Archives

ToutEduc met à la disposition de tous les internautes certains articles récents, les tribunes, et tous les articles publiés depuis plus d'un an...

La lettre n°13

Paru dans La lettre le mercredi 15 juillet 2009.

Avant les vacances, le bilan.

Xavier Darcos et Rachida Dati, deux ministres dont les décisions importaient aux lecteurs de cette lettre ont changé de fonctions. Martin Hirsch conserve les siennes, et il a rendu son rapport sur la jeunesse. Le temps de l'Histoire n'est pas venu, mais un premier bilan s'impose.

En ce qui concerne la Justice des mineurs, les évolutions sont claires, La DPJJ assume son désengagement éducatif. Un projet de code pénal spécifique a été rendu public. Justice des mineurs. On constate à cette occasion les dégâts l'emballement des bonnes intentions. La "Commission Varinard" a été vilipendée parce qu'elle envisageait l'incarcération des mineurs dès 12 ans. François Fillon, en bon politique, a ramené à 13 ans cet âge minimal. Et on s'aperçoit que les belles âmes se sont fait rouler dans la farine. La Commission proposait certes 12 ans, mais uniquement en matière criminelle, et 14 ans pour les délits. Ce sera 13 dans tous les cas! Quant à la protection de l'enfance, qui concernait 265 913 mineurs au 31 décembre, Protection de l'enfance: les départements privés des fonds de l'Etat.

Pour sa part, Commission Hirsch: le Livre vert est en ligne. Les propositions sont nombreuses, plutôt consensuelles, beaucoup semblent de bon sens, certaines sont de l'ordre de l'incantation, du type doubler le nombre des apprentis, et quelques unes sont coûteuses mais ne sont pas chiffrées. Curieusement, personne n'a fait remarquer que ce rapport faisait l'impasse sur la Culture et les loisirs: rien sur la lecture ou sur le spectacle vivant, rien sur les vacances. Les jeunes n'en auraient peut-être pas besoin.
A lire aussi sur ce thème:
- Université d'été de Prisme: le local et le national
- Commmission Hirsch: le département prendrait en charge les jeunes majeurs en difficulté

Jusqu'à présent, chaque ministre de l'Education nationale a laissé derrière lui de belles réformes que son successeur a immédiatement annulées. Xavier Darcos a fait mieux, il a lui-même annulé sa réforme du lycée. On pourrait se moquer si, loin du tapage médiatique, il n'avait joué sur des dispositifs techniques pour modifier très profondément le paysage éducatif. Il a affirmé la primauté de l'individu sur le collectif, en donnant aux meilleurs élèves la possibilité de quitter leur établissement de banlieue. C'est très bien pour eux, et le message délivré aux autres est clair: "vae victis" (malheur aux vaincus). L'enseignement obligatoire est centré sur "les fondamentaux", dont l'acquisition est garantie par des tests. Ces "bases", communes à tous et donc fondatrices d'une identité nationale, comprennent les figures mythiques de notre Histoire, Vercingétorix, "Saint-Louis" et Guy Môquet. Pour le lycée, foin des prudences de R. Descoings, le mouvement est lancé, l'Elysée a repris la main, la réforme se fera, et chacun sera libre et responsable de ses choix, dès 15-16 ans. Au JO: Le bac pro par l'apprentissage en 3 ans, le programme de maths en seconde, et quelques postes, ce que demandait depuis longtemps l'UIMM (la principale branche du MEDEF). C'est une bonne mesure pour les bons élèves de l'enseignement professionnel, une catastrophe pour les plus faibles, et surtout une invitation à opter dès la fin de 3ème pour le CAP ou le bac.

Xavier Darcos s'est également attaché à prémunir le pouvoir en place des avanies subies par Gilles de Robien lorsqu'il a voulu imposer la méthode syllabique. Un inspecteur d'académie a été renvoyé à son corps d'origine, c'est exceptionnel et toute la hiérarchie intermédiaire a compris le message. L'observatoire national de la lecture ne s'occupera plus des méthodes de lecture. Les désobéisseurs sont systématiquement poursuivis. Problème: Désobéisseurs: le pouvoir dans l'impasse?. S'il persiste, Luc Chatel prend le risque d'être désavoué. S'il cède, il verra s'effondrer progressivement une bonne partie de la réforme du primaire.

Or celle-ci a un aspect caché. Autrefois, les enfants rabâchaient sans fin leurs leçons. Ce n'était pas intellectuellement satisfaisant, mais au moins, "Cantonner la notation des élèves autant que possible" (Antoine Prost). Après les années 60, on a voulu être imaginatif en classe. Du coup, le soin des leçons et des devoirs a été confié aux familles, et aux associations qui sont venues les y aider. Avec la récupération des heures du samedi matin, ce temps est réintégré dans le temps scolaire pour les enfants en difficulté, ceux dont les mauvaises notes justifiaient l'intervention d'associations souvent situées à Gauche. La légitimité des mouvements d'Education populaire est grignotée en même temps que leur champ traditionnel d'intervention.

Sentait-elle venir le coup? La Ligue de l'enseignement se donne un projet qui excède de loin le domaine de l'éducation. Elle réfléchit à un projet de société, pour ne pas dire un projet de civilisation, puisqu'il s'agit de rien moins que [#714].

Parmi les articles publiés ces derniers jours, nous attirons aussi votre attention sur

- Sciences de l'éducation
- Université d'été de Prisme: la foire aux bonnes idées européennes
- Ecoles de la deuxième chance: l'Ile-de-France propose d'en doubler le nombre
- Cagoule: une loi pour rien?
- La scolarité contre l'obésité

Enfin, nous ouvrons sur le site un nouvel onglet, les dossiers, où vous retrouverez le reportage sur la scolarisation des enfants Roms, toutes les contributions au forum sur les alternatives à l'incarcération des mineurs et celles sur les poux...

Bonnes vacances à tous ceux qui en prennent. ToutEduc reste vigilant.

« Retour


Vous ne connaissez pas ToutEduc ?

Utilisez notre abonnement découverte gratuit et accédez durant 1 mois à toute l'information des professionnels de l'éducation.

Abonnement d'Essai Gratuit →


* Cette offre est sans engagement pour la suite.

S'abonner à ToutEduc

Abonnez-vous pour accéder à l'intégralité des articles et recevoir : La Lettre ToutEduc

Nos formules d'abonnement →