La Lettre de ToutEduc n°202
Paru dans La lettre le mercredi 05 mars 2014.
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La Lettre de ToutEduc n°201, du 5 mars 2014
A LA UNE. Deux publications scientifiques attirent l'attention. Une revue prépare un numéro sur "le care". Il ne s'agit pas de bienveillance, mais d'une remise en cause des objectifs de toute éducation. Une autre équipe démontre que les parents ne doivent pas tenter d'apprendre à leurs enfants l'alphabet, mieux vaut qu'ils leur lisent des histoires et qu'ils les emmènent au rayon jeunesse de la bibliothèque...
Le syndicat FSU de la protection judiciaire de la Jeunesse réagit au rapport du sénateur Michel, qui estime que le privé associatif peut faire mieux que le public.
L'analyse de la semaine porte sur une décision du Conseil d'Etat qui modifie les rapports entre le ministre et les recteurs.
Des informations à retrouver parmi toutes celles qui ont été publiées depuis le 26 février, à moins que vous ne les ayez reçues "en temps réel" (ici)
LE SYSTEME SCOLAIRE
Le tableau de bord de l'éducation prioritaire montre l'extrême diversité des situations selon les académies (lire l'article).
L'option ISN (Informatique et sciences du numérique) gagne du terrain (lire l'article).
Vincent Peillon propose aux départements un échange : gel des postes dans le 1er degré contre "structuration" du réseau scolaire (lire l'article).
Le ministère estime à 92% le pourcentage des communes qui n'auront pas de difficultés à mettre à place la réforme des rythmes scolaires (lire l'article). Le CNFPT crée de nouvelles formations pour accompagner la réforme (lire l'article).
Rapprocher l’école des parents passe par une politique d’éducation prioritaire "efficace", estime Eric Charbonnier (OCDE) (lire l'article).
"La guerre est déclarée" entre la DGSCO et le cabinet de Vincent Peillon, affirme l'express.fr (lire l'article).
Le Conseil d'Etat modifie les rapports entre le ministre et les recteurs (lire l'article et l'analyse ci-dessous)
Les ministres européens de l'Education s'inquiètent du numérique et de l'efficacité des investissements en éducation (lire l'article).
La société des agrégés critique la mise en place du Conseil national de l'évaluation (lire l'article)
PEDAGOGIE
Le "care", est-ce une autre vision de l'éducation ? s'interroge la revue "Education et socialisation" (lire l'article).
Comment parents et enseignants peuvent-ils aider les enfants de maternelle à réussir leur scolarité à venir ? C'est la question que se pose la revue Enfance (lire l'article).
Numérique : le maire d'Elancourt se flatte d'équiper tous les élèves d'une tablette tactile (lire l'article)
Ecole maternelle : le SNUIPP propose une définition de ses objectifs et invite les enseignants à travailler avec les autres professionnels de l'enfance (lire l'article).
Troubles de l’apprentissage : un "fossé" entre la recherche et le terrain, selon la revue l'ANAE (lire l'article).
JEUNESSE
Le gouvernement veut mettre en cohérence les politiques jeunesse, qu'il voit comme l'autre "pacte de responsabilité" ? (lire l'article).
Accès à l’information des jeunes : "Il faut formaliser les liens entre les associations et les dispositifs d’information" ("Enquête urbaine") (lire l'article).
INSERTION
Les diplômes jeunesse et sports peuvent-ils sortir de leur isolement ? (lire l'article)
Les taux d'emploi des personnes peu diplômées varient considérablement d'une région à une autre, indique la DEPP (lire l'article).
Les politiques régionales d'apprentissage sont diversifiées, affirme une étude du CEREQ (lire l'article).
Missions locales : appel à la grève le 18 mars (lire l'article).
JUSTICE
PJJ: Le rapport du sénateur Michel contient "des constats justes et des propositions contradictoires", réagit le SNPES (lire l'article).
AU JO
Au JO des 27 et 28 février : Le cabinet de V. Fourneyron, le CNESCO, des reports de crédits...(lire l'article).
