"Il reste beaucoup à faire pour que 'la priorité au primaire' promise en 2012 ne s'avère pas être en 2017 une petite imposture" (SNUIPP)
Paru dans Scolaire le lundi 24 août 2015.
"Il reste beaucoup à faire pour que 'la priorité au primaire' promise en 2012 ne s'avère pas être en 2017 une petite imposture", estime Sébastien Sihr. Le SNUIPP (le syndicat FSU du 1er degré) organisait ce 24 août sa traditionnelle conférence de presse de rentrée et pour son secrétaire général, les mesures prises par le ministère de l'Education nationale "vont dans le bon sens". Mais sur le terrain, "le compte n'y est pas" et la priorité annoncée en début de quinquennat "a glissé dans l'ombre", d'autant que le message "a été parasité par la réforme des rythmes scolaires".
C'est notamment le cas en matière de formation continue. Sur les nouveaux programmes de l'école maternelle, "seuls 25 départements affichent au mieux 3h de présentation" dans le cadre des conférences pédagogiques du mercredi après-midi. C'est la cas, par exemple, du Doubs où seuls douze des 816 enseignants de maternelle auront en outre droit à deux jours de stage. Le constat est identique pour l'éducation morale et civique. "Le ministère est obnubilé par la réforme du collège et nos collègues de maternelle ont le sentiment d'être méprisés." Plus globalement, le syndicat estime que c'est toute la formation continue des enseignants du premier degré qui est défaillante, y compris la formation des formateurs et des inspecteurs, tandis que les ESPE manquent de ressources, mais aussi de travaux de recherche pour alimenter les formations. Sébastien Sihr ajoute que "ce n'est pas avec m@gistère (le dispositif de formation continue à distance, ndlr) qu'on va changer l'école", surtout si, comme dans l'Yonne, on se contente d'y scanner un livre.
Si le SNUIPP se félicite de la création de 2 511 postes et du succès du concours exceptionnel pour la Seine-Saint-Denis, il constate que 25 400 élèves supplémentaires sont attendus à la rentrée et que seules 464 classes supplémentaires seront ouvertes. Il rappelle que plus de la moitié des classes de maternelle comptent plus de 25 élèves, et que n'ont été créés à ce jour que 9 000 postes, sur les 20 000 attendus pour le premier degré d'ici 2017. "Il faudra passer à la cadence supérieure pour tenir l'objectif."
En ce qui concerne la situation des directeurs d'école, "le compte n'y est pas" non plus. Le ministère avait promis que seraient mis en place des protocoles académiques de simplification des tâches administratives. "Mais la semaine dernière, aucun de ces protocoles n'était en ligne et nous savons déjà qu'il n'y en aura pas dans plusieurs académies, dont Lille, Amiens, Reims, Bordeaux... Nous appelons les directeurs d'école à se consacrer aux relations avec les familles et avec les élèves, et pour les sollicitations administratives, ils répondront quand ils auront le temps."
Autre point noir, les salaires. Le SNUIPP réclame l'alignement de l'ISAE (indemnité de suivi et d'accompagnement des élèves) sur l'ISOE (indemnité de suivi et d'orientation des élèves) de leurs collègues du second degré, ce qui représenterait environ 500 millions pour une augmentation de 800 € de cette prime annuelle. Il demande aussi qu'un groupe de travail soit ouvert sur les obligations de service des enseignants, et que l'heure d'APC (activités pédagogiques complémentaires) soit réservée au travail en équipe.
Peu interrogé sur les rythmes scolaires, le secrétaire général du SNUIPP évoque "l'amertume des enseignants", même si, dans certaines communes, cette réforme est réussie.