Seconde carrière des enseignants : il y a urgence, estime le site Aide aux profs, surtout pour les femmes encore jeunes
Paru dans Scolaire le jeudi 14 mars 2013.
"La croyance selon laquelle le métier d'enseignant facilite la vie des femmes est en train de voler en éclats", estime Rémi Boyer en se fondant sur une analyse des courriers reçus par "Aide aux profs", un "mouvement associatif de seconde carriere des enseignants" qu'il a fondé. Entre 2010 et 2012, 1 486 femmes et 521 hommes ont contacté le site qui a recueilli près de 1 200 pages de témoignages. Leur analyse est en cours, mais il apparaît déjà que si "les femmes choisissent ce métier pour espérer mieux gérer leur temps (...), elles sont les plus nombreuses à souffrir de l'accumulation des taches administratives qui se sont produites ces dernières années, et de plus en plus nombreuses à connaître une situation de burn-out". Certaines vont "de congé maternité en congé parental pour fuir un contexte professionnel anxiogène", et pour certaines, "cela se termine par un divorce, avec le sentiment d'avoir tout perdu, tout sacrifié, avec la perspective d'une retraite bien précaire".
Beaucoup, titulaire d'un Master, "parfois d'un doctorat, voire d'un diplôme d'ingénieur (...) sont bien plus diplômées que ne le sont les hommes qui les dirigent", ce qui engendre "d'immenses frustrations", surtout si s'y ajoutent des "situations professionnelles s'apparentant à du harcèlement moral".
Autre enseignement de cette étude, c'est avant les 15 ans d'ancienneté qu'il faut envisager une seconde carrière. "Les générations actuelles n'envisagent plus ce métier comme un sacerdoce (...), [ils] n'envisagent plus ce métier que pour 10 à 15 ans". D'autres attendent leur retraite, et partent "avant d'avoir atteint le taux plein": résultat, l'association est de plus en plus souvent contactée "par des enseignants retraités qui n'arrivent plus à joindre les deux bouts, et cherchent des petits boulots pour s'en sortir".
L'article sur le site d'Aide aux profs ici.