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La Lettre de ToutEduc n°278

Paru dans La lettre le mercredi 26 août 2015.

La Lettre de ToutEduc n°278, du 26 août 2015

A LA UNE. Dans quelques jours, la rentrée... A noter la volonté de rassurer, d'apaiser du côté de Najat Vallaud-Belkacem comme d'Alain Juppé (voir notre éditorial). Mais ainsi que le montre A. Legrand (ancien recteur, professeur de droit public) dans une analyse juridique exclusive, les politiques éducatives sont à présent sous l'oeil du Défenseur des droits et l'affichage des bonnes intentions ne suffira plus.

Avant la rentrée, les universités d'été rassemblent les militants des mouvements pédagogiques. ToutEduc a suivi le congrès des CEMEA. Nous avons aussi lu plusieurs livres, revues et articles de recherche. La liste des titres est après l'éditorial, si vous n'avez pas reçu les dépêches en temps réel (ici).

EDITORIAL. Comme chaque année, la même question, la rentrée sera-t-elle "chaude" ? Najat Vallaud-Belkacem annonce une année de "consolidation" des réformes déjà lancées (les rythmes notamment), de mise en oeuvre de celles qui sont généralisées (les REP et l'éducation prioritaire), et une année pour "rassurer" sur les collèges et les nouveaux programmes qui entreront en vigueur en 2016. Pour ne pas ajouter un sujet qui fâche à ceux qui ont fâché, la réforme du lycée attendra. De son côté, Alain Juppé, qui prépare l'alternance (du moins l'espère-t-il), se garde bien, lui aussi, d'évoquer le lycée. Lui aussi tente de rassurer. "La réforme de l'éducation nationale est une entreprise qui prendra beaucoup de temps (...) Il faut qu'elle soit préparée, comprise et engagée avec et par ceux qui en sont les acteurs." Certains de ses compétiteurs à droite n'ont pas renoncé à "casser le collège unique" comme lui-même voulait le faire en 1991. Mais pour sa part, il ne compte "pas revenir sur toutes les réformes du quinquennat précédent", et il a le sentiment "qu'il y a un consensus sur ce qui ne va pas mais aussi, toutes proportions gardées, sur ce qu'il faudrait faire".

Ce "consensus" d'une partie de la droite et d'une partie de la gauche doit beaucoup à PISA et aux experts de l'OCDE qui ont mis en évidence l'accroissement des inégalités et le poids des origines sociales sur les résultats de nos élèves. Ils ont aussi souligné le manque d'audace d'adolescents que la peur de se tromper inhibe au point que, dès qu'ils ont un doute, ils préfèrent ne pas répondre aux questions du test. Pour préparer l'avenir, notre pays a besoin d'élever le niveau général, d'élargir le vivier de recrutement de ses élites, de rattraper les "décrocheurs", d'encourager la créativité, le travail collaboratif, l'interdisciplinarité..., et cela passe par une plus grande autonomie des "équipes pédagogiques", une plus grande attention aux spécificités locales comme à la multiplicité des intelligences.

Mais ce "consensus" est très loin de faire l'unanimité. Comme le souligne Sébastien Sihr pour le premier degré, les enseignants sont déçus, insatisfaits, amers... Dans le second degré, plusieurs syndicats se préparent à la grève. Les raisons ne manquent pas, des salaires gelés aux ratés de la réforme des rythmes, dont le succès dépendait pour partie de municipalités parfois peu convaincues et à la réforme du collège, avec des visions très contradictoires de ses conséquences pratiques. L'Académie française, dans sa condamnation, va au-delà et fait le procès de ses "principes implicites". On aurait tort de voir là une simple facilité, faire dire à un texte ce qu'il ne dit pas pour mieux le contredire. Le "consensus" dont parle Alain Juppé est bien une remise en cause des "principes" qui ont organisé notre système scolaire en même temps que notre imaginaire collectif, et que résume une formule, "l'élitisme républicain".

