Devoirs à la maison, la fin d'une légende (enquête IGEN)
Paru dans Scolaire le lundi 23 novembre 2009.
"Une confusion réglementaire absolue." Philippe Claus, inspecteur général de l'Education nationale, a révélé, samedi 21 novembre à la tribune du 6ème colloque scientifique de l'APFEE (Association pour favoriser l'égalité des chances à l'école), les conclusions d'une enquête de l'IGEN non destinée à publication. Ainsi un texte de 1956 interdit les devoirs à la maison, mais pas le travail donné aux enfants de l'école primaire après l'école, dont la pratique est généralisée. Or, depuis, la forme scolaire a changé. Un exercice à trous, n'est-ce pas une façon nouvelle d'apprendre une leçon? En revanche, la préparation d'un exposé, qui suppose que toute la famille se mobilise pour aller chercher des ressourcesdans des livres ou sur Internet, renforce les inégalités sociales. Tous les enseignants demandent à leurs élèves des travaux en dehors de la classe, mais l'hétérogénéité est grande. "On demande un travail autonome sans poser les conditions de l'autonomie", constate l'inspecteur, qui évoque en outre "une difficulté à évaluer le travail demandé", et une "hésitation" à sanctionner le travail non fait, puisqu'il serait "utile, mais pas obligatoire".
Il est pour lui "urgent d'harmoniser les signes adressés" aux élèves et à leurs parents. Seul un moment de travail personnel permet à l'enfant de s'approprier les savoirs enseignés, et il faut "aller à une forme d'obligation", mais "sous condition que tous les élèves aient les moyens de ce temps de l'étude, sur le temps scolaire, chez eux, ou dans un dispositif d'accompagnement scolaire. A ce propos, l'IGEN constate une certaine inquiétude des acteurs, qui voient se croiser les textes des ministères de l'Intérieur, de la Ville, de la Famille, et de l'Education nationale. Il faut "nettoyer l'appareil réglementaire". Philippe Claus évoque encore "le trou noir" des grandes vacances, sur lequel il paraît difficile d'obtenir un consensus, mais aussi le principal acquis (le seul?) des nouveaux programmes pour l'école primaire: la nécessité de "repasser par des automatismes", par la lecture, la mémorisation, les révisions et les exercices d'entraînement.