APFEE: Evaluer l'accompagnement à la scolarité
Paru dans Petite enfance, Scolaire, Périscolaire le lundi 23 novembre 2009.
A quelles conditions l'accompagnement à la scolarité est-il efficace? Et quelles formes peut-il prendre? Ce sont les questions posées au 6ème colloque scientifique de l'APFEE alors que "l'Etat, via le Haut commissariat à la Jeunesse demande l'accélération du Coup de pouce CLE [au cours préparatoire], et que soit expérimenté la mise en place d'un dispositif continu, de la maternelle au CM2", explique Jean-Jacques Moine, président de cette "Association pour favoriser l'égalité des chances à l'école".
Le Coup de pouce CLE a été inventé à Colombes en 1989, par Gérard et Eliane Chauveau (INRP), et s'adresse à un public bien défini, les enfants qui risquent de ne pas apprendre à lire au cours de cette première année d'école élémentaire pour l'unique raison qu'ils ne trouvent pas à la maison le soutien dont dispose la majorité des autres enfants. Il existe de tels clubs dans 250 villes aujourd'hui. Les résultats des évaluations sont clairs, les élèves pris ainsi en charge après l'école par petits groupes avec un animateur progressent plus vite que leurs homologues non pris en charge. Gérard Chauveau évoque l'expérimentation de "Coups de pouce CLA", démarrés à Mulhouse en 2006 dans le cadre de la "réussite éducative" avec des enfants de grande section qui peinent à s'exprimer à l'oral. L'heure après la classe permet d'organiser un goûter avec prise de parole, des jeux de langage, la composition et la dictée à l'adulte d'un petit texte... Les progrès constatés sont réels, l'écart avec les autres enfants est divisé par 4, mais l'accompagnement scolaire "ne suffit pas à régler le problème".
Emmanuelle Canut évoque une autre expérimentation, lancée à Angers en 2003, celle des "coups de pouce langage". Les enfants ne sont pas pris en charge par groupe de 5, mais individuellement, dans le cadre d'un partenariat avec l'AFEV. Jean-Michel Le Bail (IEN) décrit le dispositif ALEM (ateliers lecture, écriture, mathématiques), mis en place à Paris, puis à Epinay, Romans, Marseille pour les plus grands, en CM1 et CM2 notamment, mais aussi en 6ème, selon un protocole qui rappelle celui des "Coups de pouce CLE", un club (de 8 élèves au lieu de 5 pour les CP), avec un temps pour le goûter, une aide au travail personnel et des activités ludiques en rapport avec le travail scolaire, donc qui n'apparaissent pas inutiles aux parents.
Emmanuelle Canut et Anne-Marie Chartier
Arnaud Riegert décrit les modalités de l'évaluation qui sera conduite par le Haut-commissariat à la Jeunesse des divers dispositifs. Bruno Suchaut (IREDU) évoque une "baisse du niveau moyen des élèves" depuis 20 ans, et une augmentation du nombre des élèves très faibles. Un temps supplémentaire, comme celui qu'offrent ces divers Coups de pouce, est efficace s'il est intensif, régulier, et s'il s'adresse aux élèves les plus en difficulté, alors que l'aide spécialisée (les RASED) ne suffit pas à combler les retards, vu son caractère dispersé, et que les réductions d'effectifs au CP (expérimentés par Luc Ferry) n'ont que des effets à court terme. Dominique Glasman (Université de Savoie) insiste, comme d'autres intervenants, sur l'importance pour ces dispositifs d'avoir des protocoles très rigoureux, et de s'appuyer sur les parents, soucieux de la réussite scolaire de leurs enfants.
Anne-Marie Chartier (INRP) décrit l'histoire des processus d'externalisation du temps d'appropriation, qui faisait, sous l'ancien régime et après la révolution, partie intégrante du temps scolaire, jusqu'à ce que la diversification des disciplines amène à rythmer en heures de cours, et non plus en classe de deux heures, le temps scolaire des collégiens et lycéens.
Lire aussi le Devoirs à la maison, la fin d'une légende (enquête IGEN) de l'inspection générale sur les devoirs à la maison, et les Le "Coup de pouce CLE" soutenu par le Fonds d'expérimentation pour la Jeunessede l'APFEE.