front de gauche" s'est abstenu, les deux groupes ont prévenu qu'il faudrait aller "beaucoup, beaucoup plus loin" au Sénat, mais pas dans le même sens. Quant à la Droite, elle a repoussé tous les appels à l'unité de la Nation derrière son Ecole, ulcérée du procès fait à sa gestion des affaires scolaires ces 5 dernières années. Il n'y a donc pas, arithmétiquement, de majorité pour voter ce texte. Et chacun va profiter de cet état de faiblesse pour tenter de faire passer "ses" amendements.
A l'Assemblée déjà, de nombreux amendements, sur tous les "points saillants" du projet, en ont changé la couleur. En voici un rapide aperçu :
L'Ecole doit "favoriser la scolarisation des élèves en situation de handicap", et les députés, toutes tendances confondues, n'ont pas semblé préoccupé du coût de cette scolarisation. Les RASED aussi font l'objet d'un consensus, peut-être assez mou. Les conseillers d'orientation-psychologues (les "CO-PSY") sont également plutôt confortés. Le partenariat de l'école avec les mouvements d'éducation populaire sera développé. Autre secteur qui a marqué des points, la promotion de la santé. C'est peut-être moins évident pour le service public numérique éducatif, qui ne doit pas faire trop d'ombre aux éditeurs scolaires, ni remettre en cause la propriété intellectuelle. La question des valeurs de la République et de la morale à l'école a fait l'objet de nombreux débats. Les députés ont refusé d'abolir la notation au profit d'un "système d’évaluation positive" et André Antibi pourra continuer de lutter contre la "constante macabre". Le redoublement non plus n'est pas supprimé. L'accueil des enfants de moins de 3 ans n'est pas généralisé. Mais, pratiquement toutes tendances confondues, les langues et cultures régionales seront encouragées.
Les députés n'ont pas osé aller jusqu'à créer des "écoles du socle commun", mais plusieurs amendements ont montré que beaucoup d'entre eux en avaient très envie. Ils ont en revanche ouvert les portes des établissements aux associations, sans citer explicitement les "maisons des savoirs" chères à la Ligue. Ils ont de plus ouvert la formation initiale sur la formation tout au long de la vie. Ils ont enfin doté les enseignants des établissements privés sous contrat d'une instance de représentation.
Mais qu'est-ce qu'une loi d'orientation ? Vincent Peillon le soulignait, la matière éducative n'est pas une matière législative. Elle se traite davantage par décrets, arrêtés, circulaires, notes de service que par la loi... L'UMP vante aujourd'hui la "loi Fillon" dont la "mesure phare" était la création du "socle commun". Elle était à l'époque si perdue dans un ensemble disparate que personne ne l'a vue. Les mauvaises langues disent que son successeur, Gilles de Robien n'a publié le décret d'application que lorsque, les élections approchant, il fut assuré de quitter rapidement le ministère et qu'il ne serait donc pas chargé de sa mise en oeuvre. Xavier Darcos n'a jamais caché tout le mal qu'il en pensait, et Luc Chatel n'a pas vraiment milité en sa faveur. Il aura donc fallu attendre 8 ans pour que cette "mesure phare" soit réellement prise au sérieux, au moins verbalement. Une loi d'orientation n'est finalement qu'un cadre assez peu contraignant, mais riche de nombreux leviers.
Tout dépendra des textes réglementaires qui seront ensuite pris. Tout dépendra surtout du zèle mis par la hiérarchie intermédiaire à leur mise en oeuvre. Elle devra s'attacher à leur lettre, mais aussi se pénétrer de leur esprit, alors qu'ils sont d'inspiration assez différente de ceux qu'elle devait faire appliquer précédemment. Tout dépendra plus encore de la formation continue des enseignants. Car les textes ne pénètrent pas tout seuls dans les classes. Or Vincent Peillon, interrogé sur le sujet lors de la clôture du colloque de l'OCDE sur le métier d'enseignant lundi 18, a reconnu que les débats avaient porté "essentiellement sur la formation initiale des enseignants" et que "nous n'avons pas encore traité autant que nous l'aurions voulu la formation continue"... La refondation n'en est qu'à sa première pierre.
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