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La lettre de ToutEduc n° 21

Paru dans La lettre le mercredi 25 novembre 2009.

DOHA, DIJON, PARIS, LYON, villes capitales pour l'éducation?

La quinzaine écoulée a vu quatre événements majeurs, dans quatre villes qui peuvent prétendre avoir été capitales pour l'éducation.

Doha, capitale du monde?

L'éducation est un enjeu géostratégique. C'est nouveau, et c'est l'émir du Qatar qui nous l'apprend. Imaginez un instant que vous soyez l'homme le plus riche du monde, non pas comme Bill Gates, qui n'est "que" immensément riche, mais comme un homme qui dispose de sa fortune et de celle de son pays, lequel détient les plus grandes réserves de gaz naturel au monde. Cette presqu'île était misérable il y a 50 ans. Le bond est prodigieux, et vous devez accompagner votre peuple vers la modernité, alors qu'il tient à sa culture et à ses traditions, niqab compris. Mais vous devez en même temps utiliser vos dollars pour conquérir une position de leader mondial, et vous choisissez comme vecteur l'éducation. Vous prenez alors pour seconde épouse une femme très belle et superbement intelligente (cliquez ici), et vous lui confiez la "Qatar foundation", avec un budget illimité. Elle crée un campus et elle y attire, comme la rivale Abu-Dhabi, les antennes des universités les plus prestigieuses, américaines de préférence.

Votre épouse crée ensuite un organisme de formation des dirigeants nouvellement nommés. Supposons que la Thaïlande ou le Kazakhstan ait un ministre de l'éducation qui ne connaisse rien à l'éducation (ce genre de choses ne peut arriver que dans des pays lointains!), la "QF" lui envoie aussitôt, et à ses frais, les meilleurs experts mondiaux, venus des USA, d'Australie ou d'ailleurs. Et comme il faut se composer un vivier où repérer les meilleurs, troisième étape, elle organise chaque année un "sommet mondial de l'innovation pour l'éducation" qui attirera des décisionnaires expérimentés, afin de les connaître, et d'affiner progressivement les critères de choix. Pour mieux comprendre les détails de cette opération, lire nos reportages, [#1114], [#1115], [#1116] et [#1117].

Dijon: enfin une opposition droite / gauche

A Dijon, grâce à Vincent Peillon, nous avons enfin entrevu ce que pourrait être une politique de gauche pour l'école, après que Xavier Darcos nous eut révélé ce qu'était une politique de droite. Depuis que De Gaulle avait imposé à sa majorité l'unification et l'ouverture du second degré, il était en effet parfois difficile de caractériser un ministre. La différence pouvait sembler plus grande entre Savary et Chevènement qu'entre Haby et Savary. Xavier Darcos aura été le premier ministre réellement de droite. Il a posé en principe que l'éducation est un service rendu aux familles dans un cadre national. Le premier degré et les petites classes de collège permettent d'inculquer les savoirs fondamentaux et le "roman national", facteurs de cohérence politique. Ensuite joue la concurrence entre des établissements où les individus déterminent librement leur parcours (lire "Espoir à Gauche": quel projet pour l'Ecole?): l'éducation est l'affaire de la nation, et une grande loi doit en graver les principes dans le marbre. Un service public de la petite enfance devrait accueillir les enfants de 1 à 6 ans. Le collège pourrait se situer dans le prolongement de l'école élémentaire. L'Education nationale doit sortir de son isolement et travailler avec les autres services de l'Etat. Les enseignants pourraient se voir confier d'autres tâches que d'enseignement…

A droite, Xavier Darcos a, au moins partiellement, échoué, et quand bien même il aurait réussi, son action n'est pas parvenue à une cohérence totale. Il n'est pas certain que son successeur, ni son président d'ailleurs, ait une vision aussi claire que lui de ce qu'est une position idéologique. A gauche, les propositions de l'équipe qui a préparé la rencontre ne constituent pas non plus un tout cohérent. Elles n'auraient sans doute pas fait consensus si elles avaient été soumises à un vote. Mais, selon les observateurs présents, les syndicats n'ont pas claqué la porte. Le SNALC, souvent classé à droite, à tort d'ailleurs (il est plutôt "chevènementiste"), évoque un climat de dialogue et de respect mutuel, malgré de fortes divergences. Jean-Michel Zakhartchouk fait état, dans les Cahiers pédagogiques, de "réels débats". Un processus est-il enclenché?

