La Lettre de ToutEduc n°243
Paru dans La lettre le mercredi 17 décembre 2014.
Transférer et photocopier nuit gravement à la santé ... de la presse *
La Lettre de ToutEduc n°243, du 17 décembre 2014
A LA UNE. La semaine est marquée par la conférence de consensus sur l'évaluation, dont l'analyse (ci-dessous) dit ce qu'on peut attendre, par la publication de nouvelle carte de l'éducation prioritaire et la réforme de l'allocation de moyens, mais aussi par l'affirmation des valeurs en éducation, un rappel bienvenu.
Elle est également marquée aussi par la publication des résultats aux élections professionnelles dans l'enseignement privé, à la PJJ, pour Jeunesse et Sports, et par une décision importante du Conseil d'Etat sur les logements de fonction. Des informations à retrouver ci-dessous, si vous n'avez pas reçu les dépêches en temps réel (après avoir renseigné l'onglet "mes alertes", ici).
VALEURS
François Hollande: l'Ecole est le creuset de l'intégration (lire l'article).
La laïcité n’est pas "une citadelle assiégée" (J-L Bianco, revue des Francas) (lire l'article).
Un "digest" des valeurs de la République telles que les enseignants doivent les faire partager (J-L Auduc) (lire l'article).
EDUCATION PRIORITAIRE
Education prioritaire et réforme de l'allocation des moyens, deux politiques complémentaires pour "faire reculer le déterminisme social" (N. Vallaud-Belkacem) (lire l'article).
Le SNUIPP espérait peser en faveur des écoles qui ne sont pas rattachées à un collège REP (lire l'article).
PEDAGOGIE
Sciences de l'éducation : les chercheurs ne s'adressent pas suffisamment aux acteurs de terrain (dossier de l'IFE) (lire l'article).
La FCPE vante les échanges de savoirs entre lycéens et écoliers (lire l'article).
PERSONNELS
Un mouvement de recteurs au Conseil des ministres (Aix-Marseille, Amiens, Guadeloupe, Besançon) (lire l'article).
Elections professionnelles : les résultats pour la PJJ (Protection judiciaire de la Jeunesse) (lire l'article); Enseignement privé : la FEP-CFDT en tête (Education nationale et enseignement agricole) (lire l'article); Jeunesse et sports : succès de l'UNSA (lire l'article).
Logement de fonction : c'est la collectivité territoriale qui décide (Conseil d'Etat) (lire l'article).
Le SNALC lance la bataille de la rentrée 2015 (lire l'article).
Crowdfunding : en maternelle aussi (lire l'article).
ELEVES
Handicap : les mesures annoncées par le président de la République (dans le champ de l'éducation) (lire l'article).
Délégué national à la vie lycéenne : Ali Rabeh remplace Saïd Benmouffok (lire l'article).
Devoirs à la maison : les élèves de 15 ans y consacrent 5h en moyenne (PISA) (lire l'article).
"Pour étudier, il faut aussi de la lumière" (Revue de la presse des journaux scolaires et lycéens - CLEMI) (lire l'article).
Irak : l'enseignement catholique et l'APEL lancent un appel aux dons pour la construction d'écoles à Erbil (lire l'article).
EVALUATION
Evaluation des élèves : "ne pas mettre en cause le travail des enseignants" (E. Klein) (lire l'article).
Propositions du CSP: les réactions du SNALC, de la PEEP, de la FCPE, de la FSU, du MCLCM, du SNES, du SNEP et du SGEN-CFDT (lire l'article).
TERRITOIRES
Lycées et CFA : Bourgogne et Franche-Comté font un emprunt commun (lire l'article).
L'ANRU opérateur de l'Etat pour les "projets innovants en faveur de la jeunesse" (lire l'article).
JEUNESSE
Mineurs isolés étrangers : une solidarité interdépartementale (rapport d'inspection générale) (lire l'article).
Colloque droits des enfants (Apprentis d' Auteuil) : une situation qui appelle à une plus grande prise de risques de la part des adultes. (lire l'article).
AU JO
Au JO du 9 au 12 déc.: les directeurs d'école, les élèves handicapés, l'enseignement français à l'étranger, les personnels non enseignants, un DAASEN, J & S... (lire l'article).
Au JO des 13 et 14 déc.: Les internats de la réussite, un DASEN, le numérique éducatif, la PJJ, des transferts de crédits (lire l'article).
