La Lettre de ToutEduc n°197
Paru dans La lettre le mercredi 29 janvier 2014.
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La Lettre de ToutEduc n°197, du 29 janvier 2014
A LA UNE. Dominique Bertinotti annonce une refonte des diplômes de la petite enfance, pour créer une véritable flière.
Jacques Fijalkow propose aux lecteurs de ToutEduc une réponse à Stanislas Dehaene sur les méthodes de lecture et les pratiques effectives des enseignants de CP.
Les sciences de l'éducation ont bien d'autres débouchés que l'enseignement, une interview d'André D. Robert
Education & Devenir a consacré son colloque au thème de la confiance dans l'éducation. Elle n'est pas au rendez-vous si l'on en juge par les polémiques sur la "théorie du genre".
Des informations à retrouver ci-dessous, mais que vous avez pu recevoir "en temps réel", au fur et à mesure de leur publication (en allant sur la page d'accueil, espace abonnés, onglet "mes alertes")
LE SYSTEME SCOLAIRE
La première de ses priorités pour 2014 sera le suivi de la mise en oeuvre des réformes lancées en 2013, déclare Vincent Peillon lors de ses voeux à la presse (lire l'article).
Le CNESCO revendique une "nouvelle posture face à l'évaluation" du système scolaire (lire l'article).
Postes de professeurs des écoles et effectifs départementaux : le SNUIPP publie la carte (lire l'article).
La licence en sciences de l'éducation, dont l'université de Nantes a envisagé la suppression, a bien d'autres débouchés que l'enseignement (André D. Robert) (lire l'article).
Les chefs d’établissement du privé sont "des managers et des pédagogues", déclare à ToutEduc le vice-président du SNCEEL (lire l'article).
La confiance est nécessaire "à l'égard des élèves", "entre les adultes", "entre l'école et son environnement", estime Vincent Peillon qui a ouvert avec une vidéo, le colloque d'Education & Devenir (lire l'article). L'association publie une sélection des textes qui ont jalonné son histoire et nous aident à nous repérer dans les débats actuels (lire l'article).
PETITE ENFANCE
D. Bertinotti dessine une filière des métiers de la petite enfance lors de la journée d'études de l'UNCCAS. (lire l'article)
LA SITUATION DE L'ENSEIGNEMENT DANS LE MONDE
Le rapport de suivi de l'Education pour tous dénonce des progrès trop lents (lire l'article)
Le rapport donne à tous les pays des lignes directrices pour la formation des enseignants (lire l'article)
LA POLEMIQUE SUR LA THEORIE DU GENRE
Strasbourg réagit à "la journée de retrait de l'école" contre "la théorie du genre" qui "n'existe pas" (lire l'article)
Vincent Peillon veut rassurer les parents. Plusieurs syndicats dénoncent des groupes extrémistes (lire l'article)
FORMATION - ORIENTATION - INSERTION
CFA, orientation scolaire et lutte contre le décrochage dans le projet de loi "formation professionnelle" (lire l'article)
REFORME DES RYTHMES - EDUCATION ARTISTIQUE ET CULTURELLE
La fondation Total apporte 4 millions d'euros à l'éducation artistique et culturelle (lire l'article).
Deux nouvelles formes de soutien aux communes qui appliquent la réforme des rythmes scolaires (lire l'article).
"Si ce n'est pas une concertation, je ne sais pas ce que c'est !" Françoise Fellmann (Besançon) fait face avec verve aux critiques d'un collectif de parents (lire l'article).
Le SNUIPP (syndicat FSU du premier degré) milite pour un cadre général de 4 jours et demi (et non pas neuf demi-journées), ce qui permettrait par exemple 5 matinées et 3 après midi de classe, la 4ème après-midi étant consacrée à des "parcours". (lire l'article)
PEDAGOGIE - ELEVES - PARENTS
George Pau-Langevin s’est rendue avec des collégiens sous l’arche de l’Arc de triomphe à Paris, hier 27 janvier, date anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz et Journée de la mémoire des génocides (lire l'article).
Méthodes de lecture : la réalité n'a rien à voir avec ce qu'on imagine au Collège de France (Une tribune de Jacques Fijalkow) (lire l'article).
