"Cantonner la notation des élèves autant que possible" (Antoine Prost)
Paru dans Scolaire, Périscolaire, Orientation le mercredi 10 juin 2009.
"Pourquoi cette pression actuelle sur l'évaluation?", demande Antoine Prost, historien spécialiste des questions d'éducation, résumant d'une formule les interrogations qui ont structuré ce mercredi 10 juin, le débat sur l'évaluation du travail des élèves, organisé par l'IREA (l'institut de recherche du SGEN-CFDT). Il y voit deux raisons: la LOLF (qui organise le budget) oblige à évaluer les résultats de l'Ecole, mais surtout, "comme on a dégoûté les élèves du savoir, on n'a plus que la note pour les motiver". Il propose donc de "cantonner la notation des élèves autant que possible" et demande qu'on n'oublie jamais que l'essentiel, la curiosité d'esprit par exemple, ne peut pas être noté.
Voici d'autres échos de cette journée. Les réformes ont renvoyé sur les familles, et sur le travail fait à la maison, l'acquisition des connaissances, donc le plus important (Anne-Marie Chartier, INRP). Or ce travail suppose des degrés d'autonomie très divers selon les enseignants (Patrick Rayou, Paris-VIII). Et l'on dispose de très peu d'études sur la façon dont travaillent chez eux les élèves (Jean-Claude Emin, ancien responsable de l'évaluation au ministère de l'Education nationale). On n'enseigne d'ailleurs pas les méthodes de travail. Jean-Michel Zakhartchouk (enseignant, rédacteur aux Cahiers pédagogiques) propose d'abolir, sinon la notation, du moins les moyennes, ainsi que tout ce qui contribue à "l'humiliation des élèves". Eric Favey (Ligue de l'enseignement) propose aussi qu'on reconnaisse à l'Ecole les savoirs acquis hors de l'Ecole.
Les débats ont montré que les travaux d'André Antibi sur la Constante macabre: "il y a lieu d'être optimiste" (André Antibi), cette quasi obligation pour les enseignants de mettre de mauvaises notes s'ils veulent être pris au sérieux, sont aujourd'hui bien connus. Ils ont permis l'expression d'inquiétudes très largement partagées, par exemple quand Guy Vauchelle (SGEN-CFDT) se demande si le nouveau brevet ne va pas enterrer le socle commun, ou d'espérances qui animent l'assistance, lorsque Pierre Frackowiak (IEN) demande qu'on recherche pour les élèves le plaisir d'apprendre, et pour les enseignants, le plaisir d'enseigner.
Les actes de ce colloque seront prochainement disponibles sur le site de l'IREA.