ANALYSE. La grande conférence de consensus sur l'évaluation ne   proposera pas de supprimer les notes, ni de faire la révolution. Elle a   toutes les chances, diront les mauvaises langues, "d'accoucher d'une   souris". C'est d'ailleurs ce qui est attendu. Par définition, une  "conférence de  consensus" ne tranche pas les noeuds gordiens. Elle  prend acte de ce que  nous apprennent à la fois la littérature  scientifique et les  expérimentations de terrain. En médecine, où la  technique est souvent  employée, ces conférences ne disent pas aux  praticiens comment ils  doivent soigner leurs patients, mais comment ils doivent ne pas le  faire. En cas de contentieux, le juge pourra se  reporter au texte et  déterminer s'il y a eu faute professionnelle, par  méconnaissance d'une  donnée scientifiquement établie. Or, en matière  d'évaluation des élèves,  il est établi que la notation chiffrée sur 10  ou sur 20 n'est pas la  panacée, et qu'elle présente même un certain  nombre de défauts, mais il  est également établi qu'aucune autre méthode  ne s'impose comme une  évidence. Etienne Klein a raison de dire que les  élèves et les familles  trouveront toujours moyen de traduire en notes  les pastilles de couleur,  les "smileys" ou les lettres.
Même  s'il n'a exprimé  publiquement, vendredi dernier, qu'un avis personnel,  le jury ne devant  tirer les leçons de la conférence que le lendemain,  et ce texte n'étant  pas destiné à être publié avant la mi-janvier, le  spécialiste des quarks et autres particules  a sans doute résumé d'une  formule un sentiment que partagent  tous les jurés : "qui sommes-nous  pour donner des leçons aux autres ?" Il ajoute : "Il  n'est pas  question de mettre en cause le travail des enseignants." Il  est  lui-même enseignant, et il met à ses étudiants des notes, dont il  vient  de découvrir le caractère relatif. Il est vraisemblable que la   conférence soulignera la nécessité de distinguer les évaluations   formatives, ces petites interrogations qui accompagnent les   apprentissages et permettent aux élèves de vérifier qu'ils ont bien   compris et appris la leçon de la semaine précédente, les évaluations   sommatives, qui permettent de faire le point périodiquement, et les   évaluations certificatives, comme le brevet et le baccalauréat.   Manifestement, le jury ne pense pas qu'il soit dans son mandat de  bouleverser notre système d'examens terminaux, qui conserveront  leurs  notes.
E. Klein a rappelé que, lorsqu'il était lui-même  élève, il y avait les interrogations écrites,  qui  n'apparaissaient pas sur le bulletin, et la "composition   trimestrielle", un devoir sur table pris très au sérieux. Bref, on   distinguait le formatif et le sommatif, avant mai 68, avant que la  dénonciation du  "couperet" et l'éloge du "contrôle continu" n'amènent à   confondre les deux. Il est peu probable que le jury recommande un  retour  aux années 50-60, mais à coup sûr il appellera à distinguer  entre des  moments de nécessaire bienveillance, ceux des apprentissages,  quand  l'erreur est légitime, nécessaire même, et d'autres qui sont  ceux du  jugement.
Ceux qui poussent actuellement de hauts cris  et  dénoncent la volonté de "casser le thermomètre" ont donc toutes les   chances d'en être pour leurs frais, à moins qu'ils n'en tirent moyen de   se vanter d'avoir "fait reculer les pédagogistes" et d'avoir remporté   une "victoire". L'incertitude ne vient pas de la conférence. Elle vient   d'un mot de Florence Robine. La directrice générale de l'enseignement   scolaire a indiqué que la ministre trancherait en fonction d'un   contexte, la "réforme" de l'évaluation devant s'inscrire dans un   ensemble plus vaste, réforme des programmes, du socle, du collège... Et,   ajoute la DGESCO, elle pourra compter sur "l'intelligence collective  du  ministère". On peut dès lors se poser la question : la souris aura-t-elle le  poil technocratique ? Le livret de compétences sera-t-il maintenu ? Par  nature,  toute administration se défie des instances indépendantes, le  CSP et le  CNESCO en l'occurrence et chacun sait que les relations de  Michel Lussault  (président du CSP) et de Florence Robine ne sont pas au  beau fixe. A  noter que c'est un recteur, ancien directeur   d'administration centrale, qui a assuré l'organisation de la   conférence. 
La ministre aura donc sur sa table, pour trancher et  construire  une nouvelle cohérence  socle-programmes-horaires-évaluation,  toutes les cartes et toutes les  options. Les préconisations  de la conférence de consensus et celles du  CSP seront les plus  visibles. Ce ne seront pas les seules.
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