Un projet pédagogique est une dynamique "où la configuration des données ne dicte pas la solution" estime Philippe Perrenoud (université de Genève) dans un dossier des Cahiers pédagogiques (lire l'article).
Quelles vidéos pour la formation des enseignants ? C'est l'une des questions posées à la deuxième conférence de consensus/dissensus de la Chaire UNESCO "Former les enseignants au XXIe siècle" (lire l'article).
Le SNALC (syndicat FGAF des lycées et collèges) milite pour la ratification de la "charte des langues régionales" qui "ne met aucunement en danger l'unité de la France" (lire l'article).
Académie de Toulouse : des lycéens entraînés à plaider et sensibilisés aux métiers du droit (lire l'article).
La Région Rhône-Alpes a lancé mardi 21 janvier une expérimentation au service des enfants malades : un robot, en classe, pourrait leur permettre de suivre les cours à distance (lire l'article).
"La formation doit travailler sur la relation parents/école. Tout est à construire", déclare Sébastien Sihr, secrétaire général SNUIPP, auditionné par la mission d’information sur les relations entre l’école et les parents à l’Assemblée nationale. (lire l'article)
ECRANS
Le prix des internautes du 9ème festival du film d'éducation a été décerné au film brésilien "Les Semences de notre cour", un documentaire sur une école "pas comme les autres" à Sao Paulo. (lire l'article).
"Il est tout à fait anormal que l’exposition des mineurs aux images pornographiques soit beaucoup plus élevée en France qu’en Allemagne (20% vs 4%)" constate "Enjeux e-médias" dans sa contribution au "groupe de travail interministériel" sur la cybercriminalité (lire l'article).
TERRITOIRES - EDUCATION PRIORITAIRE
15 nouvelles villes décrochent le label "amies des enfants" de l'UNICEF (lire l'article)
Le plan de "refondation" de l’éducation prioritaire présenté par Vincent Peillon "contient des mesures positives mais de nombreuses questions restent aujourd’hui sans réponse", estime la FAEN (fédération autonome de l'Education nationale). (lire l'article)
"C’est le 'grand plan de formation continue et d’accompagnement pour l’éducation prioritaire' qui constitue le défi du plan annoncé" par Vincent Peillon pour la refondation de l’éducation prioritaire, estime l'équipe du Centre Alain Savary (Institut français de l'éducation). (lire l'article)
AU JO
Au JO des 23 et 24 janvier : le calendrier scolaire, les associations complémentaires, la PJJ ... (lire l'article)
Au JO du 25 au 28 janvier : l'évaluation du système scolaire, l'inspection (Education nationale, J&S), la PJJ (lire l'article)
A L'AGENDA
Le 1er février, Deuxième journée des projets innovants organisée par la FESPI
Le 4 février, remise des prix "La main à la pâte" (académie des sciences)
Le 4 février, politiques européennes des langues et priorités nationales
Le 12 février, "Les jeunes et l’engagement politique" (à la veille des municipales)
Le 19 février, Remise du label "Villes internet"
Le 25 mars, Troisième conférence de consensus / dissensus "S’épanouir dans le métier enseignant".
Les 15 et 16 mai, "Enfance, Ecole et religion" (colloque universitaire
A noter dans les jours à venir
Le 29 janvier, Santé et conditions de travail des enseignants
Le 29 janvier, "Le fonctionnement d’un réseau de réussite scolaire"
Du 29 au 31 janvier De l'école au musée, quelles conceptions des savoirs, quels modes de transmission ?
Les 30 et 31 janvier, Les compétences non académiques dans les parcours scolaires et professionnels
Le 31 janvier "A l'ère du virtuel, Quel réel pour l'enfant ?" (colloque de l'Ecole des parents)
ANALYSE. Vincent Peillon annonce, parmi ses priorités pour 2014, "l'engagement de l'Education nationale dans la défense des valeurs", ce qu'il illustre en allant à Dieulefit, ce village de la Drôme qui fut cité parmi les "justes", et en rendant hommage aux enseignants qui s'engagèrent dans le maquis du Vercors. Mais quelles sont les valeurs de notre système éducatif ? Plusieurs évènements récents amènent à s'interroger, sans compter les appels, très minoritaires et non significatifs, à protester contre "la théorie du genre".
