L'observatoire national de la lecture ne s'occupera plus des méthodes de lecture
Paru dans Scolaire le samedi 04 juillet 2009.
Un projet d'arrêté, soumis au Conseil supérieur de l'Education le 1er juillet, modifie en profondeur les missions de l'Observatoire national de la lecture (l'ONL). Celui-ci aura pour mission "de contribuer à la maîtrise de la langue, tout au long de la scolarité, et d’analyser les pratiques de lecture chez les élèves". Il proposera "des actions de nature à développer le goût de la lecture chez les jeunes". Il doit réfléchir au rapport entre le papier et l'écran, et au lien entre "les grandes oeuvres du patrimoine littéraire et la littérature contemporaine". En revanche, il n'a plus à "recueillir et exploiter les données scientifiques disponibles afin d'éclairer l'apprentissage (...) de la lecture", ni à analyser les pratiques des enseignants, ni à s'inquiéter de leur formation ou à voir ce qu'on peut faire pour "prévenir les phénomènes d'illettrisme chez les jeunes adultes".
Par ailleurs, le nombre de ses membres passe de 18 à 10, tandis qu'il est placé sous la seule tutelle de la direction de l'enseignement scolaire: le service statistique du ministère perd tout droit de regard sur son activité.
On se réjouit évidemment que l'ONL se soucie de la lecture des textes, et non plus seulement de la lecture comme technique, mais ce projet, dont Luc Chatel hérite manifestement, a tout du réglement de compte. Personne à Droite n'a oublié l'humiliation subie par Gilles de Robien qui voulait remettre au goût du jour les méthodes syllabiques, avec l'appui de l'opinion publique et de quelques enseignants. Il s'était heurté à une partie de la hiérarchie intermédiaire qui avait défié son autorité et aux experts, y compris ceux qu'il avait choisis: tous avaient nié que la science puisse justifier sa politique. Pour ce qui est de l'inspection, Xavier Darcos en a réussi la reprise en main. Quant aux savants, le ministère s'en passera. Enfin, il semble qu'une guerre sourde ait opposé le cabinet de Xavier Darcos à la DEPP (le service statistique) qui en paie ici une partie du prix.
Pour consulter le texte qui régit l'ONL avant la publication de cet arrêté, cliquez ici.