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Alain Juppé : Ceci n'est pas un programme pour la réforme de l'Education nationale

Paru dans Scolaire le dimanche 23 août 2015.

Alain Juppé publie "Mes chemins pour l'école", et il prévient, "ce livre n'est pas un programme de gouvernement", mais une invitation "à débattre". Candidat à l'élection présidentielle de 2017, il ne croit pas "à une grand soir de l'éducation", même si "le fait de refuser la rupture ne signifie pas l'immobilisme", et si, pour le maire de Bordeaux, "une profonde adaptation s'impose et vite". Il présente donc "les grands axes de réflexion qu' (il) aimerai(t) partager avec les Français" avant de les traduire "quand le temps viendra", en "actions concrètes". Ce livre correspond donc à la conclusion d'un premier temps de son action, celui de la concertation avec les parents, les enseignants et les experts, via un blog. Puis des comités locaux, mis en place à l'occasion de la primaire, feront remonter au candidat les réactions à ses propositions. Alain Juppé préparera ensuite, "en compagnie de la personne appelée à être ministre de l'Education nationale, trois ou quatre textes qui pourront amorcer le changement du système".

Voici un certain nombre de ces "réflexions".

LA REFORME.

A. Juppé a le sentiment "qu'il y a un consensus sur ce qui ne va pas mais aussi, toutes proportions gardées, sur ce qu'il faudrait faire".

"La réforme de l'éducation nationale est une entreprise qui prendra beaucoup de temps (...) Il faut qu'elle soit préparée, comprise et engagée avec et par ceux qui en sont les acteurs, c'est à dire les enseignants et les parents."

LES FINALITES.

"Je souhaite m'imposer un objectif ambitieux (...) : que 100 % de nos enfants maîtrisent effectivement le socle commun à la fin du collège."

"L'Education est nationale, c'est à dire qu'elle doit transmettre et inculquer à nos enfants le sentiment national que symbolisent l'hymne et le drapeau."

"L'école n'a pas le monopole du savoir : sa mission essentielle est de former le jugement, l'esprit critique - la façon d'apprendre à apprendre, si j'ose dire.

"L'école devrait se montrer plus bienveillante, sans aucun laxisme."

 LA PEDAGOGIE

"La principale critique (adressée par les parents à la réforme des rythmes scolaires) est la fatigue des enfants, notamment les plus petits (...) La seconde est l'inutilité ou la vacuité de certaines activités péri-éducatives", notamment en maternelle où elles n'ont "aucun sens".

"Je ne souhaite pas ici promouvoir (une méthode d'enseignement) plus que l'autre (...) Il revient aux enseignants et à leurs formateurs de construire leurs propres méthodes."

"Le débat entre la méthode syllabique et la méthode globale devrait être clos depuis longtemps ! Les sciences cognitives ont tranché : l'approche syllabique est plus efficace."

"Nos méthodes d'éducation gagneraient à donner plus d'importance à l'expression orale et au travail en groupe (...) Nous devons nous convertir aux intelligences multiples (...) On a du mal à concevoir qu'il puisse exister plusieurs manières différentes d'apprendre."

"Ne négligeons pas les pratiques artistiques et culturelles (...) Nous avons en France des milliers d'artistes, de musiciens, d'acteurs, de restaurateurs, d'archéologues, qui ne demandent qu'à faire partager leur passion. Que l'école ne craigne pas d'aller à leur rencontre !"

"Je suis plutôt séduit par (l'interdisciplinarité) (...) On pourrait donner aux professeurs de collège une formation multidisciplinaire."

"Des expériences de classes sans notes (...) ont fourni des résultats qui ne sont en rien négatifs"

LA LUTTE CONTRE L'ECHEC PRECOCE

"Je préconise le recrutement de locuteurs étudiants dans les crèches (...), la réduction du nombre d'élèves par classe en maternelle et en CP, et, pour les élèves les plus en difficulté, la création de petits groupes spécifiques. Il conviendra aussi d'offrir une formation particulière pour les professeurs qui enseignent en maternelle."

"J'entends aussi mettre en place une évaluation plus régulière des élèves, qui concernera notamment les années précédant l'entrée en 6e. Je ne suis pas favorable au rétablissement d'un examen d'entrée au collège. Mais il me paraît nécessaire, quelques mois avant que les enfants n'y entrent, de procéder à une évaluation qui permette de ménager un véritable sas de remédiation."

LES STRUCTURES

Les écoles primaires auraient le choix entre trois possibilités, "conserver le mode actuel de gestion (...), basculer en EPLE du premier degré ou rejoindre l'école du socle" et être rattachées à un collège.

"Il faut redonner de la responsabilité à ceux qui font vivre les établissements - à commencer par le 'chef d'équipe' à la tête de chaque établissement (...) Je compte proposer aux établissements qui se porteront volontaires la mise en place d'une Conseil éducatif d'établissement" qui accompagnerait le chef d'établissement.

"Le collège commun - je préfère cette expression à celle de collège unique -, fréquenté par tous les jeunes Français, me paraît être une réalité incontournable. A mon sens, l'abroger serait ouvrir la voie à un système ségrégatif (...) Le collège est trop uniforme pour prendre en charge les élèves fragiles (...) La gestion souple de la dotation horaire globale (DHG) c'est à dire globalisée et annualisée est, je crois, la bonne réponse pour mettre fin à un collège qui ne sait pas remédier à ces difficulté (...) Je ne souhaite pas imposer d'un haut (mon projet), mais laisser au conseil d'administration et au conseil éducatif d'établissement le choix entre une gestion classique et une gestion libre et responsable."

"On pourrait envisager une revalorisation de 15 à 20 % pour les enseignants du premier degré par l'augmentation des primes. Ce coût important, évalué entre 1,1 et 1,5 milliard d'euros, pourrait être financé par redéploiement au sein du budget de l'Education nationale (...) Nous devons rechercher des marges de manoeuvre dans le secondaire, par exemple en simplifiant ou en allégeant le système des options."

 LES ENSEIGNANTS

"La passion pour la discipline est importante, mais ce qui rend généralement un enseignant heureux, c'est de voir un enfant s'épanouir."

La consultation des enseignants "rend surtout un jugement unanime sur la formation initiale des enseignants (...) Je n'imaginais pas recueillir sur ce sujet un cri d'alarme aussi retentissant, qui me conduit à en faire une priorité." 

"J'ai compris l'importance stratégique de la formation initiale de nos professeurs, sous ses deux aspects, connaissance de la discipline (en général bien assurée), mais aussi aptitude à transmettre cette connaissance (...), ce que l'on appelle pédagogie."

"Mes Chemins pour l'Ecole", A. Juppé, JC Lattès, 306 p., 12 €

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