Le réel bousculera-t-il les principes ? David est animateur, et, dans le cadre des activités périscolaires générées par la réforme des rythmes, il se sentait "isolé", son métier n'était pas valorisé. Par hasard, il fait un stage des CEMEA et se retrouve avec une cinquantaine d'animateurs et d'enseignants, tous sur "un pied d'égalité", tous d'abord soucieux des enfants. Ce fut pour lui "une révélation". Indépendamment de tout jugement sur l'éducation nouvelle et les mouvements pédagogiques, on peut raisonnablement penser que les réformes en cours créent des occasions de rencontres inédites, et que ce sont ces confrontations, tantôt heureuses, tantôt déplaisantes qui feront bouger les lignes et évoluer les représentations. Mais dans quel sens ? Et si c'est celui de l'ouverture, du travail en commun, cela renforcera-t-il le "consensus" dont parle A. Juppé ? 

Cette analyse se fonde sur plusieurs des dépêches publiées ces derniers jours, à retrouver ci-dessous, mais aussi sur une dépêche du mois de juin, ici, et sur un texte de C. Lelièvre, ici)

LA RENTREE VUE PAR LE MINISTERE... ET LE SNUIPP

"La rentrée de la consolidation" (Najat Vallaud-Belkacem) (lire l'article), "nous entrons dans une phase de consolidation" (lire l'article).

L'état des lieux selon le ministère (lire l'article).

Le collège aggrave les inégalités scolaires et sociales sur les domaines strictement scolaires (DEPP) (lire l'article).

"Il reste beaucoup à faire pour que 'la priorité au primaire' promise en 2012 ne s'avère pas être en 2017 une petite imposture" (SNUIPP) (lire l'article).

Les droits de l'enfant, la rentrée scolaire et un recteur au Conseil des ministres (lire l'article).

LE PROJET D'A. JUPPE.

A. Juppé refuse les débats non prioritaires en termes d'efficacité pour transformer le système éducatif (B. Apparu, interview) (lire l'article).

Son livre n'est pas un programme pour la réforme de l'Education nationale (lire l'article)

LE CADRE JURIDIQUE

Les politiques éducatives contraintes à la transparence par le Défenseur des droits (une analyse juridique d'A. Legrand) (lire l'article).

LES MILITANTS ET LES VALEURS

CEMEA : un congrès pour que les jeunes et les anciens partagent les mêmes valeurs (lire l'article).

Après les attentats de Charlie Hebdo, les enseignants "ne capitulent pas" (lire l'article).

LA RECHERCHE ET LES PUBLICATIONS

Goût des livres : un impact positif sur le cerveau des jeunes enfants (lire l'article).

Orthographe lexicale : différentes stratégies de mémorisation (lire l'article).

Le numérique, est-ce vraiment une chance pour le système éducatif ? (lire l'article).

AU JO

Au JO du 20 au 23 août : le cabinet de N. Vallaud-Belkacem, les mineurs isolés étrangers, l'enseignement de l'informatique... (lire l'article).

A L'AGENDA (ici)

Du 24 au 26 août - Vénissieux (Rhône) - 7ème université d'été du secteur "Langues" du GFEN

Du 24 au 26 août - Ax-les-thermes - Ludovia (l’Université d’été du numérique pour l’éducation)

Du 26 au 28 août - Lille - Forum européen des jeunes engagés

Les 10 et 11 septembre - Rennes - Inégalités éducatives et espaces de vie (colloque)

Le 11 septembre - Paris - "Numériques ou imprimés, partageons les albums avec petits et grands"

Du 9 au 11 octobre - Limoges - 10e congrès des enseignants documentalistes de l’Education nationale

Les 19 et 20 octobre - Gennevilliers - Socialisations juvéniles : des espaces éducatifs en interactions

Du 28 au 30 octobre - Reims - Le genre en éducation, thème du colloque 2015 de l'AECSE

Le 30 octobre - Berne - Garantir l’accessibilité à l’information - simplifier le langage écrit

Du 4 au 6 novembre - Brest - Rencontres nationales des PEL 2015

Les 5 et 6 novembre - Paris - Regards sur la critique de la littérature pour la jeunesse (colloque)

Les 13 et 14 novembre - Paris - Transitions et socialisations au cours de la petite enfance (colloque)

Du 17 au 19 novembre - Lille - La voie professionnelle à l’épreuve du baccalauréat

Les 25 et 26 novembre - Paris - Nouvelles pratiques philosophiques à l’école et dans la cité

Du 2 au 7 décembre - Montreuil - Salon du livre et de la presse jeunesse

Les 4 et 5 décembre - Limoges - "Recomposition territoriale : la décentralisation entre enjeux et obstacles

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