Au JO du 1er au 5 février : les ESPE, la vie associative, la FOEVEN, le DEJEPS... (lire l'article)
AGENDA (ici)
Le 6 mars, leSGEC organise un petit-déjeuner débat sur les nouveaux enjeux du collège
Le 7 mars, un colloque sur "les adolescents à l'hopital et leur scolarité" (fondation Santé des Etudiants de France)
Le 8 mars, l'éducation à Paris, débat avec les candidats à la municipale
ANALYSE. La décision du Conseil d'Etat, qui annule la nomination de la rectrice de Lyon et le limogeage de son prédécesseur, Roland Debbasch, n'aura aucun effet immédiat. Interrogé par ToutEduc, le ministère assure que Françoise Moulin-Civil reste bien en fonction à Lyon et qu'il "fera le nécessaire pour régulariser la situation", ce dont personne ne doutait. Ce jugement est pourtant lourd de conséquences, surtout si on songe que quelques jours plus tôt, ce même Conseil d'Etat a annulé le décret qui mettait fin aux fonctions de d'Agnès Picot-Grandjean, DASEN (directrice académique des services de l'éducation nationale) du Loir-et-Cher.
Il était jusqu'à présent admis qu'un recteur est en "CDD renouvelable tous les mercredis". C'est ainsi, selon les informations de ToutEduc, que Claude Lambert, nommé en 2000 recteur de Strasbourg, apprend un mardi soir de 2002 qu'il sera "débarqué" le lendemain matin, après une alternance gauche-droite. A l'inverse, après une alternance droite-gauche, en 1989, Didier Linotte apprend par le communiqué du Conseil des ministres qu'il doit quitter le rectorat de Nice. Universitaires, les recteurs occupent un "emploi fonctionnel". Contrairement aux préfets, qui peuvent être mis "hors-cadre" et qui peuvent consulter leur dossier avant toute décision les concernant, ils ne sont pas supposer faire carrière, mais retrouver "leurs chères études". C'est parfois très douloureux, leurs collègues ont mis à profit leur absence pour se partager les séminaires et les cours les plus intéressants, il ne leur reste que les amphis de première année. Leur charge de travail a été telle qu'ils ont souvent négligé de suivre les derniers développements de la science dans leur discipline et ils ne sont pas "au top".
Mais les conditions de recrutement des recteurs ont changé. En 2001, pour pouvoir nommer recteur de Poitiers Jean Ferrier, qui avait été directeur d'administration centrale à l'Education nationale, le "vivier" a été élargi aux titulaires d'un doctorat, même s'ils n'étaient pas enseignants-chercheurs. Il est ensuite encore élargi aux hauts fonctionnaires, et Philippe-Pierre Cabourdin, directeur de la PJJ (protection judiciaire de la Jeunesse) est nommé en 2011 recteur de l'académie de Reims, poste qu'il occupe encore. Le Conseil d'Etat tire-t-il les conséquences de cette "banalisation" du statut des recteurs ? Toujours est-il que le Gouvernement vient de se voir rappeler qu'il ne peut plus les faire "valser" à son gré, même si, comme le rappelle le ministère, il aura toujours les moyens de "régulariser" le fait du prince. Ajoutons qu'il serait très injuste de parler de "valse des recteurs" au cours de cette mandature, la "chasse aux sorcières" en début de mandat ayant été limitée à quelques cas emblématiques (Lyon, Lille et Poitiers, le recteur de Paris ayant démissionné).
Fin janvier, ce même Conseil d'Etat a annulé le décret mettant fin aux fonctions d'une DASEN. La procédure est exceptionnelle, à notre connaissance, elle n'a été utilisée que 3 fois en 15 ans. Mais Agnès Picot-Grandjean, comme Roland Debbasch, n'avait pu consulter son dossier avant que la décision soit prise. Simple rappel des formes à prendre, ou réelle évolution des rapports entre le ministre et les fonctionnaires d'autorité, qui ne seraient plus dans un même lien de subordination ? Evolution du droit administratif, qui, sous l'influence de la jurisprudence européenne, est davantage attentif aux personnes, ou évolution du droit français, qui ne reconnaît plus la spécificité de l'Education nationale, et la ramène dans le droit commun ? Il est trop tôt pour le dire.
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