La lettre de ToutEduc n°14
Paru dans La lettre le mercredi 19 août 2009.
Qui a dit que pendant l'été, rien ne se passait dans le monde de l'éducation? Les dernières semaines nous ont prouvé le contraire, et pas seulement parce que le ministre a changé. Sur ce point, d'ailleurs, on serait plutôt tenté de dire que rien n'a bougé, ou en tout cas pas grand-chose: Luc Chatel joue la discrétion, prend ses marques, observe. Qui conseillera Luc Chatel?? Une partie vient de l'ancien cabinet Darcos, l'autre de son ancienne équipe au secrétariat d'Etat à la Consommation...
Certes, Formation des enseignants: la réforme est en marche sont parus, et le fait a son importance. Mais ils étaient déjà sous presse depuis un moment, et leur contenu n'a surpris personne. Certes, la sanction contre Alain Refalo, rétrogradé, en appelle à « une insurrection des consciences » est tombée. Mais Luc Chatel n'a fait qu'appliquer la décision qu'aurait prise son prédécesseur, et Refalo ne s'attendait pas à autre chose. Ce dernier fera appel, c'est certain, et obtiendra probablement gain de cause. Mais les délais et la procédure étant ce qu'ils sont, la sanction garde son caractère exemplaire, et donc dissuasif, et le ministère gagne du temps. Ce qui, dans une guerre d'usure, n'est pas négligeable.
Toute l'attention, désormais, se focalise sur Pandémie: le scénario (catastrophe?) d'Alain Bouvier, si les écoles venaient à être touchées. Grippe A: les établissements fermeront au troisième élève malade? Personne, aujourd'hui, n'est capable de le dire, et le ministre enchaîne les lapalissades: « soyons vigilants, mais gardons notre calme ». Or le spectre de la grippe, en plus de gripper les cerveaux, détourne nos regards d'une actualité riche en petits bouleversements.
Ainsi Michel Leroy: le CNED s'alignera sur la demande, annonçant que son établissement fermera les formations peu demandées et n'assurera sa mission de service public, conformément à ses statuts, que là où la scolarité est obligatoire. Ainsi Bernard Saint Girons qui propose, dans son Orientation: pour Bernard Saint-Girons, l'université doit donner son avis, que l'université donne son avis quand un futur bachelier souhaite s'inscrire dans l'une de ses filières. Ainsi Signes ostensibles: la loi validée par la Cour européenne des droits de l'Homme qui invalide la requête déposée par quatre jeunes filles et deux garçons exclus de leur établissement pour avoir porté des signes religieux, et donne raison à la loi.
Cet été aura aussi vu se dessiner ou se confirmer des tendances: le Sénat, dans un Accueil des 2-3 ans: le coût très élevé de « l'effet d'éviction », voit le coût de l'accueil des enfants de moins de 3 ans pour les collectivités augmenter selon une logique implacable, et dans des proportions assez préoccupantes. La cellule des statistiques du ministère de l'Education nationale constate que Les apprentis de plus en plus nombreux, même si aucune ascension ne leur est promise, alors qu'ils sont moins sûrs de progresser socialement que les élèves des filières professionnelles scolaires. Côté Délinquance des mineurs: cherchez l'erreur, la stabilisation, voire la baisse des chiffres n'empêche pas le durcissement de la réponse institutionnelle: pour la première fois, les mesures éducatives, jusqu'ici majoritaires, ont cédé le pas aux poursuites judiciaires.
Enfin MAD ou détachement: le Conseil d'Etat n'y voit pas une atteinte grave au statut des fonctionnaires a estimé que les fonctionnaires "détachés", plutôt que "mis à disposition", ne subissaient pas une dégradation telle de leur situation qu'il y ait urgence à statuer. La décision, même si ce n'est qu'un référé, est importante pour les associations périscolaires.
Pas si calme que ça, l'été 2009...