Le ministre a installé hier le Conseil national de l'évaluation du système scolaire. On peut se féliciter de la création d'une instance indépendante, et souligner la nécessité d'un regard critique sur notre Ecole. Mais on peut noter aussi que, dans le monde entier, les systèmes scolaires sont soumis à la fièvre évaluative et que le programme PISA est devenu une pierre de touche indiscutable. Or PISA mesure les performances cognitives d'un élève à 15 ans, pas ses valeurs. Il faut bien évidemment prendre au sérieux les avertissements qu'il nous délivre. Mais il faut aussi prendre garde de ne pas tout miser sur les tests, de ne voir que les acquis en termes de connaissances et de compétences, au risque d'oublier la formation du citoyen.
Stanislas Dehaene a relancé le débat sur "les méthodes de lecture". Il ne nous appartient pas de juger de la pertinence de ses arguments, ni de celles des réponses que lui ont apportées Roland Goigoux et Jacques Fijalkow (sur ToutEduc). Mais là encore, on peut s'interroger. La querelle doit-elle être tranchée uniquement en termes d'efficience, de cognition, ou doit-on prendre en compte les valeurs que véhiculent les différentes formes d'enseignement ? Certains partisans du "b-a ba" ne connaissent rien aux questions d'apprentissage, mais sont séduits par son caractère autoritaire, le "b - a font ba" et le "b - a - i font bè" parce que "c'est comme ça", tandis que d'autres, qui n'ont pas davantage d'arguments didactiques à faire valoir, apprécient que les enfants construisent eux-mêmes leur savoir... Le débat technique masque un autre débat, implicite, sur les valeurs que recèle toute instruction, et toute forme pédagogique.
Il en va de même de cet étonnant consensus contre le décrochage. Bien évidemment, tout doit être fait pour donner à tous les jeunes de ce pays les moyens de prendre toute leur place dans la société, au premier rang desquels figurent les diplômes. Mais la construction de cette vaste catégorie des "décrocheurs" pose question. S'y trouvent confondus des jeunes sortis de l'école sans même un CAP, et qui "tiennent les murs" quand ils ne participent pas à l'économie souterraine, et d'autres qui ont une qualification (même s'ils n'ont pas le diplôme), un emploi et la possibilité d'obtenir un CQP (certificat de qualification professionnelle), une forme de diplôme non reconnue par l'Education nationale, mais par les branches professionnelles. Les statisticiens interrogés expliquent qu'ils ne savent pas distinguer les parcours individuels. Certes. Mais pourquoi les politiques les mettent-ils tous "dans le même sac" ? Veulent-ils construire des programmes de lutte indifférenciés, ou veulent-ils au contraire se mettre à l'écoute de chacun, accepter qu'un jeune fasse un détour, construise lui-même son destin ? Dans les pays scandinaves, il est admis que certains s'arrêtent, reviennent et passent l'équivalent du bac à 25 ans ! Y sommes-nous prêts ? L'Education nationale peut-elle admettre la diversité des talents ainsi que des formes de reconnaissance de ces talents, même si, répétons-le, ses diplômes en sont, sans conteste, la plus satisfaisante ... et la mieux reconnue sur le marché du travail ? De quelles valeurs la croisade contre le décrochage est-elle porteuse ?
Le 13 juin dernier, V. Peillon signait avec l'ESPER (qui regroupe une quarantaine d'organisations de l'économie sociale agissant dans le champ de l'école) un "accord-cadre de coopération". Il nous disait à cette occasion (ici) que les valeurs de l'économie sociale et solidaire sont précisément celles que doit développer notre système scolaire pour construire une école du projet et de la coopération, une école bienveillante. Le ministre de l'Education nationale a encore évoqué, lors de ses voeux à la presse, son combat en faveur du bien-être des élèves et des personnels. Mais les valeurs qui sous-tendent cet idéal sont-elles celles de l'école telle qu'elle est, telle que les évaluations internationales tend à la faire évoluer, telle que la lutte contre le décrochage la modèle ? Le consensus sur les "valeurs républicaines" ne masque-t-il pas des contradictions et des impensés ?
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