Porte de Versailles, un salon et des débats

A Paris, porte de Versailles, se tenait à la fin de la semaine dernière le Salon européen de l'éducation. Nos confrères y ont surtout vu Luc Chatel conclure son "tour de France" lançant la réforme des lycées (cliquez Salon de l'Education: Luc Chatel confirme le maintien des voies générale, technologique et professionnelle). Pour certains, c'est une bonne réforme, même si elle ne va pas assez loin. C'est ce que pensent les syndicats réformistes (UNSA, SGEN-CFDT), et les proviseurs qui auront davantage d'autonomie, puisque les dédoublements seront globalisés, et que chaque établissement utilisera comme il l'entend ce contingent d'heures. Elle est mauvaise pour d'autres, le SNES-FSU et le SNALC surtout, qui y voient une mise en cause des disciplines au profit de l'individualisation du travail et des parcours des élèves. Elle est enfin insignifiante pour ceux qui considèrent qu'en renvoyant aux débats parmi les enseignants des lycées le soin de trancher ce qui ne l'aura pas été au niveau national, le pouvoir central se défausse, et que, dans bon nombre de cas, le terrain saura "digérer" la réforme pour qu'elle soit indolore. (lire Autonomie des établissements scolaires: une coquille vide? (colloque de l'IREA))

Le Salon a été l'occasion d'un Salon de l'éducation: les "2-3 ans" peuvent-ils faire la jonction petite enfance-école maternelle?, où s'est trouvée confirmée la non-hostilité des syndicats enseignants aux personnels des crèches qui pourraient intervenir dans les écoles. Même si on est encore loin de maisons communes, et d'une unification de la petite enfance, de 6 mois à 6 ans, un pas a été accompli.

La Ligue de l'enseignement, les CEMEA et les Francas ont réaffirmé leur volonté de créer une [#1094] qui interviendra auprès des collectivités pour leur apporter évaluation et diagnostic sur leurs politiques éducatives, et qui suscitera des recherches scientifiques sur le sujet.

A Lyon, l'accompagnement scolaire évalué.

La recherche en éducation était convoquée samedi 21, à Lyon par l'APFEE (Association pour favoriser l'égalité des chances à l'école) qui voit enfin récompensées des années d'un travail incessant autour de l'accompagnement au cours préparatoire des enfants qui risqueraient sinon de ne pas apprendre à lire. Via le Haut commissariat à la Jeunesse, elle est mandatée par l'Etat, et financé par des mécènes, dont Total, pour généraliser les "Coups de pouce CLE". Pour ceux qui ne les connaissent pas, il faut ici évoquer deux personnages singuliers. En 1989, Gérard Chauveau étudie avec son épouse Eliane, dans le cadre de l'INRP, les causes de l'échec d'enfants ne souffrant d'aucun handicap. Ils se demandent ensuite comment compenser le défaut de soutien familial, et ils inventent ces "clubs" qui fonctionnent après la classe, avec des petits groupes, et qui mobilisent à la fois la municipalité, l'école et les parents. Jean-Jacques Moine est professeur de physique en maths-sup/maths-spé, et il s'enthousiasme pour un procédé reproductible comme sur la paillasse du laboratoire. Il s'y dévoue entièrement. Ces deux hommes ont tout misé (au sens pascalien du terme) sur la lutte contre l'échec scolaire précoce.

CeAPFEE: Evaluer l'accompagnement à la scolarité a été l'occasion d'examiner d'autres "coups de pouce", autour du langage pour les enfants de maternelle, ou du français et des mathématiques pour les plus grands, et de poser les conditions d'une évaluation scientifique de leur efficacité, déjà attestée par de nombreuses mesures. Il a aussi été l'occasion de faire le point, avec l'Inspection générale, sur les devoirs à la maison, ou plutôt de constater la confusion qui règne à ce sujet (cliquez Devoirs à la maison, la fin d'une légende (enquête IGEN))

D'autres sujets sur ToutEduc

La quinzaine écoulée a également été marquée par le 20ème anniversaire, fort discrètement fêté en France, de la Convention internationale des droits de l'enfant. A cette occasion, le [#1126] fondateur de Korczak: "Le Droit de l'enfant au respect" est réédité, et Aide sociale à l'enfance: un milliard pour 6 départements d'Ile-de-France d'Ile-de-France s'alarment de la politique de l'Etat en la matière. Il faut pourtant relever que le Petite enfance: vers la création d’agences de l’enfance et de la famille?, qui dépend du gouvernement, fait un ensemble d'analyses et de propositions extrêmement intéressantes pour l'accueil des 0-3 ans.

Si vous parcourez les sujets qui figurent sur la page d'accueil de ToutEduc, en remontant éventuellement dans le temps avec la flèche placée à droite en bas, vous verrez aussi que les Danois expérimentent le droit d'utiliser Internet pendant les examens (cliquez Recours à internet pendant les examens : Le test danois.). Vous-vous demanderez pourquoi les garçons sont davantage en échec scolaire que les filles (cliquez Pourquoi les garçons sont-ils davantage en échec scolaire que les filles?) et avec François de Singly, si le rôle des parents n'a pas changé ces dernières années (cliquez François de Singly : Les parents d'aujourd'hui doivent être des « voyagistes ».). Vous verrez encore que la loi "relative à l'orientation et à la formation professionnelle", dont de nombreux articles concernent l'orientation scolaire, les compétences des élèves et l'apprentissage, a été promulguée (cliquez La loi "relative à l'orientation et à la formation professionnelle tout au long de la vie" au JO).

Pour un bon usage de ToutEduc

Enfin deux conseils: sur le site de ToutEduc, vous trouverez un moteur de recherche (barre verte en haut de la page d'accueil, "posez une question, recherchez, donnez-nous une information")

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